Claude Puel n'a pas tourné autour du pot et a répondu avec franchise à toutes les questions que L'Equipe lui a posées. Le coach stéphanois a notamment évoqué son projet pour transformer son collectif mais surtout le réduire, et ce, dès cet hiver.
[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="Claude Puel - Source : L'Equipe" text_size="20"]Quand j’ai quitté Leicester (en février), dans ma tête, c’était pour repartir sur un projet à l’étranger. Je ciblais l’Angleterre ou l’Espagne. Ça a failli se faire en Espagne et j’ai refusé beaucoup de choses, en France et à l’étranger. Là, ça faisait des mois que j’étais tranquille, je m’étais ressourcé. J’étais prêt à accepter des projets comme celui de Saint-Étienne. Mais pas en juin parce que le club, l’équipe restaient sur une très bonne saison et, par rapport à ce que je ressentais de l’extérieur, les gens n’auraient pas été à l’écoute. Dans leur tête, après la quatrième place, il fallait terminer troisième. Je ne sentais pas la capacité de l’équipe à performer à ce point. Mon message n’aurait pas porté.
Je m’étais fait une idée assez précise de ce qu’on pouvait améliorer. Il y a beaucoup de potentiel dans le club. Je ne parle pas simplement des joueurs, je pense aux gens qui y travaillent. Il y a beaucoup de personnes compétentes, vraiment de quoi avancer ensemble. Le modèle basé sur le recrutement de joueurs confirmé a été fait, adopté, et je n’ai rien à redire car il a permis de performer. Saint-Étienne a tenu son rang toutes ces dernières années. Terminer quatrième est un super résultat. Du travail a été bien fait, dans un court terme. Ce modèle est-il viable ? Je ne pense pas qu’il puisse pérenniser le club. Plutôt que d’acheter un joueur confirmé, j’aimerais qu’on le recrute pour le former et l’élever. Il est difficilement acceptable qu’on vende notre meilleur joueur, un jeune (1), pour renflouer les caisses. Quand on est obligés de vendre ses joyaux pour boucler le budget et, après, de faire du court terme pour combler les manques, on est dans la réaction.
Avec Xavier, on peut initier des orientations. Mais si on demande des choses particulières ou financières, les présidents resteront, au final, les décisionnaires. Car ils demeurent les actionnaires du club. Il y a une volonté de se donner les moyens de faire quelque chose. D’adhérer à un projet. Après, les difficultés de parcours, la qualité de nos échanges, la solidité de tout l’attelage donneront de la viabilité, ou non, au projet.
Le mercato d'hiver ? On ne pourra pas bouger, éventuellement réduire l’effectif, pour l’équilibrer. On a trente-deux joueurs, plus six prêtés. Par exemple, on a sept, huit excentrés pour deux places. Pour moi, c’est rédhibitoire. Car c’est difficile de travailler au quotidien. Or, j’ai besoin d’avoir une attention particulière sur les joueurs. Eux, ils ont besoin de jouer, d’être titillés.
Je souhaiterais ramener mon groupe à vingt joueurs de champ, plus les trois gardiens, complétés par des jeunes qu’on fait monter petit à petit. Si un joueur a du potentiel, il ne faut pas en prendre un autre pour lui barrer la route. L’entraîneur de la réserve, c’est pratiquement un adjoint. À Leicester, c’était un peu pareil à mon arrivée (en octobre 2017). Il fallait envoyer des joueurs en réserve. Au premier mercato, je n’ai pris personne. Là, si on doit vendre, on vend qui ? On ne crée pas de richesses. À un moment donné, on va dans le mur.[/penci_blockquote]
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