Le Salary Cap de retour à l'ASSE ? C'est en tout cas ce qui a été annoncé par Bernard Caïazzo la semaine dernière à l'Assemblée Nationale. Un dispositif déjà utilisé par les dirigeants stéphanois il y a quelques saisons. Hier soir dans l'After Foot sur RMC, Vincent Chaudel, économiste du Sport, Et Jonathan MacHardy sont revenus sur les déclarations du Président du Conseil de Surveillance de l'ASSE. Extraits.

Vincent Chaudel: "Dans le cas de Bernard Caïazzo à l'ASSE, il s'agit d'un salary cap plafonné au niveau de chaque joueur. Ce qui peut aussi être fait au niveau d'une Ligue où l'on plafonne la masse salariale de tous les clubs.

La masse salariale constitue le principal poste de dépense des clubs. Dans les Ligues qui fonctionnent le mieux, on trouve une part du budget dédié à la masse salariale qui tourne autour de 55%. Dans les Ligues qui tournent moins bien ça tourne plutôt autour de 75%. Et j'ai bien peur qu'en France on soit plutôt dans la deuxième catégorie.

La masse salariale est un poste trop important dans les budgets des clubs français. Il y a l'incertitude des recettes actuellement avec le problème des droits TV. En mettant de côté le litige sur le lot 3 (Canal+ / BeIN / LFP). Partant du principe que ce lot sera bien honoré à ce montant là, il faut qu'on acte en France qu'entre 2021 et 2024 on ne sera plus dans un Big 5. On sera le premier championnat derrière le Big 4 car la France va être quasiment à la moitié des droits TV allemands ou italiens. Encore plus loin des espagnols et des anglais.

Les clubs français vont avoir un problème car certains ont signé des contrats avec des joueurs pour les 2-3 prochaines années avec des salaires ayant anticipé le contrat Médiapro et les recettes ne seront pas à la même hauteur. Il se pose donc bien la question des modèles économiques du foot français. C'est un vrai sujet.

La France est coincé par 2 facteurs d'inflation au niveau des salaires:

  • La concurrence. Quand vous avez un bon joueur de L1. Il peut très vite être courtisé par un club de Championship. Car il y a un pouvoir d'achat chez ces clubs là. Si vous voulez le garder et construire vos ambitions sportives autour de lui, vous êtes amenés à surenchérir pour le conserver.
  • Le mécanisme de solidarité entre la L1 et la L2 au niveau des droits TV. La L2 touche 20% des droits TV de la L1. De fait, elle est Ligue 1 dépendante. La L1 est "télédépendante". La L2 L1 dépendante. Les 3/4 des droits TV de la L2 proviennent de la L1 et non pas de sa propre valeur de droit TV.

Bernard Caïazzo parle d'un plafond à 100.000€. Sauf que le joueur que Saint-Etienne va vouloir recruter avec ce salaire max. S'il y a concurrence avec un salaire plus élevé, le joueur ira dans ce club là. C'est ça le problème."

Pour Jonathan MacHardy, journaliste RMC, "le salary cap est absurde. C'est mettre un pansement sur une jambe de bois. Sur le principe c'est intéressant. Le problème c'est que les clubs de L1 évoluent sur un marché à l'échelle internationale. Ce n'est pas un vase clos. Il y a la concurrence des clubs étrangers. Qui en plus on des avantages en terme de fiscalité que la France n'a pas. C'est se tirer encore plus une balle dans le pied à l'échelle européenne. On se plaint des résultats de nos clubs français en Europe (Hors PSG), mais le salary cap est la pire des solutions.

Le vrai problème c'est la gestion financière des clubs français. Trop de joueurs moyens sont surpayés. Trop de ratés dans les recrutements. Les cellules de recrutement ne marchent pas assez bien. Nos clubs ne travaillent pas assez bien en terme footballistique. Des stratégies trop à court-terme. Des stratégies marketing très en retard. Il y a un problème structurel qui va plus loin."

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