L’AS Saint-Étienne a concédé sa première défaite de la saison en Ligue 2 face à Guingamp (2-3). Après sept journées sans accroc, la répétition des matchs et l’efficacité bretonne ont mis un coup d’arrêt à la dynamique stéphanoise. Derrière une possession flatteuse, les chiffres mettent en lumière des carences déjà entrevues depuis plusieurs semaines.

Sur le papier, l’ASSE a dominé. 62 % de possession, 631 passes tentées pour 88 % de réussite. Des standards élevés, habituels, mais qui n’ont jamais débouché sur un vrai danger. En 90 minutes, les Verts n’ont pénétré que 19 fois dans la surface guingampaise et n’ont cadré que deux tirs. Une frappe de Stassin à la 76e minute et le but de Nade dans le temps additionnel. L'un des symbole de cette panne d’inspiration, Zuriko Davitashvili. 37 ballons touchés, 10 perdus, aucune percussion. Rapidement frustré, il a incarné l’incapacité des Stéphanois à faire sauter un bloc compact.

Une rotation insuffisante ?

La gestion d’Erik Horneland est pointée du doigt. Sur une semaine à trois matchs, la rotation a été quasi inexistante.

  • Boakye, déjà à bout physiquement contre Amiens (sorti à la 89e minute), a rejoué 90 minutes quatre jours plus tard.

  • Duffus (14 minutes), Old (26 minutes) n’ont jamais vraiment eu l’occasion d’apporter du sang frais.

  • et Cardona (107 minutes cumulés) sur 3 matchs c'est son plus faible total depuis le début de la saison.

Résultat, entre changements trop tardifs et reconduction du même onze de départ, les individualités n’ont pas su masquer la fatigue. L’équipe est apparue émoussée, nerveuse et sans inspiration.

Des chiffres qui confirment la stérilité offensive

Le constat est le même au milieu. Tardieu a touché 120 ballons et réussi 96 passes, avec une passe décisive sur coup franc, mais sans jamais accélérer le rythme. À ses côtés, Jaber a signé son plus petit total de ballons touchés de la saison (48), loin de son rôle habituel de dynamiteur.
La construction est restée stérile, Lamba (94 ballons), Bernauer (89) et Nade (74) complètent le podium stéphanois en ballon touché derrière Tardieu. Autre preuve du manque de progression dans le jeu stéphanois hier soir.
En attaque, Stassin n’a touché que 5 ballons dans la surface en 84 minutes, pour un total famélique de 0,16 xG. Muselé, le buteur belge n’a pas eu d’impact réel.

Guingamp plus tranchant et agressif

À l’inverse, Guingamp a su maximiser ses occasions. Avec moitié moins de possession, les Bretons ont tenté 12 tirs dont 7 cadrés, pour 3 buts marqués. Leur impact physique a fait la différence.

  • 43 duels remportés contre 33 pour l’ASSE

  • 16 interceptions contre 9

  • 18 tacles réussis contre 13

La frustration a gagné les Verts. Bernauer a été expulsé après avoir perdu ses nerfs, tandis que Lamba a été averti sur le but de Nade pour avoir chargé le gardien afin de récupérer le ballon. Jaber, lui, a échappé de peu au rouge sur un tacle très limite.
De son côté, Guingamp a assumé un jeu rugueux, haché, parfois même anti-sportif. Sylvain Ripoll, qui parlait de “jouer la carte à fond face au mastodonte stéphanois”, pouvait se montrer fier d'infliger la première défaite des stéphanois.

Un premier accroc logique ?

Cette première défaite n’efface pas le bon départ de l’ASSE, mais elle met en lumière une fragilité récurrente face aux blocs compacts. Boulogne ou Amiens avaient déjà donné des sueurs froides. Grenoble et Laval avaient neutralisé les Verts. Cette fois, Guingamp a frappé là où ça fait mal.
Tactiquement, Saint-Étienne devient peut-être prévisible. Sans rotation et sans variété offensive, l’ASSE s’expose à revivre le même scénario contre des adversaires qui joueront “le match de l’année” face aux Verts. Pour Horneland, il est urgent de diversifier le jeu et de mieux gérer ses hommes, sous peine de voir d’autres pièges se refermer.