Claude Puel, à défaut de plaire à tous les supporters, ne peut être taxé de girouette. Fidèle à sa philosophie, il explique dans Le Journal du Dimanche comment il envisage le développement d'un club et du football français. Sa ligne est claire et on lit dans ses propos que les échecs du présent façonnent certainement les succès de demain... Mais pour cela, il faudra conserver les joueurs formés.

[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="Claude Puel - Source : Le Journal du Dimanche" text_size="20"]À Saint-Étienne, on a incorporé chez les pros des gamins de 17 ans qui n’avaient pas encore évolué en réserve. On brûle des étapes car dès qu’un gamin éclate, il part. On l’a vu avec William Saliba et Wesley Fofana. On ne pouvait pas faire autrement. Nos joueurs ont une touche un peu individuelle car, à cet âge, on les laisse s’exprimer. Les paliers, ils les passent plus tard, à l’étranger plutôt qu’ici, où ils représentent des actifs susceptibles de combler des déficits. S’il y avait un problème global avec notre formation, il n’y aurait pas autant de débouchés en Angleterre, en Italie ou en Allemagne. J’aimerais que les dirigeants se demandent comment développer une équipe et non comment remettre les comptes à niveau. En Ligue 1, je suis le seul manager général...C’est dommage. À Lille, partant d’une page blanche, on m’avait demandé de participer à la formation, à des réunions de chefs de service. C’était chiant mais ça m’a enrichi. Cette expérience m’a appris à ne pas demander l’impossible. Souvent, je suis reparti avec des novices, sans moyens, mais en connaissance de cause. Il y a eu des parcours en dents de scie, le temps d’apprendre, mais beaucoup de futurs internationaux se sont révélés. C’est notre modèle : mettre le pied à l’étrier aux jeunes, qui coûtent des points mais finiront par assurer la survie économique du club. Le problème en France, c’est qu’on développe nos joueurs pour les vendre et équilibrer le budget. À présent que le trading se casse la figure, comment fait-on ?  Dans un club, on devrait avoir une identité unique, de la formation jusqu’aux professionnels. Mais c’est un vœu pieux. Quand j’ai accepté Leicester, j’ai dit aux dirigeants qu’il n’y avait que cinq éléments au niveau. Finalement, j’en ai gardé deux. On a été très irrégulier car on avait recruté des gamins. Ils avaient besoin de mûrir. C’est la même équipe qui, cette saison, lutte pour le podium. Les choses se construisent.[/penci_blockquote]

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