Alors que l'ASSE trône à la 20e place et que Claude Puel semble être sur la sellette, la question de sa responsabilité dans la crise tend à se poser.
Arrivé à l'ASSE le 4 octobre 2019, pour jouer le rôle d'homme fort dans un club en manque de repères. La saison 2018-2019, plus que réussie, sous la gâchette de la doublette Gasset-Printant, s'est terminée à la 4e position du championnat, symbole d'une qualification en Europa League. Gasset, ayant construit un projet court-termiste, laisse la main à Ghislain Printant, qui ne parvient pas à assurer la relève. Le 4 octobre 2019, Printant est démis de ses fonctions et lui succède Claude Puel. L'entraîneur expérimenté veut proposer une vision à long-terme, mettant en avant les jeunes joueurs et la génération dorée Gambardella 2019.
Une scission se crée au sein du vestiaire entre les jeunes protégés par Puel et les "cadres", pour la plupart peu investis dans le projet, mis de côté par le nouvel entraineur. Le petit nuage de l'ère Gasset semble bien loin et le retour sur terre est violent, il faut désormais jouer le maintien. Puel doit faire avec un effectif qu'il n'a pas construit, pas au niveau attendu et en manque de confiance. De plus, le club est dans une situation financière délicate, malgré la vente de William Saliba pour plus de 30 millions d'euros. Gasset a fait venir des briscards aux gros salaires, le club a trop de joueurs professionnels, Puel doit dégraisser.
Une histoire de transferts
Dès son premier mercato (Hivernal 2020), Puel fait un premier ménage, exit Beric, Moukoudi et Sissoko (prêt). Côté arrivées, il a peu de marge de manoeuvre pour remettre le club sur les rails. Maçon, belle surprise, arrive pour une bouchée de pain et Benkhedim signe pro. L'arrêt du championnat arrive à point, causée par la crise sanitaire du COVID-19, l'ASSE se sauve tout juste à la 17e place. Puel arrive tout de même à mener, miraculeusement, son équipe en finale de la Coupe de France (perdue contre le PSG).
Le mercato estival arrive et Puel n'a toujours pas de marge de manœuvre. L'option d'achat obligatoire sur Kolo est la seule dépense autorisée. Puel parvient à convaincre le jeune Aouchiche, en fin de contrat au PSG, seul petit cadeau des dirigeants. L'ancien entraîneur de Nice dégraisse les effectifs et la masse salariale baisse drastiquement. Honorat (5M), Vagner (3M), Tannane, Guendouz, Diony, Mvila, Lacroix, Cabaye, Perrin, Diousse, Palencia, tous partants du club. Vient s'ajouter la vente de Fofana à Leicester (35M), que Puel voulait garder à tout prix, mais pas les dirigeants. L'ASSE vend et dégraise, Puel déniche Neyou et Krasso sans dépenser, il fait passer six jeunes joueurs en contrat professionnel (parmi lesquels Gourna, Moueffek, Sow et Rivera). Une vraie question se pose : comment espérer mieux que la saison dernière avec un effectif réduit et aucun investissement ?
La saison se passe difficilement, Puel doit faire avec un effectif diminué, mais prometteur. Au mercato hivernal, Cissé et Modeste arrivent en prêt. Le premier rassure défensivement et permet à la défense stéphanoise de reprendre confiance. Les verts font une meilleure seconde partie de saison et terminent assez loin de la zone rouge, à la 11e place.
Une histoire écrite d'avance
Pour la saison 2021-2022, les supporters espèrent un retour en puissance des verts et l'arrivée de joueurs pour renforcer l'effectif. Il n'en est rien. L'effectif ne bouge pas, hormis les départs du capitaine Debuchy (fin de contrat) et du vice-capitaine Jessy Moulin (fin de contrat). Le vestiaire perd deux joueurs en fin de course, mais surtout deux leaders, laissant le brassard au jeune Mahdi Camara. Côté arrivées c'est la débandade. Jusqu'à la dernière journée du mercato, l'ASSE est le seul club des 5 grands championnats à n'avoir enregistré aucune arrivée. Ignacio Ramirez arrive finalement en prêt, à la limite du "panic buy", pour renforcer le secteur offensif.
Pour résumer, depuis son arrivée (sans compter l'achat de Kolo déjà acté avant Puel), l'entraîneur de l'ASSE a eu moins de 1M€ de budget pour recruter. En 5 mercato, moins de 1M€, dans une équipe qui était déjà mal en point. Sur cette même période, les ventes de joueurs ont rapporté plus de 45M€.
Gestion et tactique
Côté gestion de groupe, Puel n'est pas exempt de tout reproches. Son rapport avec les "cadres" du groupe s'est très vite dégradé. Mis de côté, pas prolongés, vendus, poussés à la retraite, les joueurs de plus de 30 ans n'ont guerre la côte aux yeux de Puel. Pour les pousser à partir, certains ont même été mis au placard, malgré leurs salaires mirobolants. La gestion des jeunes n'est pas parfaite non-plus. Aouchiche, malgré de bonnes apparitions, n'a jamais su trouver grace aux yeux de Puel, qui le sustente de 15 ou 20 minutes de jeu par match. Gourna semblait prendre en envergure la saison dernière, mais a été relégué sur le banc, derrière un Mahdi Camara indéboulonnable. Ce dernier a été accablé d'un rôle de capitaine, titulaire indiscutable, mais à tout juste 23 ans, c'est surtout un rôle ingrat dans un club en difficulté.
Côté tactique, certains choix posent question. Alors que Saint-Étienne enchaînnait les défaites dans un schéma à trois défenseurs, Puel a attendu cinq matchs avant de changer et repasser en 4-2-3-1. La volonté de créer du jeu est noble, mais Puel sur-estime sûrement les capacités de ses joueurs. Défensivement, l'entraineur ne trouve pas de stabilité tactique. Puel est (trop) dur avec ses joueurs et très investi au bord du terrain. Vu d'en dehors, Puel est froid et ne semble pas fédérateur.
Si Claude Puel n'est pas parfait, il est loin d'être le seul responsable de cette crise à l'ASSE. Alors que son départ semble presque acté, on peut se demander si un autre entraîneur aurait pu et peut faire mieux avec si peu de moyens.