Jour de derby. Dans le match de ce soir réside la possibilité de transformer une saison manquée (ce n’est pas rien de le dire) en une saison « compliquée mais avec des bons moments », « sauvée par les derbys » ou encore « pas si mauvaise par certains aspects ». Je vous laisse choisir votre formule.

 

A les entendre, à les lire, ils savent très bien ce que représente pour nous ce match si particulier.

« On connaît l’importance d’une telle rencontre pour nos supporters mais aussi pour les joueurs. Certains sont formés au club et c'est forcément quelque chose de particulier pour eux. » Claude Puel.

Nous avons connu trop de désillusions cette saison pour que les joueurs alignés ce soir passent à côté de ce match-là. Nous ne pardonnerons pas l’à peu près, l’approximation et encore moins la résignation. L’envie de bien faire doit entrainer la justesse, la certitude.
Ne reste qu’à espérer qu’effectivement nos joueurs, formés au club ou pas (9 joueurs du groupe choisi par Puel viennent du centre de formation), entrent sur le terrain en pleine connaissance de cause. Pas question de jouer petits-bras ni d’être tétanisé par l’enjeu, ça ne serait pas le bon soir. Nous connaissons notre niveau depuis plusieurs mois. Nous ne sommes plus dupes. Mais si nous saurons pardonner à des guerriers, je nous imagine bien moins indulgent face à des victimes.
Nous savons que la seule issue positive imaginable passe par le combat et l’ambition de tout donner pour ses couleurs, pour le peuple vert. Il n’y a que comme ça que nous obtiendrons un résultat dans ce derby retour. Il n’y a que comme ça que, quel qu’il soit, le résultat restera acceptable.

« C’est évidemment un match particulier pour le club et les supporters. On devra le jouer avec notre tête et notre cœur. » Yohan Cabaye.

Si je peux me permettre de rajouter quelques organes Yohan (c’est mon petit côté « anatomie 2000 »), j’évoquerais volontiers les tripes et les couilles.

 

La causerie du coach

Bon les gars, asseyez-vous. Avant toute chose, je voudrais vous dire qu’un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne. Et donc… Mais ? Mais qui êtes-vous ?

- Moi, c’est Julien, enchanté. C’est moi qui mets des mots dans votre bouche depuis quelques mois, chaque jour de match, avec plus ou moins de réussite…

Non mais d’accord mais je vais vous demandez de sortir là, j’allais commencer ma causerie.

- Non, Claude, laissez, vraiment, je vais le faire. Je vous assure que c’est mieux comme ça. Vous pouvez vous asseoir. Voilà, merci.

Messieurs bonsoir.
Comme je le disais à Claude, je m’appelle Julien. On ne se connait pas et pour cause, je ne suis rien, je n’ai pas la moindre importance dans l’organigramme du club. Je suis juste ce qu’est devenu un petit garçon qui découvrait Geoffroy Guichard avec son grand-père un soir de mars 1987. Beaucoup ici n’étaient pas nés.

Un peu plus tard, c’est moi aussi qui gâchais mon adolescence à écouter les matchs de vos aînés à la radio tous les samedi soirs dans ma chambre plutôt que d’aller draguer la gueuse. Et puis c’était moi un peu plus tard encore, en soirée, qui prétextais une envie de pisser toutes les 10 minutes pour suivre l'évolution du score en cachette sur mon téléphone en me promettant de ne plus sortir les soirs de match.

Trente ans plus tard, c’est encore moi qui passe pour un demeuré devant mes propres enfants parce que sur mon canapé je hurle, j’enrage ou j’explose de joie. Passée l’incompréhension, mes enfants (et ma compagne) savent désormais qu’il vaut mieux me laisser seul pendant les matchs.

Depuis 1987 messieurs, je vibre pour l’AS Saint-Etienne. Comme beaucoup d’autres, je suis heureux quand le club va bien et malheureux lorsqu’il va mal. Je n’ai pas toujours considéré cela comme un cadeau mais au fond de moi je sais que c’est une fierté et que je n’échangerais ces moments-là contre rien au monde. Ces larmes, de tristesse ou de joie, elles sont à moi, elles m’accompagnent.

Je ne suis pas le mieux placé pour évoquer la rivalité qui est en jeu ce soir parce que je n’ai même pas l’honneur d’être stéphanois. J’aurais adoré ça. J’aurais adoré que des supporters lyonnais pensent m’insulter en écrivant que «  Les Gones inventaient le cinéma… pendant que vos pères crevaient dans les mines  ». J’ai été projectionniste pendant 15 ans, c’est vous dire si j’aime le cinéma. Mais la fierté d’être issu du monde ouvrier… Comment ont-ils pu viser si mal ?

En m’invitant dans votre vestiaire, j’avais en tête de trouver des mots pour vous motiver, j’avais écrit des choses que je pensais vous lire… Et puis je suis tombé sur le tweet d’un chouette supporter, un certain « fran6 L’ulcère » (@lulcere). Il a fait une vidéo plutôt marrante dans laquelle il a inséré une musique de cirque sur les images du show que l’OL à organisé avant son match de mercredi contre la Juve. Parmi les réactions des supporters lyonnais il y avait des mots forts, insultants.
Je vais simplement, en les citant, sans rien inventer, sans rien rajouter, vous décrire ce que sont les stéphanois aux yeux de beaucoup de supporters lyonnais.
Messieurs, ce soir, je vais vous demander de donner tout ce que vous avez de force, de courage, d’envie et d’honneur parce qu’en entrant sur le terrain vous allez défendre les couleurs de « ploucs, consanguins, diarrhée verte, vermines, porteurs de la peste, clochards, chiens verts… »

Ce soir encore, il sera question de fierté.
Allez messieurs, allez les Verts !


Crédit photo : Icon sport.