Jean-Michel Larqué, ancien joueur et directeur sportif de l'ASSE, raconte quelques anecdotes de Derbies dans Le Parisien paru ce jour. L'occasion de donner son avis sur la rencontre de ce soir et de poser un petit tacle gentil à Raymond Domenech... Comme un jour de Derby quoi !
"Les joueurs se côtoient moins qu’à mon époque. Et ils se chambrent donc peu. Moi, je croisais des Lyonnais en équipe de France. Même quand Lyon n’était pas très fort, il y avait Di Nallo, Lacombe ou Chiesa. Ça se titillait un peu. Notez que je suis un cas un peu à part car, quand j’ai commencé à l’ASSE, je faisais en parallèle mes études à la faculté de Lyon. Et jamais ma voiture immatriculée 42 n’a eu de problème ! Une rareté aujourd’hui. En revanche, on s’allumait parfois entre joueurs.
Autant on a dominé Lyon en championnat, autant c’était différent en Coupe de France. En 1967, l’OL s’était imposé en 16 es de finale sur le terrain neutre d’Annecy (2-0). Ce n’était pas mérité. Notre adversaire avait dû passer deux fois le milieu de terrain et notre entraîneur, Jean Snella, avait dit, pour stigmatiser sa tactique frileuse, que Lyon s’était contenté de « jouer la carotte ». Quelques semaines plus tard, à Gerland, les spectateurs lyonnais ont jeté des centaines de carottes sur la pelouse !
C’est compliqué de se chambrer comme avant lors des matchs des pros. Mais chez les jeunes, ça perdure : il y a un mois, pour un ASSE-OL en moins de 17 ans, plus de 1 000 personnes sont venues au stade Aimé-Jacquet à l’Etrat voir les jeunes Verts gagner 1-0. Mille personnes pour un match de gamins ! Où voit-on ça ailleurs en France ? Dans les centres de formation, on reste sensibilisés. Le problème c’est qu’ensuite, ça se transforme en haine dans les tribunes.
Les acteurs des Derbies ont peut-être moins d’humour. Nous, on taquinait. Ça n’empêchait pas les traitements de choc. Le Lyonnais Jean Baeza ne s’est pas gêné devant Patrick Revelli par exemple. Il y avait aussi Raymond Domenech, mais lui, il se dégonflait devant Georges Bereta (rires) ! Tout cela s’entretenait car, dans chaque équipe, on restait au moins dix ans. Aujourd’hui, c’est moins le cas. Mais un derby ASSE - OL reste la plus belle rivalité du championnat. Perdre, c’est l’assurance de subir les moqueries durant des mois. Gagner, c’est la garantie d’avoir le petit sourire en coin.
Le prochain Derby ? Les Lyonnais me font une très bonne impression par rapport aux dernières prestations des Verts. Contre Montpellier, Strasbourg ou Toulouse, j’ai trouvé les Stéphanois très inquiétants. Lyon, même s’il y a des trous d’air dans cette équipe, m’apparaît bien supérieur. Cela peut même faire de gros dégâts dans la défense verte."