Xavier Court, 50 ans et co-fondateur du site vente-privee.com, est officiellement entré au conseil de surveillance de l'ASSE présidé par Bernard Caïazzo. Cet amoureux des Verts va pouvoir y apporter son expertise et son savoir-faire afin de permettre au club de se structurer, notamment dans le secteur du digital et du divertissement.

Peuple-Vert.fr : Nous avons été étonné de vous voir arriver au conseil de surveillance de l'ASSE. Nous ne savions pas que le club cherchait quelqu'un... Comment cela s'est-il passé ?

Xavier Court : Ce n'est pas que le club cherchait. Il se trouve que la vie c'est aussi des opportunités. J'ai été administrateur du fond d'action du football, j'ai aidé Bernard Caïazzo sur des réflexions au niveau du syndicat "Première Ligue" et on s'est bien entendu. Je pense qu'il trouvait mes idées intéressantes et il m'a demandé si je pouvais donner un coup de main. Moi évidemment j'ai sauté sur l'occasion ! L'ASSE est mon club de cœur, j'y allais tout le temps quand j'étais gamin.

Qu'apportez-vous de différent ?

Les deux co-présidents c'est vraiment intéressant. Pour côtoyer pas mal d'autres clubs je trouve que Bernard Caïazzo et Roland Romeyer se complètent, ont deux approches très différentes et c'est une bonne chose. C'est la même chose avec les personnes qui siègent au sein du conseil de surveillance. Je pense que l'ASSE souhaitait voir arriver quelqu'un qui venait d'un autre secteur d'activité. Je vais essayer d'apporter mon savoir-faire à l'ASSE.

Avez-vous été missionné par le club, au vu de votre profil, pour développer un secteur en particulier ?

Non, non. C'est plus global mais mon savoir-faire est plutôt dans le digital. De mon côté j'ai le digital. Le digital c'est extrêmement important pour l'expérience dans les stades, pour l'expérience des supporters, la billetterie, le paiement sans contact... Il y a énormément de choses qui amènent le digital et ça c'est mon savoir-faire donc je vais essayer d'aider l'ASSE à ce niveau. Je pense qu'aujourd'hui c'est une vraie révolution avec l'arrivée des smartphones il y a plein de choses que l'on peut faire ! Je rentre des USA où je suis allé voir des matchs de hockey, de basket de football américain pour vivre et observer les expériences dans les stades. Il y a des choses super intéressantes qu'on pourrait importer à Geoffroy Guichard.

Vous êtes un homme occupé avec la société Vente-privee.com dont vous êtes le co-fondateur. Vous coiffez une nouvelle casquette ? Comment trouvez-vous le temps de vous investir dans toutes ces activités ?

C'est aussi l'avantage du digital. Ça n'est pas si évident que ça, mais grâce au digital on peut être à plusieurs endroits en même temps ce qui est un premier avantage. Le deuxième, c'est que Vente-privee.com a beaucoup grossi, on a acheté beaucoup d'entreprises, on a fait venir pas mal de sang neuf et de ce fait j'y ai un rôle beaucoup moins opérationnel. Aujourd'hui j'ai plus un rôle d'administrateur. J'ai donc plus de temps pour en donner au club.

Vente-privee.com c'est 3 milliards d'euros de chiffre d'affaire dans le monde c'est ça...?

Oui c'est à peu près ça. Nous avons 4500 collaborateurs, on est présents dans 13 pays. Ce mercredi nous avons racheté le "Vente-privee" polonais ce qui fait que nous ouvrons même notre 14ème pays...

Faites vous partie des partenaires de l'ASSE ou l'envisagez-vous dans le futur ?

(il coupe) Non, non, non. Et d'ailleurs tout l'intérêt c'est que je n'en ai finalement aucun ! Je n'ai aucun intérêt financier ou économique dans l'ASSE. C'est réciproque puisque l'ASSE n'a aucun intérêt économique non plus avec Vente-privee.com. Je suis totalement indépendant.

C'est une volonté de le rester ?

Oui c'en est une. Vente-privee ne sera jamais sponsor de l'ASSE car c'est un site principalement féminin alors que le foot est pour le moment principalement masculin. Ce n'est pas notre cible. L'autre raison c'est que Vente-privee.com ne fait jamais de publicité. Je m'engage vraiment par passion et bénévolement sans aucun intérêt autre que le plaisir.

Vous aviez 10 ans au moment de la finale à Glasgow... Quelle est votre histoire avec l'ASSE ?

J'ai une histoire un peu particulière avec l'ASSE puisque mon père était responsable marketing et communication chez Manufrance à l'époque. J'ai été élevé avec des joueurs mythiques qui venaient à la maison. A 8 ou 9 ans je voyais arriver chez moi Christian Lopez ! Oswaldo Piazza habitait juste en-dessous de chez mes grand-parents. J'ai retrouvé une lettre adressée à mon père dans laquelle Roger Rocher le remerciait pour les transistors radio qu'il avait bien voulu offrir aux joueurs ! C'était vraiment une autre époque (rires). Je suis un vrai pur stéphanois. Je suis toujours allé au stade avec mon père. Ce qui est drôle aujourd'hui c'est que mon fils, qui est né à Paris, est davantage supporter des Verts qu'un stéphanois pur jus ! Quand il était petit il jouait dans une petite équipe du PSG et il me disait souvent : "Mais papa, si jamais le PSG me recrute, je peux refuser et aller à l'ASSE ??" (rires). Ma soeur est abonnée à Geoffroy Guichard et ne rate aucun match...

C'est donc une vraie histoire d'amour familiale avec l'ASSE. Votre arrivée est donc tout sauf un hasard...

Exactement, ce n'est pas un hasard. C'est vraiment mon club de coeur. D'ailleurs l'autre jour quand je suis rentré pour la première fois sur la pelouse de Geoffroy Guichard avec mon badge, c'était un vrai frisson et un grand plaisir. Bernard Caïazzo m'a proposé d'aller dans le vestiaire mais je lui ai dit que non, pas tout de suite, c'est déjà beaucoup d'émotion ! (rires) A St-Etienne, et j'ai pu m'en apercevoir, il y a une vraie ambiance bon-enfant. Que ce soit un stadier, un employé, Dominique Rocheteau, les présidents... Personne ne se la joue, il y a des vraies valeurs !

Avez-vous assisté à la défaite contre Nancy ? Qu'en avez-vous pensé ?

Non je n'a pas pu, j'étais retenu. A l'ASSE il y a de très bons joueurs, mais rien de comparable avec le PSG par exemple. Il est normal qu'il y ait un problème de fatigue. Ils ne peuvent pas faire des exploits tout le temps et tout mener de front. Ça fait beaucoup ! J'aurais adoré qu'ils rejouent une finale de coupe de la Ligue ! A Gerland en plus ç'aurait été drôle !

Il y a quand même des priorités à gérer. Celle du moment est de se requalifier en coupe d'Europe pour la saison prochaine. Le club est extrêmement bien géré. C'est parfois un peu frustrant mais c'est le seul club en France qui gagne de l'argent depuis le début. Pas de l'argent pour les actionnaires mais pour réinvestir dans le club. J'ai été bluffé par les installations sportives.

Est-ce que finalement la gestion n'est pas trop bonne et n'empêche-t-elle pas cette prise de risque qui permettrait de faire venir un vrai "top player" ?

Je ne peux pas donner mon avis sur le sportif car je n'ai ni les capacités ni les qualités et encore moins la responsabilité pour le faire. L'ASSE est une entreprise comme une autre. Si on veut durer il faut la gérer au mieux. Elle ne peut pas être en déficit car c'est une entreprise privée. La ville de St-Etienne n'est pas non plus la plus riche du monde et ne peut pas mettre plus d'argent que ce qu'elle propose déjà. Le club est bien géré avec ce binôme de présidents. Il y en a un qui est beaucoup plus sur la partie économique, le business, la gestion, c'est Bernard Caïazzo. Et l'autre est beaucoup plus sur les joueurs, les supporters, le stade, c'est Roland Romeyer. Les deux se complètent vraiment comme je l'ai déjà dit. Il y a Roland Romeyer qui est un vrai passionné absolu et Bernard Caïazzo qui a une vision plus globale du foot de par ses activités notamment. D'ailleurs j'aimerais rétablir une vision erronée des choses. Je ne suis pas un proche de Bernard Caïazzo. C'est lui qui m'a amené au conseil de surveillance mais moi je me sens aussi proche de Bernard que de Roland. Je ne fais pas parti d'un clan.

Mais l'ASSE ne pourrait-elle pas investir plus quand même ?

C'est compliqué. Il y a moins de monde dans les stades. Il y a notamment plein de choses à faire pour ramener plus de monde dans les stades avec le développement du digital. Il faut faire venir les familles dans les stades comme j'ai pu le voir aux USA. C'est fantastique. Chez nous on croise plutôt des hommes... Il y a un vrai travail à effectuer. Il faudrait aussi revoir les horaires des matchs. De la même manière, il faudrait envisager à nouveau la question de la bière dans les stades. Sans pousser à l'alcoolisme, je pense qu'on peut faire les choses en proposant une bière plus légère avec une gestion attentive des choses. C'est un peu hypocrite car les gens peuvent acheter des bières à l'extérieur, à 100 mètres du stade. Ce qui m'étonne aujourd'hui à Geoffroy Guichard, qui possède la plus belle ambiance que j'ai vue, c'est que les gens arrivent cinq minutes avant le début de la rencontre.

Aux USA, les rencontres sportives sont des vraies sorties. Ce n'est pas uniquement assister à un match et repartir !

Si demain les deux présidents vous proposaient de prendre leur succession à l'ASSE vous accepteriez ?

Non, ce n'est pas du tout le sujet et ça ne fait pas partie de mes investissements. Ce n'est absolument pas mon objectif.

Est-ce qu'avec vous l'ASSE peut compter sur quelqu'un qui lui fasse franchir un palier, lui permette d'entrer dans une autre dimension en s'appuyant notamment sur les loisirs, l'entertainment (divertissement) comme on dit aux USA et comme ça se fait à Lyon par exemple ?

C'est déjà ce que veulent faire Bernard Caïazzo et Roland Romeyer. Ils travaillent déjà beaucoup dessus et ont recruté des gens pour le faire. moi je suis effectivement là pour les aider là-dessus parce que je crois énormément à ça. Même si ça va faire hurler beaucoup de stéphanois, Jean-Michel Aulas fait du très bon boulot avec le Parc OL. Demain Geoffroy Guichard devra également prendre ce virage et se transformer comme ça. Le stade n'appartient pas à l'ASSE mais à la ville. Il y a une réflexion là-dessus également. Je crois beaucoup au spectacle vivant. Il faut retravailler ça, que les gens aient envie d'aller au stade. Ce n'est pas moi qui amène ça. Je pense que Bernard est venu me proposer ce poste car il a ça en tête et qu'il cherche des gens pour l'aider à ce niveau là.

Nous remercions Xavier Court pour son extrême gentillesse et sa disponibilité.