Dominique Rocheteau, interrogé dans le journal L'Union, explique notamment les évolutions qui touchent le football depuis plusieurs dizaines d'années en termes de détection et de formation. Une évolution dont on comprend qu'elle ne va pas dans le sens de ce que l'Ange Vert souhaiterait. Mais il en va ainsi...

"Je suis en pleine activité en tant que dirigeant à l’AS Saint-Étienne depuis sept ans, alors je vois un football en grande évolution. Il y a de plus en plus de différence entre les clubs, notamment en ce qui concerne l’argent : il y a les riches et les moins riches... Sur le terrain, l’évolution est plutôt intéressante. On critique beaucoup le championnat de France alors qu’il est très difficile, tactique et organisé. Je regarde aussi l’équipe de France qui est en plein boom. Elle a fait un très bel Euro et va se qualifier pour la Coupe du monde 2018, en Russie. Les équipes de jeunes sont aussi très compétitives et on y trouve de très bons joueurs.

On a appris récemment que Saint-Étienne était vu comme le club le plus sympathique et le plus aimé de France. On est content, ça veut dire qu’on fait passer des valeurs à nos joueurs, notamment aux jeunes. Ils doivent garder cette notion de plaisir. Ils font certes un métier très exigeant et difficile, mais ils ne doivent pas oublier cela. Des très bons jeunes joueurs, il y en a toujours eu. à mon époque, il y avait notamment un certain Michel Platini... C’est plutôt positif, ça veut dire que la formation travaille bien et je pense que la France est parmi les meilleurs pays formateurs du monde. On sera compétitif. Après, l’idée, et ce n’est pas le plus facile, c’est de garder nos jeunes le plus longtemps possible dans notre championnat. Il ne faut pas brûler les étapes. Pour les très bons jeunes joueurs, et notamment Mbappé, c’est mieux d’avoir une marge de progression et de rester tant qu’ils peuvent dans leur club formateur. C’est ce que je leur conseille.

J’aimerais qu’il y ait plus de protection au niveau des clubs français par rapport aux jeunes, à la fois pour les clubs formateurs mais aussi les joueurs. Celui qui part trop jeune dans un gros club étranger, ce n’est pas forcément bénéfique pour lui. Dès qu’on a un bon élément, on est obligé de le faire signer professionnel très tôt, sinon il peut partir assez facilement ailleurs. Il y a des superviseurs français qui observent tous les matches pour les grandes équipes étrangères. ça fait maintenant un certain nombre d’années que cela fonctionne ainsi.

On n’allait pas chercher des joueurs aussi jeunes comme aujourd’hui. On n’avait pas non plus d’agent dès cet âge-là alors que maintenant le moindre footballeur de 15 ou 16 ans a le sien. ça a complètement changé. Personnellement, je suis arrivé à 16 ans à Saint-Étienne, et c’était très jeune pour l’époque. Aujourd’hui, on les récupère à 13 ans. Ils sont envoyés dans des Pôles Espoirs dans la région et ils reviennent au club vers 15 ans. C’est comme ça dans quasiment tous les centres de formation."

Source : L'Union