À quelques jours d’un 8e tour historique, Écotay-Moingt vit un moment suspendu. Le club de R3, déjà auteur d’un parcours exceptionnel, s’apprête à fouler la pelouse de Geoffroy-Guichard pour affronter… l’AS Saint-Étienne. Un rendez-vous unique, presque intime, tant l’amour des Verts irrigue chaque recoin de cette structure amateur forte de 500 licenciés. Son président, Nicolas Laveille, a expliqué à Poteaux Carrés pourquoi cette rencontre dépasse le cadre d’un simple match de Coupe de France.

Nicolas Laveille plante le décor avec une sincérité désarmante. Pour lui, parler de « derby » n’a aucun sens : « On est très respectueux et admiratifs de l’AS Saint-Étienne. Quand on est footballeur dans la Loire et dans le foot amateur, on est tous pour l’AS Saint-Étienne. Au club, c’est exactement ça. On va supporter les deux équipes sur ce match-là. »

L’USEM n’est pas un club comme les autres. Fusion de deux structures historiques du Forez, Ecotay et Moingt, il porte depuis plus de vingt ans une culture de formation, de bénévolat et de fidélité rare. Une famille plus qu’un club. Et ce 8e tour est vécu comme une récompense collective.

Le match face à Saint-Étienne a basculé… dès l’annonce de Loïc Perrin

La magie a réellement commencé quand Loïc Perrin en personne s’est présenté pour annoncer l’inversion du terrain. Un moment qui restera gravé : « Pour les joueurs, c’était complètement inattendu. Ils avaient les yeux qui brillaient. Loïc Perrin… pour nous, c’est le symbole de l’ASSE. Qu’il prenne le temps de venir, c’est une marque de respect incroyable. »

Cette décision, soutenue par la direction stéphanoise, a provoqué une onde d’excitation sur tout le Montbrisonnais. « Ils vivent une préparation exceptionnelle », résume le président, ému de voir ses joueurs récompensés après trois ans de travail intense sous les ordres d’Éric Cognet.

Saint-Étienne a tout fait pour que ce soit une fête

Laveille ne cache pas son admiration pour l’accueil réservé par le club professionnel. « On a été reçus de très belle façon. On a senti le professionnalisme mais aussi la bienveillance. C’est très sain. Je suis très fier d’être fan de l’ASSE. »

Il raconte aussi la décision de proposer des places à 10 euros, une preuve supplémentaire de la volonté de faire de ce match un événement populaire. Un geste d’autant plus fort que, financièrement, Saint-Étienne n’avait aucune obligation d’inverser et assumera des frais importants.

L’histoire d’un club où 70 % des joueurs sont formés maison

L’USEM incarne le football amateur dans ce qu’il a de plus pur. La majorité des joueurs ont grandi au club, et certains travaillent ou étudient loin de Montbrison avant de revenir s’entraîner en soir de semaine. « Ils ont toujours répondu présent. Ce sera difficile émotionnellement d’arriver sur la pelouse, mais une fois le coup d’envoi donné, il y aura deux adversaires. Je suis certain qu’ils se lâcheront. » Le capitaine Benoît Brunon, passé par Andrézieux, joue un rôle clé : transmission, rigueur, passion. Avec le coach Cognet, il porte un groupe uni et sans star-system.

Un club qui vit sur un budget modeste… mais des valeurs immenses

Laveille ne se cache pas : « On est à un peu plus de 150 000 euros de budget. C’est très modeste. Tout le bénévolat autour du club prend un sens immense. »

Les infrastructures sont limitées, les terrains vieillissants, mais les valeurs associatives compensent largement. Et peut-être que ce match ouvrira de nouvelles perspectives : « Tout est envisageable », sourit-il en évoquant un possible rapprochement avec l’ASSE pour améliorer les structures.

Une aventure humaine avant tout

L’anecdote qu’il choisit pour conclure en dit long. Après la qualification arrachée en Lozère à la 96e minute, une rencontre improbable a eu lieu dans une station-service en pleine nuit. « On a rencontré des rugbymen qui avaient gagné aussi. Une vraie communion entre deux groupes. J’ai adoré ce moment. C’est l’imprévu, la joie d’être ensemble. »

Plus que du football, Écotay-Moingt vit une aventure humaine. Et ce samedi, au cœur du Chaudron, ce club amateur va toucher du doigt un rêve partagé par tout un territoire.