Il y a des stades mythiques. Certains rivalisent d'originalité dans leur architecture, d'autres sont de véritables mini-villes où cent mille personnes se retrouvent. D'autres encore ont acquis leur lettre de noblesse pour l'ambiance de feu qui s’y dégage les jours de match. La Bombonera, le Signal Iduna Park et le Geoffroy-Guichard, la fournaise française qui ne peut porter un meilleur surnom.
Quand on parle de football, on pense souvent à la ferveur des supporters, aux paris sportifs, aux compétitions légendaires. Le stade Geoffroy-Guichard est et restera un de ces stades mythiques qui a marqué l’histoire du football, non pas par une prouesse architecturale, mais par l’ambiance et la folie qui y règnent les jours de match.
Le Chaudron, un mythe stéphanois
Plus que des dates, c'est la façon dont le Chaudron a toujours été la propriété du peuple stéphanois qui est remarquable. Quand il est construit en 1931, le stade est omnisports, mais le football est déjà au centre de l'enceinte. L'équipe n'est pas encore professionnelle, mais le destin donnera à ce lieu une aura particulièrement mythique grâce à son public.
Le stade, aujourd'hui, est une enceinte comportant 42 000 places. Si cela est énorme comparé aux 10 000 personnes qu'il pouvait accueillir à ses débuts, c'est avant tout grâce aux supporters, qui par leur ferveur, ont transformé ce monument en enfer pour les adversaires. L'histoire du Chaudron est donc guidée par les supporters stéphanois, et ce, depuis le tout début.
Une histoire vieille de 90 ans
Dès 1936, de grosses buttes de terre sont installées derrière les cages, créant ce qui deviendra les tribunes Charles Paret et Jean Snella. Une tribune latérale est ajoutée, faisant passer le stade à une capacité de 15 000 personnes.
C'est en 1957 que le stade devient une enceinte de football pure, retirant la piste d'athlétisme. Les tribunes sont placées proches du terrain, à la façon des stades outre-manche. L'ambiance déjà chaude va devenir bouillante pour les joueurs qui sont littéralement entourés de Stéphanois fiers et donnant de la voix pour les Verts.
Les travaux et les aménagements iront bon train en 1987 pour l'Euro, puis pour la coupe du Monde de 1998, et enfin, l'Euro 2016. N’oublions pas également son aménagement pour la coupe du monde de Rugby en 2007. Si le stade stéphanois est si souvent transformé, c'est avant tout car il compte comme l’un des stades de référence dans l'hexagone et en Europe. Les plus belles pages du football français se sont écrites ici, dans un lieu où même dans les années 70 et la fameuse épopée européenne des Verts, l'ambiance était louée par les adversaires comme par les observateurs.
Les supporters de Saint-Etienne
Le Chaudron doit également sa réputation avant tout à son public : c'est son antre et sa maison. On l’a vu en mars dernier, à la suite de la qualification de St-Etienne en finale de la Coupe de France. À la manière des stades qui brûlent de la ferveur de leurs passionnés, vivre un match à Geoffroy-Guichard est un spectacle à lui tout seul. Un spectacle que très peu de clubs peuvent offrir en France, celui d'un public aussi divertissant que les joueurs sur la pelouse.
L’enceinte a toujours appartenu à ceux qui le faisaient vivre. Loin des constructions soutenues par un naming et une envie de construire en banlieue comme les nouveaux stades ont tendance à le faire, le “Chaudron” est une institution, un lieu de magie qui porte une histoire plus vieille que la plupart des clubs français. Et ça, on ne peut pas l'acheter.
La forme des tribunes, la proximité des supporters avec le stade, le surnom de Chaudron, tout dans l'écrin des Verts porte l'empreinte des supporters. C'est un club qui s'est littéralement construit à partir d’une ferveur populaire, adaptant son terrain au public stéphanois qui a toujours répondu présent même lors des moments plus difficiles.
Le Chaudron est un endroit mythique, un endroit magique, où il n'y pas que 22 artistes sur le terrain, mais 42 022
Tant que le public sera au rendez-vous, le stade stéphanois n'aura pas à rougir devant les mastodontes neufs et impersonnels qui poussent dans les banlieues des grandes villes de France. Un stade, ça ne se regarde pas que de l'extérieur, c'est un endroit qui vit. Et, les soirs de match, on peut entendre le cœur de Saint-Etienne battre dans le nord de la ville. Au rythme du chant des Stéphanois.
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