Face à Bastia, l’AS Saint-Étienne avait le ballon, le terrain et le soutien de Geoffroy-Guichard. Comme souvent cette saison, les Verts ont installé leur jeu, multiplié les séquences dans le camp adverse et dicté le tempo. Mais, derrière cette domination qui a encore accouché d'un résultat décevant, un homme orchestre silencieusement le jeu stéphanois : Florian Tardieu. Son influence ne saute pas toujours aux yeux… jusqu’à ce que les chiffres viennent éclairer son rôle.

À Geoffroy-Guichard, Saint-Étienne aime imposer son rythme. La réception de Bastia s’inscrivait parfaitement dans cette logique. Historique largement favorable à domicile, adversaire en difficulté loin de ses bases, scénario propice à une rencontre à sens unique. Sur le terrain, la possession a confirmé cette impression.

Les Verts ont confisqué le ballon, repoussé le bloc corse et installé le jeu dans la moitié adverse. Pourtant, malgré cette emprise territoriale, le match est resté ouvert. Une situation devenue presque familière cette saison : beaucoup de contrôle, peu de marge au score.

Le cœur du jeu stéphanois se joue entre les lignes

Dans ce type de rencontre, tout se joue dans les zones intermédiaires. Là où le bloc adverse hésite, là où les lignes se tendent puis se fissurent. C’est précisément dans ces espaces que le rôle du milieu prend toute son importance. À l’ASSE, ce rôle revient à Florian Tardieu. Sans chercher la lumière, le milieu oriente, temporise, puis accélère quand l’ouverture se présente. Il sert les côtés, trouve les attaquants entre les lignes et permet à l’équipe de rester haute sur le terrain. Sa présence donne de la cohérence au jeu placé voulu par Eirik Horneland.

Cette influence ne repose pas sur des gestes spectaculaires, mais sur une répétition constante. Match après match, Tardieu touche énormément de ballons, toujours dans l’idée de faire progresser le jeu. Peu de passes latérales inutiles, beaucoup de ballons joués vers l’avant, parfois dans des fenêtres très étroites.

C’est ici que la statistique devient parlante. Cette saison, Florian Tardieu est le milieu de terrain qui casse le plus de lignes par la passe en Ligue 2, avec 186 passes progressives franchissant au moins une ligne adverse, comme le rappelle le site officiel de la Ligue 2. Un total très largement supérieur à celui de ses concurrents directs. Le second compte 69 passes de moins que le milieu stéphanois !

Florian Tardieu : décisif à tous points de vue !

Ce chiffre, aussi impressionnant soit-il, souligne aussi une réalité plus nuancée. Si Tardieu casse autant de lignes, c’est parce que l’ASSE passe beaucoup de temps en possession haute. Mais cette domination ne suffit pas toujours à verrouiller les matches.

Le lien est clair : Saint-Étienne progresse bien jusqu’aux trente derniers mètres, mais peine encore à transformer cette supériorité au tableau d'affichage. Les passes existent, les situations aussi, mais la maîtrise des deux surfaces reste perfectible.

Florian Tardieu incarne parfaitement l’ASSE version Horneland : ambitieuse dans le jeu, structurée dans la possession, mais encore fragile dans la gestion des temps forts. Son activité et sa justesse permettent aux Verts d’imposer leur style. Pourtant, et c'est là tout le paradoxe, c'est ce même Florian Tardieu qui, à quelques minutes de la fin de la rencontre, a tremblé au moment de convertir le pénalty du 3-2...