La Ligue de Football Professionnel (LFP) traverse une crise institutionnelle majeure après une série d’échecs retentissants. Alors qu’une réforme historique se dessine, l’ASSE, pourtant représentée dans les groupes de travail, reste étonnamment silencieuse.

Depuis plusieurs saisons, la LFP accumule les revers : faillite de MediaPro, abandon de DAZN, rupture avec Canal+, son diffuseur historique. Conséquence directe : une chute drastique des droits TV et une répartition jugée inéquitable. Le PSG continue de capter une part disproportionnée, tandis que la majorité des clubs souffrent. Un exemple frappant : le RC Lens, qui percevait 6 M€ par an en Ligue 2, n’en reçoit plus que 3 M€ en Ligue 1. Les conditions parfaites pour produire un championnat à deux vitesses sans solidarité, suspense ou équité.

Une LFP fragilisée par ses échecs

Pour tenter de reprendre la main, la LFP et les clubs ont lancé leur propre chaîne, Ligue 1+. Mais la fracture laissée par l’échec de DAZN auprès des abonnés risque de mettre des années à se résorber. Dans ce contexte, Vincent Labrune est la cible principale des critiques. On reproche à l’ancien président de l’OM sa gestion approximative, des dépenses injustifiées, sa proximité avec Nasser Al-Khelaïfi et une incapacité à redresser la situation.

Une réforme inspirée du modèle anglais

Pour sortir de l’impasse, Philippe Diallo, président de la FFF, pousse une réforme majeure. Le projet : faire disparaître la LFP dans son format associatif pour la remplacer par une société commerciale contrôlée par les clubs, avec un directoire piloté par un CEO choisi par ces derniers. La FFF conserverait un droit de regard via une action préférentielle assortie d’un pouvoir de veto.

La réforme prévoit également :

  • un plafonnement des salaires et un encadrement des effectifs inspirés du fair-play financier,
  • une nouvelle plateforme de diffusion dédiée, alors que les incertitudes sur les droits TV demeurent pour 2025-2026.

Si une proposition de loi est adoptée à l’automne 2025, ce basculement pourrait être effectif. Reste que l’instabilité politique actuelle en France pourrait retarder le processus.

Ivan Gazidis en coulisses, mais pas au premier plan

En mai dernier, L’Équipe révélait que Philippe Diallo avait mis en place plusieurs groupes de travail pour préparer cette mutation. Parmi les noms cités figuraient Marc Keller (Strasbourg), Damien Comolli (Toulouse), Baptiste Malherbe (AJA)… et Ivan Gazidis, président de l’ASSE. Depuis, Comolli a rejoint la Juventus, laissant une place vacante au Conseil d’administration de la LFP.

Ancien dirigeant de la MLS, dont il fut l’un des fondateurs, Gazidis possède une expérience précieuse dans la création et la structuration de championnats. Un atout qui pourrait peser dans les débats à venir, alors même que l’idée d’un championnat français avec playoffs avait comme par hasard fait surface. Pourtant, ni lui ni les dirigeants stéphanois ne se sont exprimés publiquement sur le sujet.

Une absence de l'ASSE remarquée dans les instances

Trois sièges du Conseil d’administration de la LFP sont actuellement à pourvoir. Les postulants se nomment Jean-Michel Roussier (Le Havre), Waldemar Kita (Nantes), Fabrice Bocquet (Nice) et Loïc Féry (Lorient). "Roussier, opposant déterminé à Labrune, ce dernier n'a pas été retenu par ses pairs. Ce qui accréditera l'idée que l'opposition au président de la LFP (qui souhaite de toute façon quitter son poste d'ici quelques mois) ne gagne pas de terrain si vite que ça. Bocquet (84,75 % des suffrages), Kita (76,68 %) et Féry (60,09 %) sont donc élus." (L'Equipe)

Le silence de l'ASSE détonne dans ce contexte. Les dirigeants stéphanois semblent préférer ne pas s'exprimer publiquement alors même que l’organisation et la répartition des recettes du football français devraient être des enjeux majeurs pour le club.

Il faut dire que le chantier est déjà vaste du côté du Forez. On semble pour l’instant concentrer les efforts en interne après une relégation en Ligue 2, des audits profonds et une large refonte de leur organigramme. Larry Tanenbaum, Ivan Gazidis et Huss Fahmy ont assuré que la crise des droits TV ne remet pas en cause leur plan. Mais leur silence peut toutefois être remarqué.

LFP : Une succession déjà en réflexion

En coulisses, plusieurs présidents envisagent de renverser Vincent Labrune, qui se tiendrait prêt à céder sa place au moment de la réforme. Selon nos informations, le président du Paris FC, Pierre Ferracci, réfléchirait sérieusement à briguer sa succession à la LFP. Ses bonnes relations avec Canal+ pourraient notamment lui donner un avantage certain.

Les prochaines semaines s’annoncent décisives. Alors que le football français se dirige vers une transformation historique, la discrétion de l’ASSE interroge. Si les Verts se veulent ambitieux dans les années à venir, les dirigeants stéphanois devront également trouver leur place au sein des instances.