Roland Romeyer est revenu sur les débordements qui ont émaillé la rencontre de vendredi soir. Pour lui, son attitude et celle des supporters est regrettable. Il voit toutefois une issue à la crise : réussir le mercato hivernal...

"Il faut tenir compte du contexte tendu autour du club. Au début du match, le directeur de cabinet du préfet m'informe qu'il y a déjà des bagarres entre les ultras et les policiers aux abords du stade. Certains supporters m'envoient un texto pour me dire qu'ils n'ont dès lors pas pu entrer. On attaque le match, avec une équipe très affaiblie à cause des blessures et des suspensions. Trois minutes et demie de jeu, premier but gag. Et on en prend un deuxième. Julien (Sablé, l'entraîneur) essaie de remobiliser les joueurs à la mi-temps. Il m'a impressionné avec son discours. Et puis, il y a ce troisième but de Monaco et on le voit hors jeu. Notre capitaine, Stéphane Ruffier, va alors vers l'arbitre assistant et il prend un rouge. Je me dis : "C'est pas possible!" Pour moi, c'est une double injustice. J'ai été surpris de la vitesse avec laquelle M.Delerue a sorti son carton. Il faut comprendre le geste de Stéphane (Ruffier) :il a ressenti de la frustration et il est allé brusquement vers l'arbitre, sans jamais lui manquer de respect. Il n'a jamais tenu de propos déplacés, ni voulu agresser l'arbitre assistant. Ruffier est un joueur exemplaire. Il s'agit d'ailleurs de sa première expulsion après trois cent cinquante matches de L 1 (*). Quand je vois ça, je descends de la tribune pour dire à l'arbitre qu'il y a hors-jeu, en faisant quelques gestes. Je crie depuis le bord de touche, car il est reparti au centre du terrain. Il n'a jamais été question une seconde que j'entre sur le terrain. Je ne suis pas fou à ce point.

Je regrette de m'être emporté. Je dois montrer l'exemple. Ce que j'ai fait ne va pas arranger nos affaires. Ça m'embête, car j'essaie toujours de bien accueillir les arbitres. Je leur offre d'ailleurs des photos souvenirs en repartant. Ce n'est pas ce que je voulais faire.

Ces affrontements d'une telle violence, avec sept policiers blessés dont un avec une main très abîmée, m'ont vraiment choqué. Je suis déçu du comportement des ultras. Ça me rend triste car Saint-Étienne, ce n'est pas ça. Je ne reconnais plus mon club. Au niveau de l'image, il a pris un sacré coup. Y compris à cause de mon attitude, que je regrette. C'est pourquoi je lance un appel au calme et à la raison. Nous sommes tous malheureux. Les joueurs ont besoin de sérénité et de confiance car tout part du terrain. Or, elles n'y sont plus et c'est pour ça qu'on ne reconnaît plus les joueurs. Ils jouent avec le frein à main et la peur, la peur, la peur…. C'est très grave.

On a identifié les problèmes. La solution, c'est le mercato. Il va y avoir des sorties, quatre ou cinq, et des entrées, trois ou quatre.

Le contexte ne nous arrange pas pour un mercato que l'on veut important. Ce qui s'est passé vendredi ne donne pas une bonne image. Ce que je veux, c'est que tout le monde soit unanime sur l'arrivée de joueurs. Mais on ne va pas tout révolutionner en un mois et demi. L'idéal, ce serait de les recruter dès début janvier pour qu'ils puissent partir en stage avec le groupe, en Espagne."

Source : L'Equipe