Alors que de nombreux clubs profitent de la trêve internationale pour programmer des matchs amicaux, l’ASSE a, une fois de plus, choisi de ne pas jouer. Une stratégie assumée par le staff stéphanois, qui suscite interrogations et débats.
Pendant que des formations comme Reims, Le Mans, Pau, Annecy... enchaînent les oppositions amicales, les Verts ont choisi une autre voie. Aucun match n’a été programmé, et les entraînements ont même été suspendus quelques jours. De quoi alimenter les discussions, notamment sur les réseaux sociaux, où certains supporters s’interrogent : pourquoi ce choix ? Est-ce judicieux alors que d'autres poursuivent la compétition ? La réponse est bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Une préparation qui a débuté le 19 juin
D’abord, rappelons que l’ASSE a repris sa préparation estivale très tôt, dès le mois de juin, le 19 précisément. Ils ont entamé cela avec un volume d’entraînement conséquent. Ce rythme précoce et intense nécessite, à un moment donné, une période de digestion physique. C’est là qu’intervient un principe fondamental de l'entraînement : la surcompensation. Pour progresser, il faut aussi savoir couper au bon moment afin de permettre à l’organisme de récupérer et de mieux assimiler les charges passées.
Les saisons sont de plus en plus longues. Beaucoup de clubs se plaignent du nombre important de matchs déjà disputés. Cela a fait beaucoup de bruit, il y a un an, comme le mentionnait Jules Koundé. « Le calendrier se charge chaque année, on a toujours plus de matchs et de moins en moins de repos, a détaillé le Français. Ça fait trois ou quatre ans qu’on le dit et personne ne nous écoute, nous les joueurs, qui sommes les premiers acteurs. »
Pour l'ASSE, les choses sont bien différentes sans compétition européenne. Toutefois, entre août et mai (sans compter toute la phase de préparation), certains joueurs peuvent en théorie disputer environ 45 matchs. Cela inclut la Coupe de France et les matchs internationaux. Il est donc important de gérer de manière optimale les temps de jeu.
L’absence de nombreux internationaux justifie la pause de l'ASSE
Un autre facteur majeur justifie cette trêve sans match : la dispersion de l’effectif. De nombreux joueurs de l'ASSE sont actuellement avec leurs sélections nationales. Par exemple, Ben Old, Ebenezer Annan, Mahmoud Jaber, Zuriko Davitashvili, Irvin Cardona ou encore Lucas Sassin, auteur d’un doublé avec les U21 belges. Organiser une rencontre dans ces conditions aurait impliqué de jouer sans une grande partie de l’équipe première. Dès lors, la tenue d’un match amical aurait perdu une grande part de son intérêt sportif.
Par ailleurs, même sans confrontation officielle, le club reste actif. La réserve et les jeunes continuent de jouer, permettant aux éléments en manque de temps de jeu, tels que Maçon, Moueffek ou Duffus, de rester en rythme. En interne, des oppositions peuvent également être organisées pour maintenir un certain niveau d’intensité. Les entraînements ne se sont bien évidemment pas complètement arrêtés. Les Verts ont effectué des séances quotidiennes jusqu'à ce jeudi midi. Ensuite, ils observeront plusieurs jours plus calmes.
Les bienfaits physiques et mentaux d’une coupure maîtrisée
Au-delà de l'aspect logistique, il y a de véritables avantages physiologiques et psychologiques à accorder quelques jours de repos. Plusieurs études montrent qu’une réduction bien planifiée du volume d'entraînement permet de limiter la fatigue accumulée tout en optimisant les effets positifs de la préparation passée. C’est ce qu’on appelle la période d’affûtage. Elle permet d’aborder les semaines suivantes avec plus de fraîcheur, sans perte significative de condition physique. Cela est possible à condition de maintenir un minimum d’activité, ce qui est le cas à l'ASSE.
Mais il ne faut pas négliger un autre aspect souvent oublié : la fatigue mentale. Dans un club comme Saint-Étienne, où la pression est constante et les objectifs élevés, une courte pause permet aux joueurs de se vider la tête. Elle leur permet également de relâcher la tension cognitive accumulée depuis le début de saison. Cela a aussi pour objectif de revenir avec une concentration renouvelée. La recherche montre que cette fatigue mentale a un impact direct sur la perception de l’effort et la performance. En coupant quelques jours, les joueurs peuvent retrouver lucidité et engagement.
En conclusion, ce choix de ne pas disputer de match pendant la trêve n’est ni un aveu de faiblesse, ni une erreur stratégique. Il s’inscrit dans une planification globale du staff, qui prend en compte la charge de travail passée, la fatigue des joueurs, les absences internationales et la nécessité de maintenir un équilibre. Cette approche individualisée et réfléchie pourrait s’avérer payante dans la durée.