Xavier Thuilot, arrivé dans les bagages de Claude Puel en octobre 2019, est désormais en poste à Angers. L'ancien directeur général de l'ASSE livre sur le site Poteaux Carrés sa version de sa période stéphanoise et salue au passage l'action de son ami Claude Puel. Extraits.
" Cela fait 20 ans que je suis dans le foot et ça confirme que quand on n'est pas bien, ça ne tourne pas en votre faveur ! Les éléments se déchaînent contre vous. En 20 ans, je n'ai jamais été dans un club qui performait sportivement quand il y avait des soucis en parallèle. Le sportif professionnel est quelqu'un de perméable à chaque petit problème, à un environnement instable. Quand vous êtes dans un moment comme ça, l'instabilité crée un manque de sérénité et vous avez l'impression que tout s'acharne. Or, c'est souvent en amont qu'il faut chercher les raisons de cette situation.
J'ai toujours travaillé avec beaucoup de sincérité, de loyauté envers les clubs qui m'ont employés. C'était le cas à Saint-Etienne, même si ça s'est terminé parce qu'il y a eu volonté de mettre fin à l'histoire commune. Mais je n'ai pas d'amertume. Je n'en ai jamais eu même lorsque ça s'est mal fini comme avec Lille par exemple. Je n'ai pas d'appréhension à revenir en tout cas !
Mon départ de l'ASSE ? Quand on fait le constat que nos chemins doivent se séparer avec les actionnaires du club, il faut partir ! Il n'y a pas 36 solutions. On ne peut pas cohabiter avec deux projets différents quel que soit le club. A partir du moment où on considère que ma vision des choses n'est pas la meilleure solution pour le club, alors il vaut mieux s'entendre pour un départ. On ne peut pas avoir le sentiment de défendre le club contre le gré des propriétaires.
Certains diront "oui, mais c'est Claude Puel qui l'a imposé à Saint-Etienne", mais attendez on parle de quoi ? On n'impose rien à un propriétaire ! C'est lui qui signe en bas de la feuille.
C'est un fait reconnu que Bernard et Roland n'ont pas la même personnalité. Quand on s'associe en affaires, il n'y a jamais de jumeaux, ça n'existe pas. Le fond du problème n'est pas là. Il y a des entreprises dirigées par des gens qui ne sont pas majoritaires et ça se passe très bien. Le majoritaire laisse faire le minoritaire parce qu'il a les compétences. Ce n'est pas qu'une question de rapport de forces. La bonne gestion est une question de compétence ! Le reste, c'est de la littérature ... le côté émotionnel, "je t'aime moi non plus", ça alimente les médias parce que c'est du football ! Mais ça n'existe pas au quotidien. Je ne dis pas que ça n'a pas d'influence mais les décisions finales ne sont pas basées sur ça !
Quand on arrive avec Claude Puel, nous récupérons une situation sportive difficile. Les situations sportives, financières et juridiques sont de toute façon liées. On récupère donc un club où il y a pas mal de cailloux dans la chaussure tant dans le domaine sportif, que juridique, que financier.
C'est très compliqué dans ces conditions d'être performant. Et je tiens à le dire, pas seulement parce que c'est mon ami, mais sans Claude Puel ça irait bien plus mal ! Aujourd'hui, se sortir d'une situation comme celle-ci où tu ne peux pas investir dans 4 mercatos de suite, c'est un exploit qui ne sera jamais reconnu à sa juste valeur ! La réalité c'est que sans quelqu'un de la trempe de Claude et son expérience de ce genre de situation, le club serait peut-être déjà descendu en L2 ou bien pire. A mes yeux, son remplacement n'aurait pas de sens. La plupart des techniciens que je côtoie ou que j'ai côtoyés vous diront que ce qu'il se passe à Saint-Etienne relève du miracle ! Même si Sainté est 20eme ! Résister à cette pression, construire avec ces scénarios contraires, ce vent de face permanent ... il n'y a que quelqu'un comme Claude ! "