Rémy Cabella a livré une très longue et intéressante interview à France Football. Il y évoque son prêt à l'ASSE, son retour en forme et son avenir à l'ASSE... ou ailleurs ! Extraits.
Rémy Cabella : "Saint-Étienne, c’est un club que je connaissais, mais je ne savais pas exactement où je mettais les pieds. Je m’y suis senti comme à la maison et, sur le terrain, j’ai rendu aux gens ce qu’ils m’ont offert en tribunes et en interne. (Il a marqué sept buts et délivré six passes décisives en Ligue 1.) D’emblée, ça s’est bien passé avec Oscar Garcia. C’est lui qui m’a fait venir et m’a convaincu. Il m’a dit ce qu’il attendait de moi et laissé faire ce que je voulais. Il savait que j’avais besoin de liberté et qu’il ne fallait pas me mettre trop de contraintes. Je n’ai pas pu jouer avec Sablé car j’étais blessé. Et puis, ensuite, avec Jean-Louis Gasset et Ghislain Printant, ç’a été le surplus de confiance.
Peur de la relégation ? Pas forcément, parce qu’on avait un groupe énorme. Il y régnait une ambiance terrible, on s’est régalés sur le terrain en seconde partie de saison. Grâce à cette bonne ambiance, on s’est lâchés. Vous ne pouvez pas imaginer ce que les Verts m’ont apporté... Je suis tellement content d’avoir fait ce choix. Pourtant, il ne fait pas spécialement beau, il n’y a pas la mer mais je me suis dit : “Je m’en fous, j’y vais !” Je suis arrivé dans une ville où j’ai kiffé la mentalité, les gens, vraiment tout. Si un joueur hésite – “Bof, je sais pas trop, c’est pas joli Saint-Étienne, y a rien à faire...” –, je lui dirai de ne pas se poser de questions. Vas-y, signe ! Le football, ça efface tout le contexte.
Difficile de se retrouver dans la peau d'un prêté ? J’avais connu ça à Arles-Avignon en 2010 (il était prêté par Montpellier), mais c’était différent, j’étais jeune. Là, j’avais un certain statut en arrivant. Je ne vous cache pas que j’avais un peu peur de la rivalité ASSE-OM et d’être étiqueté pro-Marseillais. Les mecs m’ont tout de suite fait comprendre que j’étais l’un des leurs. De toute façon, quand tu donnes tout pour ce club, les supporters sont très intelligents et à fond derrière toi.
À Marseille, quand je contrôlais le ballon, je faisais la passe. À Sainté, je prenais le ballon, je le remontais pendant cinq secondes, ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. C’est ce dont j’ai besoin et les joueurs m’encourageaient à le faire. Je ne veux pas être bridé, c’est mon jeu. À Marseille, parfois, on me disait : “Rémy, pourquoi tu fais ça ?” Maintenant je le sais : c’est mon jeu. Si je dois tenter une louche, je ferai une louche. Garder le ballon cinq, dix secondes, je le ferai. À Marseille, je ne l’ai jamais fait.
Maintenant, je joue comme je joue. Quand on me disait : “Oh Rémy, lâche le ballon un peu !”, ça me faisait kiffer. Quand on ne me le dit pas, je ne suis pas content. Je veux qu’on me dise : “Arrête de croquer ! Oh ! Fais des passes !” Ça signifie que je suis fort, que je suis dans mon match, que je suis moi-même. Aux entraînements, à Saint-Étienne, il y en a qui pétaient un câble. Je faisais exprès de ne pas faire de passes, ça me faisait marrer. Les supporters ont kiffé. Je n’ai reçu que des messages positifs. Ils m’ont dit : “Ça fait longtemps qu’on n’a pas eu un 10 comme ça.” T’imagines... Tu joues ton jeu, tu fais ce que tu veux et on te sort ça dans un club avec une telle histoire... Le top !
Quand tu sors d’une saison où tu as joué, où tu as été bon, où les gens t’ont redécouvert, t’es content, tu oublies le futur. Je suis quelqu’un qui vit au jour le jour. Tout le monde en Corse me demande : “Alors, le futur, pas trop inquiet ?” Non, je ne suis pas inquiet. Je suis libéré dans ma tête. Après une saison comme ça, je suis tranquille. Je reprends avec Marseille, c’est mon contrat. Il me reste deux ans. Je suis un joueur prêté, je reviens dans mon club et je ne sais pas ce qui va se passer. Je vais faire ma préparation, s’il faut discuter avec le coach, on le fera comme l’année dernière. S’il n’y a pas besoin de discuter, on ne le fera pas et je resterai à Marseille. Il n’y a aucun problème.
St-Etienne essaye toujours de me faire revenir. Je m’en doutais. Ça s’est super bien passé avec les gens au club. Je suis quelqu’un d’humain, je rigole avec tout le monde, ils m’ont tous aimé. Les joueurs aussi, ils ont tous envie que je reste, ils me l’ont dit. Je suis toujours dans le groupe de discussion WhatsApp des joueurs de l’ASSE. Le staff veut me garder, je le sais. Marseille a dit : “Si Cabella doit partir, ce sera tant.” (L’OM demanderait 12 M€). Et c’est vrai que pour Sainté, ce sera peut-être un peu trop cher...
Marseille a les cartes en main. Il me reste deux ans de contrat. Je n’ai pas dit que je voulais absolument partir ou que l’OM m’a mis sur la liste des transferts. Je dis juste que si Marseille ne compte pas sur moi, Sainté fait partie des clubs que je pourrais choisir. Il n’y a pas que Saint-Étienne qui me veut... Mais, jusqu’à preuve du contraire, je ne suis pas sur la liste des transferts à Marseille."