Le ministère de l'Intérieur envisage la dissolution de plusieurs groupes de supporters en France, dont les Magic Fans (MF91) et les Green Angels (GA92), groupes de supporters emblématiques à l'ASSE. Une décision qui suscite une vive opposition, notamment du côté du sénateur de la Loire, Pierre-Jean Rochette, qui dénonce une "erreur totale" et une mesure inefficace.
Interrogé par France Bleu Saint-Étienne Loire, Pierre-Jean Rochette s’insurge contre cette menace de dissolution qui, selon lui, ne répond à aucune réelle problématique sécuritaire. Il estime que les groupes ultras ne figurent pas parmi les préoccupations majeures des Français en matière de sécurité. "Si on consulte les Français pour leur demander quels sont leurs problèmes, jamais les groupes ultra ne sortiront en tête", explique-t-il.
Pour lui, cette annonce s’inscrit davantage dans une politique de communication qu’une réelle volonté d’apporter une solution aux débordements parfois observés autour des stades. "Vous pouvez dissoudre, ça fera un effet d'annonce qui ne réglera aucun problème au fond", assure-t-il.
Le risque d’une ambiance sacrifiée
Dissoudre les Magic Fans et Green Angels, c’est toucher à l’identité même de l’ASSE et de son stade Geoffroy-Guichard. "Dissoudre un groupe entier qui aujourd’hui contribue à la ferveur que nous avons dans le stade, c’est participer à la mort d’un club", prévient le sénateur.
Pour lui, l’ambiance unique du Chaudron repose sur l’engagement des ultras qui, en plus d’animer les tribunes, réalisent des tifos spectaculaires et créent un lien fort avec l’histoire du club et son territoire. Supprimer ces groupes reviendrait à affaiblir l’âme même de l’ASSE.
Une autre approche nécessaire
Pierre-Jean Rochette propose une alternative à la dissolution pure et simple des groupes ultras. Il suggère notamment la mise en place d’un système de permis à points pour les supporters. Grâce aux technologies actuelles, il est possible d’identifier et de sanctionner individuellement les fauteurs de troubles, plutôt que de pénaliser l’ensemble d’un groupe.
Il rappelle que la grande majorité des ultras sont des passionnés qui contribuent à la ferveur du football français, et qu’il est injuste de les associer systématiquement aux débordements de quelques individus isolés. "Qu’on de fasse payer tout un collectif qui travaille pour mettre de l’ambiance dans un stade, c’est une erreur", insiste-t-il.
Un dialogue nécessaire avec les ultras
Au-delà de la dissolution, le manque de dialogue avec les groupes de supporters est un problème central. Selon le sénateur, les ultras ne sont pas fermés aux discussions, au contraire : "Ce ne sont pas des idiots, on peut leur parler".
Il prend pour exemple la question des fumigènes, souvent source de tensions entre supporters et autorités. "Aujourd’hui, on peut l’encadrer. J’ai parlé avec les ultras, ils sont d’accord pour des cages à fumigènes", explique-t-il, suggérant ainsi une approche plus constructive plutôt qu’une interdiction brutale qui ne ferait qu’alimenter les tensions.
Une menace qui plane toujours
Si le ministère de l’Intérieur n’a pas encore officialisé cette décision, la menace reste bien réelle. Et pour Pierre-Jean Rochette, cette démarche ne fera qu’exacerber les tensions plutôt que de les apaiser. Il plaide pour une approche plus intelligente et concertée, afin de préserver ce qui fait la richesse du football populaire : des tribunes vivantes et engagées.
Reste désormais à voir si cette alerte sera entendue et si un véritable dialogue pourra s’ouvrir entre les ultras, les clubs et les autorités. Une chose est sûre, la disparition des Magic Fans et des Green Angels marquerait un tournant dramatique pour l’ASSE et son légendaire Chaudron.