Joss Randall est le chroniqueur régulier de Peuple Vert ! Alors les puristes diront que c’est Josh et pas Joss !! Et alors ! Tu veux que je sorte ma Winchester vitriolée pour te faire regretter ton aplomb jeune gardien de vache(rie) ? En tout cas, si t’as pas affaire à moi, t’auras à bosser l’art du contre avec Joss Randall… Alors, on fait toujours le malin ?!? A toi Joss...

 

APOLOGIE DE LA TRISTESSE ORDINAIRE

« Si la tristesse est une faiblesse, la douleur est une force à qui sait s'en servir. » Henri-Frédéric Amiel ; Fragments d'un journal intime (1821-1881)

 

Salut les Groupies.

Ça devait arriver.
Il aura fallu attendre la Chronique 77 de @JossRandall42 pour avoir une Chronique TRISTE.
77 … comme cette année où nos Verts ramenaient la Coupe de France après avoir battu le Stade de Reims 2-1, qualifiant ainsi nos couleurs d’espoir en Europe pour la défunte Coupe des Vainqueurs de Coupe. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans … etc.

Tristesse, nostalgie. C’est juste pour prévenir celles et ceux qui viennent de temps en temps lire mes pauvres délires dans l’unique but de se fendre le pébroque à la lueur d’un ou deux bons mots, qu’ils feraient mieux ce coup-ci de passer la main, et d’aller mater un bon vieux DE FUNES, sinon ils risquent d’en être de leur voyage …
Car ce Dimanche 5 novembre 2017 restera pour moi à jamais une soirée bien spéciale, de celles dont on se relève mal, avec ce goût amer dans la bouche, persistant, comme quand j’avais 12 ans et que j’avais pris ma première grosse peinture par abus de Pelforth brune, et dont j’avais mis une semaine à me remettre. Là je crois que ça sera même plus long…

Car en ce dimanche 5 novembre dans et autour du Chaudron, il s’est passé beaucoup de choses, trop de choses. Mais elles ont un dénominateur commun : elles sont toutes tristes à pleurer.

TRISTESSE…

… Sportive.
Commençons par le commencement, même si finalement, c’est de celle-ci dont je me remettrai le plus vite, tant l’écart footballistique absolument abyssal entre nos Verts et les Voisins était écrit d’avance. Après mes trois dernières chroniques où j’annonçais la catastrophe, j’ai reçu pas mal de remontrances sur Twitter. On me reprochait de jouer les Cassandre de l’Apocalypse en annonçant la branlée, on me traitait de « mauvais supporter ». J’aurais tant voulu me tromper, mais …
Je ne vais même pas me lancer dans l’analyse du match (quel match d’ailleurs ??), mais s’il y a bien un truc de « drôle » dans tout ça, c’est que quand on regarde bien notre première mi-temps, avec recul et objectivité, on s’apercevra qu’en terme de situations offensives créées, c’est peut-être notre meilleure mi-temps depuis …. Nice. Et oui. Et pourtant, en relevant la tête vers le tableau d’affichage je vois « 0-2 ». Déjà.
Et surtout, j’ai cette impression bizarre qu’on en bave des rond de chapeau, qu’on est au taquet, au maximum de ce qu’on sait faire …  alors qu’en face, ils jouent sans forcer, se disant - certainement à juste titre d’ailleurs - que même en cas d’improbable but de l’ASSE, bah ils leur suffira d’accélérer « juste un peu » pour aller en marquer un ou deux de plus.
Tristesse enfin de faire ce froid constat qu’aucun des joueurs de notre effectif, RUFFIER mis à part (et éventuellement PERRIN, s’il était capable de jouer plus de 50% d’une saison complète) ne serait titulaire dans l’équipe d’en face. Aucun.
Si le résultat final, l’humiliation me piquent encore le cul ce jour (j’ai appelé toutes les pharmacies de la Loire, elles sont toutes en rupture de stock de crèmes anti hémorroïdes depuis lundi matin), pendant le match, ce sont les yeux qui m’ont piqué de voir l’écart de niveau technique et tactique, de voir où nous sommes tombés …

TRISTESSE …

… ensuite, de ce que ce Derby est devenu. Sorte d’apologie constante de la haine. Moi je pensais naïvement qu’il était quand même encore question de foot aussi, au moins « un peu ». Mais c’est apparemment terminé tout ça.
Je pourrais vous parler du gamin de 15 ans qui à côté de moi a passé 90 minutes à hurler des insanités anti-lyonnaises sans même comprendre 10% de ce qu’il braillait (il était même question de terrorisme, à un certain moment. Si, si …), sans même regarder la pelouse.
Je pourrais vous parler des incidents d’avant-match, des courses dans les rues, de la violente électricité qui était palpable, flottant dans l’air humide de Sainté ce soir-là.
Je pourrais vous parler des excédents de fumi, de ces longues minutes d’attente, et de certaines banderoles.

Je pourrais vous parler de ce père de famille et de son gamin qui ont fini la soirée à l’hôpital.

Je pourrais vous parler des envahissements de terrain.
Je pourrais vous parler de tout ça .. mais j’ai pas envie. Chacun a le choix de sa route, chacun a le droit d’aimer « son » Sainté. Celui de dimanche soir n’était juste pas le mien, c’est tout.
Je vais juste vous parler d’une chose : mon frère, Lulu, m’a dit un jour qu’il ne voulait plus venir voir les derbys. Je me suis longtemps demandé pourquoi.
Et dimanche soir, j’ai enfin compris.

TRISTESSE …

… du lendemain.
… Comme une gueule de bois mal maîtrisée. Une gueule de bois qui dure. Et tout cet emballement, tout de déchaînement qui continue …. Toujours du foot, vous croyez ??!!
Même les réactions dans notre propre camp me sidèrent. Car je me dis que parmi les 40000 personnes présentes dans le Chaudron, je ne dois quand même pas être le seul à avoir compris que c’est fini le foot des années 70, le foot où on pouvait, comme nos Verts légendaires, gagner des titres sans avoir plus de talent que les autres, mais en ayant plus de cœur et de tripes. Que de « charbonner » sur le terrain suffisait à gommer les écarts. Mais si « mettre de l’impact » doit se traduire par le geste de LACROIX à la 47ème, alors ce foot-là, je vous le laisse bien volontiers. Aucun intérêt.
J’entends beaucoup de choses, je lis beaucoup de choses depuis dimanche. Et beaucoup d’énormes conneries surtout. J’entends qu’il faut « tout faire péter », qu’il faut « virer Garcia » … Alors OK banco les gars. On fait tout péter. On vire Garcia. Et après, les mecs ? Il fera quoi celui qui arrivera derrière avec PAJOT, LACROIX, MAIGA, M’BENGUE, SODERLUND, et la bande. Il fera quoi avec des joueurs en carton comme HAMOUMA (+ 8 semaines à l’hosto, et BIM ! … alors qu’il en sort … lui qui veut une reconversion au sein du club, surtout qu’il ne choisisse pas de devenir préparateur physique, de grâce !!!!), DIONY +4, SILVA +3, PERRIN + ???, CABELLA, …..
La cerise sur le gâteau : j’ai vu ce soir sur Infosport un supporter stéphanois visiblement et honnêtement triste, parce qu’il venait de se rendre compte à travers cette humiliation historique, que les joueurs de foot d’aujourd’hui n’étaient « plus attachés au maillot qu’ils portent » …. Et j’étais vraiment, sincèrement, infiniment triste pour lui, car je pense qu’il y « croyait » vraiment jusque-là.
Non mais ALLÔ quoi, Nabila !! Allô !!??!!
L’amour d’un joueur de foot pour un maillot (quel qu’il soit), à quelques très rares exceptions près (PERRIN par exemple) est mort le 15 décembre 1995, le jour où la CJCE (Cour de Justice des Communautés Européennes) a rendu un arrêté désormais connu sous le nom d’Arrêt Bosman.
Dimanche nous avons été simplement battus, fessés plutôt, par plus forts que nous. Beaucoup plus forts.
Mais que les Lyonnais aient (pour une fois) la victoire un peu plus humble que ce qu’ils ont montré. Car ils ont battu un club devenu 4,5 fois moins puissant économiquement. Et n’en déplaise aux nostalgiques des 70’s, nous sommes en 2017, un temps où l’argent a remplacé l’amour du maillot et la sueur.

LA COMPLAINTE DE NABIL

J’ai hésité à même seulement en parler. J’ai failli plutôt vous parler du manque d’humilité des Lyonnais dans la victoire, connue et parfaitement établie (ce n’est pas de moi, donc j’en parle librement), des tweets d’Aulas qui me donnent envie soit de rire, soit de de vomir, et qui rapetissent chaque fois un peu plus un personnage dont l’histoire aurait pourtant pu retenir qu’il a fait de grandes choses (on verra bien ce que l’histoire en retiendra, mais je ne parierais pas que ça sera ce que lui pense).

Mais vu la battage médiatique que cette histoire de célébration a fait, je ne pouvais pas ne pas en dire un mot. Et pourtant, pour tout avouer, avec deux jours de recul, je m’en cogne un peu de FEKIR et de son maillot brandi.
Mais quand même … ce n’est pas tant le fait qu’il aura ainsi démontré - une fois de plus et si besoin était - qu’il avait la tronche remplie de sable fin, le Nabil … car finalement, il n’est ni plus ni moins con comme une table que 90% des autres joueurs de foot, les nôtres y compris.
C’est la notion de responsabilité globale qui m’intéresse.
Car si les joueurs ne sont pas capables de comprendre ce que la culture et l’éducation du supportérisme sont devenus en France, en pensant par exemple qu’elle est la même qu’en Espagne (cf. la fameuse comparaison avec Messi et sa célébration lors du classico gagné 2-3 à Bernabeu) ; et si les éducateurs autour d’eux ne sont pas capables de leur inculquer cette prise de conscience, alors le jour viendra, forcément, où on retrouvera des gamins écrasés contre des grilles.
Et ce jour-là, ça sera la dernière fois que je mettrai les pieds dans un stade.
A moins que le souvenir persistant de la gueule de bois d’après le dimanche 5 novembre 2017 ne me décide même à y mettre un terme sans attendre ce genre de drame.

PS : je vous avais prévenu que cette Chronique ne serait pas drôle. Donc si vous êtes arrivés jusqu’à ce PS, il est trop tard pour vous plaindre.