Jean-Guy Riou est le président de l'Union des Supporters Stéphanois depuis 2013. Co-fondateur de l'association en 2005 avec Michèle ALBIN PERTUS et Pierre DEBAIZE, il faisait partie des représentants de supporters qui ont assisté à l'assemblée générale de l'Instance Nationale des Supporters. En présence de la Ministre des Sports, Roxana Maracineanu, mais également de Laurent Nunez, secrétaire d'état auprès du Ministre de l'Intérieur, des sujets sensibles ont été évoqués et il semblerait que les demandes des supporters soient entendues.
Peuple-Vert.fr : Peux-tu nous resituer cette assemblée générale de l'INS qui était extrêmement attendue aujourd'hui ? Elle s'inscrivait dans quelle démarche ?
Jean-Guy Riou : Il s'agissait de la 5ème assemblée plénière qui est systématiquement présidée par Roxana MARACINEANU Ministre des Sports. Étaient également présents Laurent NUNEZ, secrétaire d'État auprès du Ministre de l'intérieur, Marie-George BUFFET, ancienne Ministre des Sports et présidente de la commission parlementaire de l'assemblée nationale sur les supporters, Sacha HOULIÉ, également membre de cette commission et député, Stéphane TESTÉ, député, Nathalie BOY DE LA TOUR, présidente de la LFP ainsi que plusieurs représentants de la FFF et les membres de L'INS. Il est prévu 2 assemblées plénières par an. Celle-ci a duré plus de 3 heures. Tous les sujets prévus à l'ordre du jour ont été abordés. La réunion à été très studieuse. Chacun a parlé librement et les débats sincères.
Justement, ont été évoqués quelques sujets chauds et sensibles comme les interdictions de déplacements et l'usage des engins pyrotechniques. Concernant les déplacements, penses-tu que les discussions aillent dans le bon sens ?
Oui. La présence de Laurent NUNEZ et des membres de la commission parlementaire étaient un geste fort. Le sujet a été présenté à l'assemblée par Nicolas HOURCADE, sociologue et Arnaud SZYMANSKI, le Référent Supporters du RC Strasbourg-Alsace. Des préconisations ont été faites et le secrétaire d'état à ensuite fait ses annonces qui vont dans le bon sens. Nous étions plusieurs à penser qu'il ferait des déclarations qui pourraient constituer des blocages et ce ne fut pas le cas.
C'est donc une belle avancée. Cela veut-il dire que les préfets vont adopter une posture plus souple, notamment grâce aux échanges qui auront lieu en amont de la rencontre ?
Il va être demandé aux préfets via une circulaire qui sera envoyée par le Ministère de l'Intérieur, d'impliquer systématiquement les Référents Supporters et les Directeurs de la Sécurité des clubs, de faire des réunions à minima à J-21 pour les matchs à risque et que les arrêtés, s'il sont pris, soient plus cohérents. À moyen terme, il sera mis en place une coordination nationale sous l'égide de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, ou la mise en place d'un préfet coordonnateur comme j'en ai soumis l'idée à L'INS. C'est une proposition qui a fait son chemin et qui est reprise par les membres de la commission parlementaire et désormais par quelques députés. Laurent NUNEZ n'a pas exclu cette idée et va travailler dessus.
Il a reconnu que parfois, sans donner de détails, ni de nombre, des interdictions totales de déplacement ont mobilisé plus de forces de l'ordre que s'il y avait eu un encadrement des supporters.
L'un des autres sujets très attendu concernant l'utilisation des engins pyrotechniques, ou plus simplement des fumigènes. La législation pourrait-elle évoluer ?
Nous n'en sommes qu'au début du groupe de travail. Un point de ces travaux a été évoqué. L'expérimentation au Havre en fin de saison n'a pas été probante, car trop draconienne dans sa mise en place pour les ultras du HAC. D'autres expérimentations devraient voir le jour cette saison, avec des clubs et des groupes de supporters volontaires. Les candidats feront un cahier des charges de ce qu'ils veulent faire à l'INS. En fonction des projets, nous regarderons la faisabilité et nous émettrons des avis, toujours en collaboration avec les groupes. Des exemptions de poursuites pénales seront négociées avec les parquets et procureurs. Mais, à terme la loi devra être modifiée.
Les ultras stéphanois, qui adoptent une position non négociable sur la question des fumigènes, ont-ils des solutions à proposer ?
Je ne sais pas. Il faudrait leur demander. Mais au sein de l'INS nous savons que cela sera très compliqué dans 3 stades, dont le chaudron. Mais pour autant nous devons être force de proposition et faire avancer le débat et le sujet.
Très compliqué à quel niveau ?
L'ancien chef de la DNLH avait reconnu lors d'une réunion qui était secrète à Saint-Etienne que les 2 derniers groupes ultras dans leur entité et leur fonctionnement étaient probablement les MF91 et les GA92. Pas sûr qu'ils acceptent des craquages réglementés, mais il faudrait leur demander car je ne parle pas en leur nom.
Concernant l'USS, quelle est la position de l'association ? J'imagine que votre vision est moins "ultra" ?
Roland (ndlr : Romeyer) me considère depuis des années comme un ultra... Je n'en ai pas la culture, mais les comprends, en espérant qu'ils comprennent également notre mode de fonctionnement avec 24 groupes de l'USS en France. Je défends un football populaire et les rejoins sur beaucoup de points, surtout que les USS sont confrontés aux mêmes interdictions, fermetures de kops, etc. Cela ne crée peut-être pas de liens entre nous, mais cela ne nous éloigne pas. Et les fumis, c'est beau, non ? Il y a moins de 5 ans, la LFP et nombre de diffuseurs utilisaient les images de craquages dans les stades en guise de bande-annonce. Mais pour l'instant la loi interdit l'usage et la détention d'engins pyrotechniques...
Outre ces deux sujets et pour conclure, quels sont les autres points importants qui ont été abordés et qui pourraient déboucher sur des avancées pour les supporters ?
J'ai rapporté le projet sur les tribunes debout sécurisées qui a été expérimenté dans 4 stades de L1 et L2 et qui est une réussite. La généralisation pourra se faire après modification du code du sport. Devrait être menée une expérimentation sur l'augmentation de la jauge d'un des clubs ayant participé à cette expérimentation. La lutte contre les discriminations et l'homophobie fait l'objet d'une mission de suivi par un cabinet de conseils indépendant pendant 3 mois qui rendra ses conclusions à l'INS. Donc à suivre. Enfin, nous travaillons actuellement sur l'accueil des supporters en situation de handicap et là aussi, c'est un gros travail.
Vous pouvez retrouver l'USS en vous rendant sur son site officiel.
Crédit photo : Icon Sport