2 mai 2024
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🚨 Laurent Batlles, plus que jamais sur la sellette avant Caen ?

Laurent BATLLES (Entraineur Saint-Etienne ASSE) during the Ligue 2 BKT match between Saint-Etienne and Caen at Stade Geoffroy-Guichard on December 30, 2022 in Saint-Etienne, France. (Photo by Alexandre Dimou/FEP/Icon Sport)

Le match ASSE-Valenciennes a laissé un goût amer aux supporters verts. Sortis sous les sifflets des spectateurs présents en tribune, les joueurs ont livré une prestation terne et insipide. Plus que le résultat final : 0-0, c’est le manque de tranchant et de révolte qui amène à se demander si Laurent Batlles est encore le bon capitaine pour mener le navire ASSE en Ligue 1 ?

Laurent Batlles, quel bilan ?

Un début de saison raté

Laurent Batlles est venu à l’AS Saint Etienne pour un projet d’accession en Ligue 1 sur deux ans. Sa première saison fut compliquée, mais semée d’embûches : retrait de trois points pour commencer le championnat, groupe à reconstruire, climat délétère autour du club et des actionnaires… Les supporters stéphanois conscients de toutes ces difficultés ont fait preuve de patience et de soutien auprès de leur entraîneur. Depuis sa prise de fonction, le coach des verts comptabilise 44 matchs pour 16 victoires, 13 nuls et 15 défaites soit 1,38 point/match. Une moyenne beaucoup trop faible pour un prétendant à la montée.

Cette saison, Laurent Batlles souhaitait donc prendre rapidement des points pour se lancer idéalement. Après cinq matchs, l’ASSE se retrouve 15ᵉ avec 5 points au compteur et une seule et maigre victoire. Au regard des adversaires rencontrés, cela semble bien insuffisant. En effet, si Grenoble (4ᵉ) a tout d’une équipe pouvant jouer les troubles fêtes, Annecy (11ᵉ), Rodez (14ᵉ), Valenciennes (17ᵉ) et QRM (19ᵉ) vont sûrement se battre tout au long de la saison pour obtenir leur maintien. Si un début de saison moyen ou raté n’est en rien rédhibitoire, pour preuve Metz et Le Havre se classaient 7ᵉ et 10ᵉ avec 7 et 6 points la saison dernière, les prestations ne prêtent pas à l'optimisme.

Victor Lobry lors de Annecy - ASSE (28 août 2023) au Parc des Sports d'Annecy.
LPP Sport x Peuple-Vert.fr

23 recrues et 50 joueurs utilisés

Depuis son arrivée au club en juin 2022, Batlles semble à la recherche perpétuelle de stabilité. Les nombreux recrutements ratés de la cellule de recrutement ne l’ont pas aidé, mais depuis son arrivée, il a utilisé un total de cinquante joueurs. Un chiffre qui peut s’expliquer par le fait de reconstruire un groupe après la désillusion de la relégation en mai 2022. Ainsi, en quatorze mois, pas moins de 23 joueurs sont arrivés au club, dont plusieurs anciens troyens pour lesquels Batlles a milité (Pintor, Giraudon, Chambost et maintenant Tardieu), pour un bénéfice variable.

Après une deuxième partie de saison 2022/2023 réussie, Batlles souhaitait surfer sur la dynamique et faire preuve de continuité. Suite à une préparation estivale ratée, l’entraîneur stéphanois a déjà utilisé 24 joueurs en seulement cinq rencontres. Ce manque de régularité dans les compositions d’équipe se ressent dans le jeu avec un manque d’automatisme et de relation entre les joueurs assez flagrant.

Un projet de jeu incompris par les joueurs ?

Après plus d’un an de coaching, plusieurs facteurs peuvent interroger : Laurent Batlles parle régulièrement de son projet de jeu, mais quel est-il vraiment ? Bloc bas, median, haut ? Volonté d’imposer un rapport de force à l’adversaire ? Depuis le début de saison, difficile de trouver une rencontre durant laquelle l’ASSE s’est montrée conquérante et dominante. Comme le résume Alain Merchadier dans Le Progrès après ASSE /VA : « On dirait que les joueurs sont perdus sur le terrain, qu’ils courent dans le vide. Il n’y a pas d’idée de jeu, de schéma de jeu. »

Dans son projet de jeu, une chose semble immuable, son système tactique en 3/5/2. Si durant la première partie de saison 2022/2023, le coach stéphanois s'est essayé à une défense à quatre, il a vite installé une défense à trois pour ne plus y toucher. Ce début de saison à confirmer cette tendance. Alors que l’effectif stéphanois ne possédait aucun piston de formation pour causes d’instance de transfert ou de blessures, Batlles a préféré mettre en difficulté certains joueurs comme Lobry, Petrot ou Appiah, en les alignant en tant que piston. Poste pour lequel ils n’ont ni l’habitude, ni les qualités pour performer.

Trop rigide

Un bon entraîneur ne doit-il pas s'adapter pour tirer toute la quintessence de son effectif ? Didier Deschamps déclare sur son rôle de coach : « Le plus important, c'est d'être capable de s'adapter. S'adapter au groupe dont on dispose. Aussi, s'adapter à son lieu de travail. S'adapter à l'environnement de la ville. C'est essentiel l'adaptabilité. L'adaptabilité ça signifie avoir conscience des points forts et des points faibles du groupe. Avoir conscience des différents facteurs extérieurs qui peuvent impacter votre sphère. Et s'adapter à tout ça. Modifier ce qu'on a mis en place sans avoir peur du changement ».

Laurent Batlles semble s’obstiner à mettre en place à Saint-Etienne ce qu’il a magnifiquement réussi à Troyes. Deux clubs différents, deux contextes et environnements différents, alors sa stratégie sera-t-elle la bonne ou va-t-elle le mener droit dans le mur ?

Stéphane Diarra et Dylan Chambost lors de Annecy - ASSE (28 août 2023) au Parc des Sports d'Annecy.
LPP Sport x Peuple-Vert.fr

Peu de progrès et des joueurs qui doutent de leur entraîneur ?

Des joueurs qui ne progressent pas ou peu

Tomas Tuchel déclare : « Moi, je suis là pour les joueurs. Je suis là pour développer leurs qualités. Tirer le meilleur de ce qu'ils sont. Développer leur personnalité. Les influencer. Les aider à franchir les obstacles, les remuer. Je suis là pour leur offrir la liberté dont ils ont besoin pour jouer. C'est ça mon job ». À l’ASSE, il est difficile de véritablement citer des progrès chez certains joueurs. Sûrement Léo Petrot qui fait preuve d’une belle régularité, Wadji auteur d’une belle deuxième partie de saison dernière et Niels Nkounkou partit exercer ses talents en Bundesliga. Cela semble bien peu.

Un joueur qui ne progresse pas est un joueur pouvant vite lâcher mentalement. L’attitude et le manque d’envie affiché contre Rodez, QRM, Annecy ou encore Valenciennes, montrent que peu de joueurs paraissent vouloir donner corps et âmes pour un entraîneur déjà sous pression. L’effectif stéphanois ne semble pas en phase avec la tactique du coach Batlles.

Des sorties de joueurs qui intérrogent

En effet, un joueur titulaire pour la première journée de championnat contre Grenoble, a déclaré dans l’intimité du vestiaire « ne plus vraiment comprendre ce que veut faire le coach ». Preuve d’un malaise entre l’entraîneur et une partie de son groupe.

Autre élément qui appuie cette sensation, les déclarations de Louis Mouton suite à son départ en prêt à Pau « Le coach a évoqué une situation compliquée, on était 20ᵉ, c'était compliqué de mettre beaucoup de jeunes avec un minimum d'expérience sur le terrain, des joueurs allaient arriver. J'en ai fait les frais. Je n'ai pas de regret, j'ai travaillé. J'ai été déçu, je n'ai toujours pas compris. Mais c'est le monde adulte, professionnel : il n'y a pas de cadeau. Si le coach te met de côté, il faut lui montrer qu'il a tort. Je n'ai pas réussi à le faire à Sainté, j'espère le faire à Pau. Quand je reviendrai et si Laurent Batlles est toujours là, j'espère qu'on pourra en parler sainement, sans regret ni remords. »

Ces propos montrent que la communication entre Batlles et une partie de son effectif n’est pas aussi fluide qu’on veut nous le faire croire. La communication externe dans laquelle le message est « le groupe vit bien » n’est peut-être pas la réalité absolue.

Un entraîneur toujours soutenu par ses joueurs et dirigeants ?

Autre point essentiel pour l’avenir de Laurent Batlles, la direction stéphanoise soutient-elle toujours son entraîneur ? Le métier de coach est difficile. C’est essentiel pour un entraîneur d’avoir le soutien de sa direction pour pouvoir se concentrer sur le terrain et performer. Aujourd’hui, plusieurs facteurs permettent de douter d’un soutien plein et entier envers Laurent Batlles. Le mercato effectué cet été en est un. Si l’arrivée de Florian Tardieu, dans les derniers jours du mercato, est un souhait de Batlles, le manque de vitesse pour recruter des joueurs de couloirs interroge.

Le poste de piston est un rôle clef dans l’animation voulue par le coach stéphanois. Il a fallu attendre le 24 août pour voir arriver Bentayg, seul véritable piston de métier de l’effectif. Avec ce manque de joueurs de côtés, les décideurs ont mis Laurent Batlles en difficulté sur ses premiers matchs. Ont-ils voulu tester sa capacité à s’adapter et à surmonter les épreuves, où est-ce simplement une stratégie politique pour montrer au public stéphanois les failles de leur entraîneur ? L’avenir nous le dira. Les interventions de Loïc Perrin auprès du groupe stéphanois et la vidéo dévoilée de l’intervention, de Batlles dans le vestiaire après la victoire contre QRM, ne sont certainement ni validé, ni du goût de l’entraîneur stéphanois. Le coach de l’ASSE n’est sûrement pas dupe, et sait qu’il sera le premier fusible à sauter en cas de tempête.

Loic PERRIN of Saint Etienne and Laurent BATLLES coach of Saint Etienne during the Friendly match between Grenoble and Saint Etienne on July 15, 2022 in Chambon-sur-Lignon, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport)

Conclusion

Laurent Batlles connaît une aventure stéphanoise semée d’embûches. Les obstacles se présentent les uns après les autres sur la route ligérienne. Après la trêve internationale, aura lieu le premier gros test de la saison avec le déplacement à Caen. Ce match ressemble terriblement à la rencontre ASSE/Annecy du 4 février 2023, où le coach stéphanois jouait sa place. Sept mois plus tard, rien n’a changé à l’ASSE.

Les verts sont toujours dans l’incertitude. À la fois sur les véritables ambitions des actionnaires et dirigeants, sur le niveau de jeu des joueurs mais aussi sur la capacité de Laurent Batlles a fédérer son groupe. Ces interrogations perpétuelles sont nuisibles au développement du club. Batlles n’est certainement pas la cause profonde du déclassement année après année de l’ASSE. Néanmoins, il sait très bien qu’il sera le premier à payer les frais d’une énième intersaison ratée. En cas de résultat négatif à Caen, Laurent Batlles sera t-il remercié ? C'est une question qui va se poser avec insistance...

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