Fabien Lemoine livre une interview, ce matin dans L'Equipe, qui tranche avec ce que nous lisons habituellement. Il se confie sans tabou et explique que le vestiaire stéphanois n'est plus tout à fait le même que ce qu'il avait connu en 2013 par exemple, année de la victoire en coupe de la Ligue.

"Il manque du liant, de relation entre les joueurs, car il y a eu beaucoup de nouveaux. Il y a aussi la barrière de la langue. Le jour de l'an ensemble ? Il y avait entraînement le lendemain. Mais on aurait été beaucoup moins nombreux, c’est sûr. Il y a moins d’affinités entre nous. Ça a peut-être mis un coup derrière la tête à beaucoup. On a été si proches et si bien ensemble qu’inconsciemment on n’avait pas envie de se dire que l’époque de la Coupe de la Ligue (victoire en 2013)était terminée. On a commencé un truc en 2011. On a vécu – et ça s’est vu sur le terrain – des années de folie. On déconnait et, une fois à l’échauffement, on se mettait en mode commando. On se sentait forts. 

Le club recrute désormais plus jeune car il y a une valeur marchande derrière. Nous, on savait qu’on n’irait pas à Manchester ou à Arsenal. Notre projet commun consistait donc à réussir un gros truc à Saint-Étienne. Les jeunes sont de bons gars mais leur approche est différente. Ils veulent décrocher un transfert à 40 M€. 

Si je pouvais retourner à l’époque de la Coupe de la Ligue, je signe de suite. J’avais plus de cannes. Je rigole. Il n’existe pas de groupe bien ou pas bien. Sauf que le nôtre était exceptionnel. Il y avait un noyau dur de malades. Nous étions, par exemple, douze à jouer au tarot. Même Alonso et Brandao. Lui, il kiffait. C’est tout dire. Sainté ça a été, c’est des moments inoubliables comme le 3-0 dans le derby (le 30 novembre 2015), la Coupe de la Ligue…

Ce sera dur de gagner le derby (le 5 février) ou de gagner la Coupe de France. Nous, on grandit petit à petit. D’autres, c’est à vitesse grand V. Quand tu as de l’argent, c’est plus facile d’avoir onze phénomènes. On doit vraiment s’appuyer sur nos valeurs et arrêter de se prendre la tête. À trop se dire : ne serait-il pas préférable de jouer comme les grosses équipes ? Et si je rate un ballon, vais-je me prendre 25 000 personnes sur la gueule ? On réfléchit à l’envers. On veut titiller les cinq premiers et ça fait six mois qu’on ne le fait pas. On ne sera pas favoris dans les prochains matches. Il faut dé- brancher les fils, jouer à bloc, avec plus d’initiatives personnelles, et après on verra."