L'ASSE traverse une crise de résultat comme elle n'en n'avait pas vécu depuis celle de 2017, quand Oscar Garcia avait précipitamment démissionné après un cauchemardesque Derby. Julien Sablé lui avait succédé avant de laisser sa place à Jean-Louis Gasset, prié de lancer l'opération maintien. A cette époque, la qualité de l'effectif laissait perplexe et ne manquaient que des hommes à la riche expérience et la carte de visite fournie. Les Verts échoueront aux pieds de l'Europe. Ces meneurs d'hier sont aujourd'hui aux abonnés absents. Pourquoi ?
On peut reprocher beaucoup de choses aux présidents de l'ASSE. Des stratégies de management fondamentalement opposées, une ingérence dans certains cas ou bien au contraire une passivité coupable dans d'autres situations, un manque d'anticipation... Bref, notre institution souffre d'une image brouillée par une communication parfois peu lisible de la part de ses dirigeants. Toutefois, la crise sportive que traverse l'ASSE n'est pas de même nature que celle de 2017. A l'époque, Oscar Garcia en désaccord quasi publique avec Roland Romeyer, avait jeté l'éponge alors que le club pointait dans le top 8. En toile de fond, la succession d'un Christophe Galtier véritable icône dans le club. Oscar Garcia a voulu changer des pratiques, apporter sa vision, mais c'était trop tôt et Garcia ne bénéficiait pas du standing d'un Gasset ou d'un Puel. Difficile de faire passer ses messages. De plus, le coach Espagnol n'a jamais vraiment fait d'effort pour s'intégrer et s'imprégner de la culture stéphanoise. Arrivé avec son staff, il a vécu en vase-clos durant tout son séjour dans le Forez. Les planètes ne se sont jamais alignées et l'entraîneur ibérique s'en est allé, devinant la catastrophe qui s'annonçait. Le pauvre Julien Sablé, dont nous n'avons toujours pas compris pourquoi il n'avait pas refusé ce poste de numéro 1 dans un tel contexte, lui a donc succédé et vivra l'une des périodes les plus sombres de l'histoire du club depuis sa remontée en L1. En 7 rencontres il n'obtiendra que deux nuls pour cinq défaites. L'arrivée de Gasset, d'abord comme numéro 1 bis avant de passer numéro 1, sera le grand tournant de cette saison 2017-18. Les présidents, apeurés par le spectre d'une descente ouvriront grand (mais pas trop !) les cordons de la bourse et arrivèrent Debuchy, Subotic, M'Vila ou encore N'Tep. L'ASSE finira aux portes de l'Europe grâce à une Ruffier retrouvé, un M'Vila impérial, un Subotic solide et un Debuchy vivant une seconde jeunesse.
Aujourd'hui, certains de ces cadres dont la grinta et l'expérience ont sauvé le club il y a 2 ans sont toujours présents. Pourtant, malgré cela, l'ASSE semble incapable de diriger la lance à incendie vers le foyer. Car s'il y a le feu dans la maison Verte, tout n'est pas perdu pour autant ; loin de là même. Où sont donc passés nos cadres ? Où sont ceux qui incarnaient la sérénité, l'expérience, le geste juste, le calme alors que la tempête soufflait fort sur le club ?
Loïc Perrin, icône intouchable de l'ASSE, avait 2 ans de moins en 2018 et était déjà sur une pente descendante. Il est évident qu'à moins d'avoir trouvé un élixir de jouvence, le capitaine des Verts présente aujourd'hui davantage le profil du joueur de rotation que du cadre. Claude Puel l'a bien compris et installe petit à petit à sa place un duo de jeunots qui cumulent à peine à eux deux le dixième des matches joués par Perrin.
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Stéphane Ruffier, on le sait depuis la crise de 2017/18, n'est pas un meneur. Isolé, il a toujours été une individualité à côté de l'équipe. Il ne faut donc pas compter sur lui pour remobiliser les troupes. Même s'il forçait aujourd'hui sa nature, son discours n'aurait pas d'impact. Stéphane Ruffier dépend comme beaucoup de gardiens des hommes qui défendent devant lui. Si aucun but ne lui est imputable face à Brest, il ne joue plus les "Monsieur Plus" qu'il sait être lorsque tout va bien. Sa saison, la plus compliquée depuis son arrivée au club, montre clairement que le portier stéphanois bascule petit à petit vers sa fin de carrière.
Yann M'Vila vécut une véritable renaissance à son arrivée en janvier 2018. Véritable métronome de l'équipe, on pouvait prétendre que quand M'Vila allait, tout allait. Problème, le milieu international s'est vite reposé sur les louanges lancées dans la presse ou par son entraîneur et les supporters. De rouage essentiel, il est devenu titulaire installé avant de basculer dans le statut de sénateur auto-proclamé. De quoi le pousser à jouer les divas au moment où Gasset laisse le doute sur sa prolongation au club en faisant du chantage aux dirigeants, d'abord pour conserver Gasset, ensuite pour nommer Printant. A côté de ses crampons en début de saison, M'Vila n'a pas convaincu Puel qui l'a secoué en le laissant sur le banc. Le milieu le lui a bien rendu en se complaisant dans une guérison à rallonge suite à sa dernière blessure.
Et les autres cadres ? Cabaye n'en est pas un. Homme de devoir et véritable soldat, il n'est clairement pas celui qui fera bouger les choses. Pourtant, son passé joue pour lui et les jeunes auraient tout intérêt à l'écouter. Hamouma est assez effacé dans ce collectif. Son ami Beric est parti et le voilà à nouveau orphelin... et blessé ! Wahbi Khazri possède une grinta incontrôlée (voir incontrôlable), et pourrait être celui qui va réveiller le vestiaire. Problème, le Tunisien est également un joueur qui peut rapidement se disperser dans une rencontre. Pas sûr qu'il faille le laisser endosser ce rôle de leader. Ryad Boudebouz est arrivé pour succéder à Rémy Cabella. Il est à ce jour impossible d'expliquer pourquoi le public, à l'instar de ce qu'il a fait avec Loïs Diony, l'a pris si rapidement en grippe. Ryad Bouebouz possède dans chaque jambe la technique que certains n'arrivent pas à démontrer à 3 ou 4... Geoffroy Guichard l'a pourtant rapidement sifflé. Foncièrement injuste ! La lumière peut venir de ses pieds tout comme de ceux de Loïs Diony. Le buteur n'a jamais craché sur le club et bénéficie pourtant d'un traitement de faveur de la part d'une partie des supporters. Il l'a démontré hier, il faudra compter sur lui. Tout d'abord parce qu'il est l'un des rares avant-centres de l'effectif, ensuite parce qu'il en est tout simplement le meilleur.
A ce jour, seuls Denis Bouanga et Mathieu Debuchy apparaissent comme ceux qui pourraient mener la révolte. Si le premier est jeune et ne dispose pas encore d'une place centrale dans le vestiaire, ses performances sportives lui donnent du crédit. Quant à Mathieu Debuchy, il est l'un des rares à posséder une expérience internationale, un état d'esprit irréprochable et un niveau de performance satisfaisant dans une équipe aux abois.
On le constate aisément, ce vestiaire dans lequel se côtoient de très jeunes joueurs pas encore au niveau de la L1 avec de vieux briscards, pas toujours au niveau des attentes placées en eux, semble ne pas pouvoir s'exprimer à l'unisson. Les nouveaux découvrent et récoltent les semailles plantées sous l'ère Gasset puis Printant. C'est finalement ce manque d'anticipation que l'on pourrait reprocher aux présidents. On pourrait également le reprocher à Jean-Louis Gasset qui avait tout à fait senti le coup. De vieux trentenaires à l'aube de leur retraite sportive et au salaire conséquent allaient-ils être les garants d'un nouveau projet ambitieux pour l'ASSE ? Claude Puel a déjà la réponse et a tenté d'apporter ses solutions dès son arrivée. Seulement voilà, il a voulu poser les premières briques d'un beau projet sans avoir eu le temps de creuser ses propres fondations. Puel est pourtant un excellent architecte et un bâtisseur hors-pair, mais quand on vous donne des planches pour construire un palais...
Crédit photo : Icon Sport