Julien Sablé fait partie de la génération qui a remporté la dernière coupe Gambardella de l'ASSE en 1998. Il revient sur ses émotions et son expérience passées tout en distillant quelques conseils aux U19 de 2019. Un groupe dont il admire les qualités.

[penci_blockquote style="style-2" align="none" author="Julien Sablé - Source : Le Progrès" text_size="20"]Cette coupe reste un grand moment de ma carrière. Un moment de partage. Mes meilleurs souvenirs, ce sont ceux de ma formation. Vous êtes jeune, enthousiaste et naïf. J’ai eu la chance de gagner des titres : le championnat de France des U17, la Gambardella qui est le Graal pour un centre de formation. Cela déclenche beaucoup de choses positives. Cette victoire a été un déclic pour toute une génération. Vous arrivez chez les pros avec le plein de confiance. Ces derniers, ensuite, vous regardent différemment. La Gambardella donne un coup de projecteur, tout le monde en bénéficie. D’ailleurs, tous, on a fait plus ou moins des carrières. Jérôme Tagherset, Mickaël Pontal, Sylvain Meslien… ont joué des matchs en pros. Fred Mendy a fait une belle carrière.

C’était la première au Stade de France. Très stressant. Vous êtes pris par les émotions. On n’avait pas fait un grand match mais cela s’était fini en apothéose avec les tirs au but. Nous avions donné du baume au cœur à tout un club. Je me souviens d’ailleurs que la semaine d’après (le 8 mai), j’avais joué mon premier match en pro pour sauver le club d’une descente en National. Baptiste (Lafleuriel) était sur le banc. Les dirigeants avaient voulu tenter un truc. Ils devaient être dans l’idée que l’équipe puisse bénéficier de cet enthousiasme, de ce vent de fraîcheur. Même si on a finalement perdu à Lille (l’ASSE est restée en D2 malgré ça), la Gambardella a donné un élan au club.

Mentalement et athlétiquement, on était redoutable. On défendait tous comme des chiens. On avait une équipe de guerriers, avec aussi du talent, des principes de jeu qu’on répétait depuis trois ans avec notre entraîneur, Gérard Fernandez. On pratiquait un football pragmatique qui reposait sur des individualités très fortes et du jeu de transition avec deux flèches sur les côtés (Mendy et Lafleuriel) et un finisseur qui s’appelait Pape Thiaw. Au milieu, avec N’Dour, Tagherset et moi, on faisait partie des meilleurs de notre génération. Et derrière, on avait des battants : Pontal, Meslien, Mauro, Grondin qui est ensuite parti à Arsenal.

La différence avec les U19 de 2019 ? La qualité et la variété de jeu. Même si le football et la formation ont évolué et qu’il est difficile de comparer, je trouve, dans la globalité, que cette génération est plus talentueuse que la nôtre. Là, on a une équipe capable d’avoir des temps de possession, avec de la technicité, de la maîtrise, des attaques placées. Dans ce groupe, il n’y a pas de faiblesse. Le moins bon des joueurs est un très bon joueur. L’équipe change sans s’affaiblir. C’est une génération homogène. Il n’y a pas de hasard, c’est un projet qui a été construit. La Gambardella met en lumière le travail de tout un club sur plusieurs années, avec un recrutement de qualité fait par Gérard Fernandez et ses équipes et un entraîneur, Razik Nedder qui a bâti cette génération depuis les U12.

Il faut vivre pleinement la chose car c’est unique et se concentrer sur la préparation du match, les entraînements, la diététique, le plan de jeu, sur ce que vous allez avoir à faire sur le terrain. Cela va se jouer sur des petits détails. Il ne faut surtout pas se laisser distraire par autre chose ou penser à l’après-match. C’est l’équipe qui va le mieux gérer ça qui l’emportera. J’ai totalement confiance en Razik et son staff, en nos joueurs.[/penci_blockquote]