Le Petit Lillois, site incontournable pour tous les supporters du LOSC, a accepté de participer à ce nouveau volet de La Tribune d'en face. Une interview très instructive, surtout s'agissant de l'impression qu'a laissé Claude Puel dans le Nord à nos homologues Lillois... Merci à Joseph pour sa disponibilité !
Présentez nous votre équipe, quels sont les joueurs à suivre ?
On a une équipe qui a, contrairement à ce qu’on entend un peu partout, très peu bougé pour l’instant. Problème : les départs ne sont pas encore tous comblés. Mike Maignan et Luiz Araujo n’ont par exemple toujours pas été remplacés. Ça fait grincer des dents pas mal de supporters. Parmi nos joueurs à suivre, je pense que l’on pourrait dire Xeka, qui revient de blessure et sort d’un très beau trophée des champions. C’est un milieu de terrain très complet, bon défensivement et doté d’une bonne qualité de passe et de vision du jeu. D’autres joueurs doivent se racheter après leurs dernières performances. Je pense notamment à Zeki Celik et Jonathan Bamba. Nul doute qu’ils voudront vite faire mieux, et cet état d’esprit revanchard leur permettra peut-être de briller dans le Chaudron.
Quels sont les points forts et les points faibles de votre équipe ?
C’est difficile à dire, parce qu’on a montré deux visages depuis le début de la saison. Niveau points forts, outre le niveau de l’effectif en lui-même, il y a évidemment le collectif qui nous a mené au titre, qui a du caractère et qui est capable de soulever des montagnes… mais qui peut aussi passer au travers. On découvre en ce début de saison des points faibles très inhabituels, avec une défense aux abois, très loin de la solidité défensive de la saison dernière, et une attaque muette, incapable d’apporter le danger dans le camp adverse.
Votre début de saison est poussif, crois-tu en un accident ou bien est-ce la conséquence de mauvais choix, d'un recrutement raté...?
Le club a fait le choix de miser absolument sur la continuité. C’est un mot qu’on entend à chaque conférence de presse, du coach ou du président. C’est dans cet esprit-là que l’équipe et le staff technique, très important la saison dernière, sont restés les mêmes. On est toujours sur le même système de jeu, le même onze type, le même coaching… L’idée peut paraître bonne, mais avec du recul et au vue des deux derniers matchs, je crois qu’il serait plus raisonnable de trancher avec l’époque Galtier et stopper le mimétisme à outrance. Gourvennec, bien que critiqué à son arrivée, a des idées intéressantes. Il en avait à Guingamp puis à Bordeaux (même s’il s’est fait viré). Je pense qu’il peut vraiment faire des bonnes choses par lui-même parce qu’il a à sa disposition un bel effectif. Le problème, c’est qu’il a été pris dans le but d’être avant tout dans la continuité, et visiblement pas pour imposer sa patte. Pour l’instant, ça ne fonctionne pas. Dans les médias, on entend ici et là que l’ambiance n’est pas bonne au sein du club, entre joueurs sur le départ et changement de cap en termes de projet. Si ça s’avère être vrai, c’est inquiétant pour la suite.
Comment appréhendez vous la saison post champion après le départ du meilleur entraîneur de France ?
Comme je l’ai dit plus haut, on a pour l’instant montré deux visages : celui d’un champion en puissance, contre Paris au Trophée des Champions puis pendant une demi-heure à Metz, et depuis… plus rien ou presque. À Metz, on a un trou d’air, mais on a le mérite de revenir. Face à Nice, ça a été le néant, sur toute la ligne. Je pense qu’il ne faut pas s’emballer, parce que ce n’est qu’un match et c’était piégeux au possible : Galtier connaît tout de nous, nos joueurs l’adorent, puis il y avait le retour du public, qui les a peut-être impressionné. Nos joueurs sortent d’une saison exceptionnelle, ils ont battu un PSG quasi indétrônable ces dernières années, c’est dur de se remettre dedans après ça. Puis avoir ce statut de Champion de France, ce n’est pas évident. On devient l’une des équipes à battre, ce n’était pas toujours le cas les années précédentes.
Les objectifs de votre saison ?
Le club a annoncé vouloir viser le top 5 chaque saison, dès cette année. En Ligue des Champions, il s’agirait enfin de passer les phases de poules. C’est en tout cas un des gros objectifs des supporters. Ça fait plus de quinze ans que ça n’a pas été le cas (à l’époque, Puel entraînait le LOSC). Ce n’est pas normal, pour un club cinq fois sur le podium de Ligue 1 ces dix dernières années, de terminer dernier dans des groupes parfois abordables. Nos joueurs ont désormais joué contre des grands clubs européens ou contre de grandes sélections à l’Euro, il faut qu’ils en sortent endurcis.
Comment juges-tu l’effectif de l’ASSE ?
De l’extérieur, ça semble être un effectif très jeune, mais qui -s’il est bien encadré- pourrait bien à l’avenir devenir une bonne équipe de Ligue 1. De ce côté-là, Puel me semble être le mieux placé pour allier bons résultats avec peu de moyens et progression des jeunes. Du moins, c’est ce qu’il avait réussi à faire à Lille. Votre centre de formation a l’air de faire ses preuves ces dernières années. C’est dommage que des jeunes comme Saliba ou Fofana ne soient pas restés plus longtemps. Mais j’ai l’impression que vous avez quand même quelques bons jeunes, avec Neyou, Youssouf, Nordin, Aouchiche ou encore Green qui a failli nous empêcher d’être champion !
Un résultat dans le Chaudron est-il déjà obligatoire pour le LOSC ?
Il est clair qu’une nouvelle défaite ne passerait pas, peu importe la physionomie du match. On est champion en titre, on doit assumer notre titre, c’est normal que les attentes soient élevées dès le début de saison.
Lui qui y a officié, comment Claude Puel est-il perçu à Lille ? On parle à St-Etienne d'un homme froid, éloigné de son groupe et très autoritaire. Légende ou réalité ?
A Lille, Claude Puel dispose, à mon sens, d’une belle côte. A chaque discussion sur le doublé de 2011, on entend la même chose (à juste titre) : Garcia a récolté le fruit du bon travail de Puel les années précédentes. Outre le fait qu’il ait lancé en pro la plupart des jeunes qui feront le doublé (Hazard, Cabaye, Debuchy, Dumont, Rami, Chedjou), il a aussi su faire avec les moyens du bord. Cette politique peu dépensière a permis au club d’être en très bonne santé financière à l’arrivée de Garcia, et donc de dépenser plus sur le marché des transferts. Résultat, trois ans après son départ, on rafle la coupe et le championnat. Il était réputé pour être dur, rigoureux, c’est vrai. De la à dire qu’il était autoritaire et froid, je ne pense pas. En revanche, il ne semblait pas éloigné du groupe. Un de ses anciens joueurs (Mavuba) disait même qu’il participait aux jeux pendant les entraînements avec le reste de l’équipe.
Ton prono pour samedi et la saison des Verts ?
Une victoire trois à zéro du LOSC avec des buts de Bamba, Xeka et du roi Burak. Ça nous relancerait bien pour la suite. Je vous souhaite une bonne saison de votre côté ! La Ligue 1 a l’air disputée cette année, une place dans le ventre mou pourrait être un moindre mal pour vous, non ? Avant de viser plus haut les saisons à venir…
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