Le marché des transferts est toujours prétexte aux rumeurs les plus folles, aux rêves les plus impossibles mais aussi aux espoirs rapidement déçus et aux départs vécus comme autant de coups durs ou de trahisons. Alors que le mercato d’été en France a déjà débuté, tandis qu’il ne commencera que le 1er juillet dans les autres grands championnats européens, il est déjà plus que temps pour les Verts et la nouvelle équipe dirigeante de scruter le marché à la recherche de la perle rare. Par le passé, Saint-Etienne a déjà réalisé de belles opérations, que ce soit grâce à des gros noms acceptant le défi stéphanois ou à des coups de poker qui se sont révélés payants. Petit retour sur ces bonnes affaires de l’ASSE au cours des différents mercatos d’été de ces deux dernières décennies.

Le début de la tradition des gardiens stéphanois

En remontant un peu plus loin que 1999, on retrouve trace d’un premier bon coup de Saint-Etienne dans l’histoire récente en 1997, avec l’arrivée de Jérôme Alonzo. Si celui-ci n’est resté que quatre ans dans le Forez et qu’il a peu à peu perdu sa place de titulaire, il aura surtout été le précurseur des gardiens emblématiques à garder les buts des Verts au troisième millénaire. Après lui se seront succédés seulement deux gardiens devenus depuis deux légendes, Jérémie Janot, qui vient d’annoncer son retour à Valenciennes, et Stéphane Ruffier. Avec Alonzo, ils forment un trio qui aura marqué les fans des Verts aussi bien par leur style dans les cages qu’en dehors de celles-ci. Arrivé de Marseille, Alonzo rejoindra le PSG en 2001 où il alternera le pire et le meilleur. Aujourd’hui retraité et consultant pour France Télévisions, il a aussi appris à maîtriser les règles du poker, une passion pour le Texas Hold’em qu’il partage avec de nombreux autres footballeurs qui ont trouvé dans le poker un moyen de rester dans une compétition sportive sans mettre leur corps vieillissant en danger.

Un petit gabarit à la grande réputation

2004 marque l’arrivée d’un autre joueur à avoir fasciné les jeunes générations de supporters stéphanois en la personne de Pascal Feindouno. Alors qu’il évolue à un très haut niveau à Bordeaux, marquant notamment le but du titre en 1999, il choisit de quitter le club car les résultats des Girondins ne suivent plus. La présence d’Elie Baup à Saint-Etienne le convainc de venir dans la Loire, et le résultat sera magnifique. Auteur de 36 buts en 150 matchs sous le maillot stéphanois, Feindouno sera aussi adulé pour sa personnalité souriante et ses dribbles sur le terrain aussi efficaces que des bluffs au poker. C’est avec tristesse que les fans apprendront son départ pour le Qatar en 2008.

Un duo international

L’année 2007 marquera peut-être le recrutement du plus beau duo de joueurs à avoir jamais porté le maillot de l’ASSE, puisque l’un est champion du monde et l’autre finaliste du dernier Euro. En effet, arrivés respectivement de Troyes et de Nantes, et avec déjà une sérieuse réputation de joueurs talentueux, les noms de Blaise Matuidi et de Dimitri Payet feront partie de l’histoire flamboyante de Saint-Etienne au cours des années qui suivront. Par son volume de jeu et ses qualités de récupération, Blaise Matuidi sera peut-être le meilleur joueur de foot Français à avoir porté le maillot Vert au cours des 20 dernières années. Moins régulier mais plus décisif, Dimitri Payet sera à jamais reconnu comme le joueur ayant inscrit le coup franc de la victoire lors du centième derby face à Lyon.

Un cru inégalable

Mais s’il est un mercato qui aura à jamais changé l’histoire du club, grâce à plusieurs coups de poker réussis, c’est très certainement celui de l’été 2011, pourtant synonyme de départ du duo Matuidi-Payet. Pour le premier mercato avec Christophe Galtier comme entraîneur principal, le club verra débarquer 5 joueurs ayant marqué l’histoire du club : le gardien Stéphane Ruffier, l’attaquant Pierre-Emerick Aubameyang, le créateur Max-Alain Gradel et le duo de récupérateurs Fabien Lemoine et Jérémy Clément. Inutile de préciser à quel point ces joueurs auront été importants dans les années dorées qui suivront, mais leur impact aura été la clef des différentes qualifications successives en Coupe d’Europe.

Photo par Wikimédia/CC BY-SA 3.0 Ruffier, peut-être la meilleure affaire stéphanoise

Deux futures légendes ?

Jamais les années qui suivront ne verront l’arrivée d’un tel groupe de qualité au sein de l’effectif stéphanois, avec plusieurs déceptions à la clé, mais les deux dernières années auront vu l’arrivée de deux joueurs majeurs, même si leur influence sur l’histoire stéphanoise restera grandement déterminée par leurs performances au cours de la saison à venir. En 2017, le prêt de Rémy Cabella en provenance de Marseille a réveillé les ambitions stéphanoises et sa première année aura été couronnée de succès avec 8 buts et 6 passes décisives en 29 matchs dans un rôle de meneur de jeu. Après une partie de poker menteur avec Marseille, celui-ci restera finalement au club pour une deuxième saison moins concluante, peut-être gêné par l’éclosion d’une autre recrue de l’été 2018.

Les Rennais savaient, bien avant les Stéphanois, qu’en voyant leur ancien joueur Wahbi Khazri débarquer chez les Verts, Saint-Etienne venait de réaliser un super coup. Et en effet, Khazri aura été l’auteur de plusieurs performances exceptionnelles, ponctuées par un total de 13 buts et de 6 passes décisives en 32 matchs. Aucun stéphanois n’avait autant marqué en une saison depuis Max-Alain Gradel en 2014-2015. S’il venait à confirmer les espoirs placés en lui cette année en championnat et en Coupe d’Europe, Khazri rejoindrait définitivement la liste des recrues estivales à avoir changé l’Histoire du club. En espérant que l’ASSE réussisse un ou deux autres coups de poker cet été en recrutant des joueurs qui feront de même que ces footballeurs devenus emblèmes des Verts.