Un reset ! Voilà ce qu'a vécu Vincent Pajot ! Heureusement, il se souvient encore des règles du football et de l'équipe pour laquelle il évolue... Il revient ce matin dans l'Equipe sur cette blessure (dont il ne se souvient pas !), sa convalescence et sa reprise...
"Il me reste des images dans le vestiaire avant le match et quand je parle au médecin à l’hôpital. Le reste, c’est black-out total. Je pensais que ça reviendrait avec le temps. Mais non. C’est radié de ma mémoire. J'ai revu les images pour moi et pour Saint-Ruf. Pour le rassurer. On s’est retrouvés tous deux dans une situation délicate. Mais elle est plus compliquée pour lui. Moi, je l’ai subie. Lui, il en est responsable. De plus, il est défenseur et aura d’autres duels à livrer. Il se sentira vraiment rassuré en me revoyant sur un terrain, en pleine possession de mes moyens. Il m’a téléphoné dès le lendemain. J’ai aimé sa démarche. Il a été sincère avec moi. J’ai vite compris que son geste était plus maladroit qu’autre chose. Quant à sa sanction, il est logique qu’il en reçoive une. Mais quatre matches de suspension, je trouve ça un peu sévère.
Je n'ai pas eu d'appréhension en retrouvant l'entraînement car j’ai la chance de ne me souvenir de rien. Il n’y a donc pas eu d’inquiétude à ce niveau. Le lendemain, j’ étais encore étourdi. Après, j’ai connu deux, trois jours de galère pour récupérer. C’était bien pour les efforts du quotidien. Pas pour le reste. Par exemple, j’ai eu du mal à effectuer les premiers footings alors que courir vingt minutes, c’est quelque chose d’anodin pour un footballeur. C’était spécial, bizarre, car je ne revenais pas d’une blessure physique mais psychologique. En fait, c’est comme si mon corps avait buggé. J’ai subi un “reset ”du corps.Et puis, il est reparti d’un coup. Je ne saurais l’expliquer.
Mon entourage a été choqué. J’ai encore vu un neuropsychologue jeudi pour vérifier si mon comportement, mon sommeil et mes humeurs avaient changé. Le staff médical du club a été top. Il m’a aussi fait passer un scanner du cerveau, des cervicales... Pas de séquelles. Tout est nickel. Mais c’est vrai que cela va m’apporter plus de recul.
C’est si agréable de se déplacer dans des pays pour y affronter d’autres équipes qu’on n’est jamais rassasiés d’Europe. Nos concurrents sont armés. Mais on ne se sent pas largués par Bordeaux et Marseille. Et on a la chance de pouvoir les jouer. C’est là, dans ces confrontations directes, qu’on verra si on peut espérer l’Europe ou pas. Jouons libérés. C’est souvent comme ça qu’on est performants. Le match de ce soir en dira plus sur notre fin de saison."