Julien Sablé, fraîchement promu directeur du centre de formation à l'ASSE explique en exclusivité pour Peuple Vert les grands axes du projet "La Mine Verte" présenté en mars dernier aux dirigeants. Ce vaste projet innovant va courir sur 3 années et devrait permettre au club de progresser dans la formation des jeunes joueurs, mais également sa capacité à "sortir" des éléments susceptibles d'alimenter les professionnels...
Les présidents ont indiqué vouloir investir plus massivement sur le centre. A quoi va servir cet argent ?
L'organigramme qui a été présenté montre déjà les efforts financiers consentis. Les équipes qui évoluent au niveau national possèdent dorénavant toutes des binômes à leur tête, ce qui représente un vrai coût financier. Il y a un éducateur principal pour chaque équipe avec un préparateur athlétique qui fait également fonction d'adjoint. On se structure également dans tout ce qui touche à l'organisation administrative. Les dirigeants ont accepté de créer un poste de secrétaire au centre afin de me décharger d'une grande partie de tâches indispensables mais chronophages. Il y aura également des moyens mis sur l'amélioration du mental de nos jeunes joueurs. Le but étant d'amener le joueur à mieux se connaître et à gérer la pression du haut niveau à travers des techniques encore trop peu utilisées comme celles qui concernent par exemple la respiration. Cela implique des moyens humains, même si les éducateurs seront formés à cela, mais également des outils dont il faudra se doter. La vidéo sera également un outil mis en avant. Romain Barq et Mickaël Dumas vont travailler ensemble sur ce projet. On va acheter du matériel. Le but est de filmer toutes les rencontres des équipes de jeunes, mais aussi quelques entraînements. Les jeunes joueurs sont très sensibles à la vidéo. C'est un support qui leur parle. C'est un axe d'apprentissage important dans la pédagogie du jeune footballeur.
Tu ne parles pas de rémunération... Bernard Caïazzo expliquait qu'à un moment pour attirer les jeunes joueurs cela représentait un coût. Qu'en est-il ?
Il y a déjà eu un budget qui a été alloué par les dirigeants pour pouvoir se battre avec nos concurrents. Il y a eu un gros effort de fait à ce niveau. Ce budget était presque obligatoire, même si St-Etienne attire aussi par son nom, ses valeurs, son image. Ce n'est pas suffisant, on est dans une société où l'argent est important. C'est un gros effort de la part du club. Il est évident que si le joueur n'est pas bon au départ, on aura du mal à en faire un élément performant. Les bons joueurs ont un coût et forcément plus de chances de percer plus tard.
Certains parents vont toutefois vers le plus offrant... Il y en a qui choisissent le projet plutôt que l'argent ?
Oui heureusement, sinon on ne pourrait pas se battre ! Des clubs nous chipent des joueurs en sortant le chéquier, c'est évident. Mais il y a encore des gens qui ont des valeurs. L'ASSE représente beaucoup.
Dans le projet de la Mine Verte, as-tu fixé un objectif de classement FFF du centre de formation au bout des 3 ans...?
C'est difficile. Les critères retenus par la fédération ne nous sont pas favorables. Par exemple, en étant très jeune en tant qu'éducateur, je vais marquer très peu de points à titre personnel... J'ai indiqué aux dirigeants qu'il faudrait surtout juger le travail du centre par rapport à sa progression dans les méthodes de travail. Par des tests physiques, tactiques, des démonstrations vidéos de nos progrès. C'est sur notre capacité à alimenter les professionnels qu'il faudra aussi nous juger. Il y a quelque chose qui me tient à coeur. Aujourd'hui, il est très compliqué à un jeune joueur de passer de la réserve au top 6 que nous visons en L1. A St-Etienne, nos joueurs ont mois le temps d'arriver à maturité que des jeunes joueurs de l'OL. Par exemple, Alexandre Lacazette avait joué 50 matches de CFA avant d'évoluer en pro. De notre côté, Kenny Rocha ou Arnaud Nordin ont moins de 20 matches en réserve. Ces joueurs là sont très vite aspirés chez les professionnels et ont très peu de temps pour prendre en maturité. Un joueur comme Kenny Rocha doit être prêt chez nous à 17 ou 18 ans. A Lyon, ils les gardent jusqu'à 20 ou 21 ans... Il faut former plus de bons joueurs afin que dès qu'un joueur arrive à maturité, un autre soit tout de suite là pour prendre sa succession dans les équipes de jeunes.
Le temps de jeu est également important...
On va avoir des discussions avec le futur entraîneur. Ces jeunes joueurs ont besoin de jouer, rien ne remplace les matches. Je sais que le profil du prochain entraîneur de l'ASSE est d'être quelqu'un qui a connu la formation. On l'attend avec impatience pour travailler main dans la main.
Enfin, comme de coutume, quel message souhaites-tu faire passer à nos lecteurs ?
Tout ne sera pas parfait. Il y aura des bons week-ends et des moins bons... On promet beaucoup de travail, de ne jamais vivre sur nos acquis et rester figé. Bien évidemment chacun va donner le meilleur de lui-même. On peut avoir des convictions, mais j'ai demandé aux éducateurs d'être curieux, dans la remise en question permanente. On est l'ASSE, on est fiers de nos couleurs. On peut perdre des matches mais jamais sur le comportement. C'est un maître-mot : sur l'attitude et le comportement de nos joueurs on sera toujours intransigeants ! Nous sommes un grand club avec un grand écusson. On préférera se passer d'excellents joueurs si on sent qu'ils ne s'inscrivent pas dans les valeurs et la philosophie du club.
Merci à Julien Sablé pour sa gentillesse et sa disponibilité.
Retrouvez la première partie de l'interview ici :