Nous sommes les premiers à crier au scandale et dénoncer l'incompétence d'un arbitre ou des responsables du VAR lorsqu'une décision nous semble incohérente au regard des images. A l'inverse, il semble honnête d'admettre quand l'ASSE profite d'une situation qui aurait pu (dû ?), en respectant l'esprit du jeu, tourner en faveur de Monaco.
Ce dimanche, à la 72ème minute de jeu, M. Brisard excluait Wesley Fofana pour une faute certes pas méchante mais suffisamment grave pour justifier une expulsion. Jean-Kévin Augustin qui filait au but se voyait légèrement crocheté provoquant son déséquilibre à 25m de la cage stéphanoise. Alors que le jeune Fofana sortait tête basse du terrain, Ryad Boudebouz est parti le rattraper pour lui signifier que rien n'était encore complètement entériné... Le VAR entrait en action afin d'évaluer la position de hors-jeu ou non d'Augustin au départ du ballon... Verdict : hors-jeu et carton rouge annulé ! Au regard des images, il y a tout de même de quoi enrager si l'on est Monégasque. Le hors jeu est jugé pour un (tout petit) bout d'épaule qui SERAIT en position de hors jeu... Dans l'esprit, admettons-le, c'est ridicule. Dans le texte et dans les faits, si le VAR a jugé le hors-jeu réel, on ne peut rien dire. Cependant, ne tombons-nous pas là dans un arbitrage qui va finir par devenir aussi scientifique et précis que le travail d'un ingénieur de la NASA ? Cet extrait d'un article paru ce jour dans l'Equipe tend à le prouver :
[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="Extrait de L'Equipe du 05/11/2019" text_size="20"]L’opération est infiniment minutieuse et délicate. Tout en agissant très vite et sous pression, il faut stopper le ralenti au « premier point de contact du ballon joué/touché » – selon les règles de l’Ifab (l’organisme chargé de déterminer les lois du jeu) – par le passeur. Est-il vraiment possible de saisir ce moment exact ? C’est peu probable à l’œil nu. Pourtant, la différence de position des joueurs, d’autant plus quand ils vont dans le sens inverse, est considérable d’une fraction de seconde à l’autre.
« Toutes les images vont en même temps vers le diffuseur (Canal + ou beIN Sports en L1) et le centre de visionnage, indique Pascal Garibian, le directeur technique de l’arbitrage. Il n’y a pas d’images produites spécialement pour l’arbitrage vidéo. » Pour évaluer la marge d’erreur sur un hors-jeu, prenons le dernier exemple en date, celui d’Augustin. Lors de son appel en profondeur, il atteint une vitesse maximale de 31 km/h sur son sprint*. Selon la fréquence d’images par seconde (de 25, la norme européenne et française, à 120, celle des caméras ultra slow-motion du Mondial 2018), il se déplace alors de 6,9 à 34,4 cm par image. La marge d’erreur peut être réduite avec des outils dernier cri, mais jamais éliminée. Autrement dit : Augustin bouge au moins de 6,9 cm en 0,008 seconde ! D’où l’importance et la difficulté d’appuyer sur pause à l’instant T, au risque de tout changer.[/penci_blockquote]
Stéphane Lannoy, membre de la DTA, indique de son côté que "le protocole a été respecté" :
« Clairement, ce cas de figure entre dans le protocole de l’Ifab (l’organisme chargé de déterminer les lois du jeu) de l’assistance vidéo, qui a été respecté. Lors de ce match, l’arbitre prend ses décisions jusqu’au bout. Il siffle un coup franc et sort un carton rouge pour anéantissement d’une action de but. Son assistant juge le hors-jeu, et comme celui-ci est extrêmement limite, il laisse l’action se dérouler. Mais il a signalé oralement qu’il y avait hors jeu. Dans le cadre d’un rouge direct (l’une des quatre situations prévues par le VAR), on remonte la bobine jusqu’à la position de hors-jeu, qui avait été signalée et qui est confirmée par la 3D.
Le coup franc est annulé, comme le carton rouge. Mais si la faute commise sur Augustin avait été violente, le rouge aurait été maintenu même s’il y avait hors jeu. »
Au-delà de ce hors-jeu plus que limite, l'ASSE bénéficiait quelques minutes plus tôt de la mansuétude de M. Brisard qui ne sanctionnait pas un duel entre Aholou et Henrichs tourné à l'avantage du premier au bénéfice d'une bousculade très limite elle aussi... S'en suivra une ouverture pour Hamouma et l'ouverture du score par Bouanga.
Si l'ASSE avait la sensation d'être flouée il y a peu par le VAR, elle ne peut en dire autant après ce week-end, soyons honnêtes. Nous n'allons pas nous en plaindre ni expliquer que les erreurs s'équilibrent dans le courant d'une saison. Cependant, cela met en lumière la difficulté de prendre les bonnes décisions, assistance vidéo ou pas, et ôte ce sentiment qui tendrait à laisser croire que l'ASSE est dans le collimateur de l'arbitrage français. Elle ne l'est pas davantage que les 19 autres clubs de L1, il faut s'en persuader.