Il y a de fortes chances que TSI ne soit pas la sociétés porteuse du rachat de l'ASSE, pas plus qu'elle ne l'était pour le club de Portsmouth il y a 10 ans. En essayant de glaner quelques renseignements sur la société TSI, nous sommes parvenus à trouver un document très intéressant et qui permet de comprendre la stratégie de la société de capital-risque dans le football...
TSI veut imiter le City Football Group, c'est en tout cas ce que nous pouvons imaginer au regard des documents que nous avons trouvés sur la toile. Le groupe propriétaire de Manchester City possède pas moins de 10 clubs dans le monde entier, dont l'ESTAC (France, L1). Porté essentiellement par des fonds des Emirats Arabes Unis et chinois, le City Football Group a pour objectif d'administrer un ensemble de clubs constituant un réseau dont la tête de pont est Manchester City. Une façon de développer l'image des investisseurs à travers le monde et de performer sportivement en s'offrant une véritable toile de clubs à différents niveaux sportifs.
TSI s'inspire de cette stratégie en s'adossant à la fortune de Sergeï Lomakin. Déjà propriétaires du FC Pafos (Chypre, D1), du FC Riga (Lettonie, D1), du FC Rodina (Russie, D3), du FC Teungueth (Sénégal, D1), du FK AUDA (Lettonie, D2) et du Parana Clube (Brésil, D3), la stratégie semble de vouloir proposer une véritable tête de pont à ce réseau de clubs en se portant acquéreur d'un club dans un championnat reconnu en Europe. L'ASSE a donc été désignée pour représenter cette tête de pont.
En y regardant de plus près, il est intéressant de constater que cette stratégie était programmée il y a déjà quelques années. Il s'agissait alors d'acquérir un club de L2 française, puis de L2 espagnole avant de conquérir le Royaume-Uni pour y racheter un club de 3ème division.
A défaut de L2, Sergeï Lomakin, encouragé par la bonne santé financière de Fix Price, chaîne de magasins discount russe, a souhaité accélérer ses investissements dans le football en s'attaquant à un club historique français. L'introduction en bourse de Fix Price a permis en mars dernier une capitalisation boursière de l'ordre de 8,3 milliards de dollars, soit 7,3 milliards d'euros. Parmi les principaux investisseurs, l'américain BlackRock, plus important gestionnaire d'actifs au monde, et le fonds souverain qatari...
De quoi se donner les moyens de son ambition en utilisant l'ASSE pour développer son image et se faire un nom en Europe occidentale. Il ne serait pas étonnant que la chaîne Fix Price débarque sur le sol français, voire même à St-Etienne... comme un symbole.
Sergeï Lomakin s'est constitué sa fortune tout seul. Il possède donc une réelle capacité pour identifier les forts potentiels et pour les développer. S'il a imaginé l'ASSE pour asseoir son image et faire connaître son nom, il faut donc croire et espérer qu'il ne se trompe pas.
TSI a également contribué à moderniser les infrastructures des clubs qu'il a racheté. C'est le cas pour le FC Riga qui a bénéficié de la construction de terrains et autres structures d'entraînement de très haut niveau. Le projet est identique dans le club Sénégalais du FC Teungueth qui devrait accueillir, dans les mois ou années à venir, des infrastructures de haut niveau, qu'elles soient sportives, d'hébergement ou hotellières.
L'ASSE, qui dispose déjà d'infrastructures sportives de très bon niveau, pourrait-elle également espérer voire le centre Robert Herbin se moderniser ? C'est une possibilité. A ce jour, le centre de formation est largement perfectible, notamment au niveau de son internat.
La stratégie de TSI est donc bien réfléchie et ne laisse que peu de place au hasard. Actuellement, les conseillers de Sergeï Lomakin travaillent sur le projet sportif : quels constats, quels possibilités d'amélioration à très court terme, quels objectifs à moyen et long terme. Un document nous permet de comprendre comment TSI envisageait la progression du FC Pafos lors de son acquisition. L'objectif est clair : devenir champion et participer régulièrement à la coupe d'Europe, d'abord en Europa puis en Champion's League. TSI est-il dans les temps ? Le club chypriote est un peu en retard sur les objectifs. Programmé pour un top 4 l'an passé, il n'a terminé qu'à la 7ème position. Alors qu'il vise le podium, il se classe actuellement au 5ème rang. Ce qui étonne toutefois, c'est la valse des entraîneurs qui se sont succédés à la tête de l'équipe professionnelle. Démarrée en 2019 avec Jérémy Steele (Ang), l'aventure s'est poursuivie avec Cameron Toshack (fils de l'éphémère coach de l'ASSE John Toshack) avant de continuer cette saison avec Darko Milanic...
Si TSI a élaboré un maillage qui semble assez confus, il semble toutefois que l'objectif ait été de "se faire la main" afin d'éprouver des méthodes. L'ASSE arrive comme le dernier (?) étage d'une fusée allumée il y a 3 ans. Seuls des moyens colossaux seront de nature à crédibiliser le projet de Sergeï Lomakin. Autre point d'attention, les hommes qui composeront le board de l'AS St-Etienne. Il s'agira de rassurer et de s'entourer d'hommes rompus au football français et connaisseurs de ce dernier. L'ASSE fait partie des joyaux de la couronne du football français, et il serait destructeur d'imaginer que de parfaits étrangers seront adoubés par des supporters extrêmement attachés à leur histoire, leur ville et les valeurs de leur club.