Le retour en Ligue 1 n’a pas été préparé de manière optimale. Les nouvelles recrues, censées apporter un souffle de fraîcheur et de qualité à l’équipe, n’ont pas encore prouvé leur valeur sur le terrain. Comme le souligne l'article de L'Équipe, l’été stéphanois a été marqué par une série de mauvais choix dans la gestion du mercato. Les dirigeants de Kilmer Sports Ventures (KSV), nouvelle entité propriétaire du club, ont injecté 23 millions d’euros, mais ces investissements tardifs se sont révélés insuffisants pour structurer une équipe compétitive dès les premières rencontres.
Un mercato qui interroge...
Libres depuis la fin de leur contrat en juin dernier, des joueurs comme Aïmen Moueffek et Mickaël Nadé ont été prolongés tardivement. Pas de quoi les mettre dans les meilleures dispositions pour préparer la nouvelle saison. En parallèle, certains choix de recrutement, comme celui de Zuriko Davitashvili et Yunis Abdelhamid, ou des paris Old et Boakye, n’ont pas encore donné les résultats escomptés. La défense, historiquement un point fort de l’ASSE, est aujourd'hui en grande difficulté, comme le démontrent les statistiques : 5 rencontres, 1 but marqué, 15 encaissés.
La gestion du club est également un point de tension. Depuis son rachat par KSV, l’AS Saint-Étienne est dirigée par un triumvirat aux influences partagées entre des acteurs locaux et étrangers. La cohabitation (forcée ?) entre Jean-François Soucasse, Ivan Gazidis, Samuel Rustem, Jeason Rosenfeld, Loïc Perrin et Huss Fahmy interroge. Cette organisation complexe pose la question de la clarté dans la prise de décision au sein d'une organisation dirigée par un conseil d'administration, et non plus un directoire chapeauté par un conseil de surveillance.
Un triumvirat de trop à la tête de l'ASSE ?
Ivan Gazidis, ancien directeur général d’Arsenal, a tenté d'apporter une nouvelle vision, mais cette gestion à deux têtes, avec des directions locales et délocalisées, semble brouiller les lignes. La question qui se pose aujourd'hui est : quand est-ce que KSV va voler de ses propres ailes avec ses propres hommes ? On ne peut imaginer que le triumvirat Soucasse-Rustem-Perrin, héritage des anciens actionnaires, reste en place. Une façon de tourner la page, de casser un management et des méthodes qui n'ont pas toujours abouti à des réussites, et d'apporter davantage de compétences, surtout dans le secteur sportif.
L’entraîneur Olivier Dall’Oglio, arrivé en décembre 2023, est également dans la tourmente. En dépit de son expérience en Ligue 1, il peine à trouver la bonne formule pour son équipe. La clause de reconduction automatique de son contrat en cas de montée pourrait bien se retourner contre lui. Il semble déjà en difficulté après seulement cinq journées, et son avenir pourrait être remis en question si les résultats ne s’améliorent pas rapidement.
Olivier Dall'Oglio condamné avant même d'avoir pu prouver ?
La gestion du vestiaire est également problématique. Dall’Oglio a dû composer avec des joueurs en fin de contrat et une hiérarchie peu claire. Certains cadres n'ont pas encore été remplacés (Cardona, Mbuku), et les nouveaux venus n’ont pas encore réussi à s’imposer. Le résultat est un manque flagrant de cohésion sur le terrain, ce qui se traduit par des performances en demi-teinte. Pour autant, il serait dur de condamner ODO après cinq journées. Une nouvelle division, de nouveaux joueurs dont plusieurs qui n'ont encore pas foulé les pelouses de Ligue 1 cette saison, de jeunes joueurs à incorporer... Dall'Oglio a beau être passé par Dijon, il y a toutefois des mayonnaises plus faciles à faire prendre !
Du côté des supporters, si les sifflets ont résonné à Geoffroy-Guichard après la défaite face au Havre, la patience semble se réduire. Le combat des ultras commence à s'orienter vers les joueurs avec des banderoles qui fleurissent du côté de l'Etrat. Combien de temps encore les groupes de supporters vont-ils épargner la nouvelle direction et KSV ? Tout dépendra sûrement des signaux extérieurs, qu'ils soient sportifs ou de gestion des ressources humaines. Le renvoi de Dall'Oglio ou la réorganisation interne du club en écartant tout ou partie de l'ancien triumvirat sont des leviers.
Éteindre le feu à l'ASSE, et vite !
Il est encore tôt pour tirer des conclusions définitives, mais les signaux d’alerte sont nombreux. L’ASSE est prise entre des problèmes internes de gouvernance, des choix sportifs discutables, et une pression croissante sur l’entraîneur et les joueurs. La saison est encore longue, mais une réaction rapide est nécessaire pour éviter que la maison Verte ne prenne feu pour de bon.
Le défi qui attend les Stéphanois est de taille. Le temps est compté pour Dall’Oglio, qui doit rapidement trouver les solutions pour inverser la tendance. Si les résultats ne s’améliorent pas, la direction pourrait être tentée de prendre des mesures drastiques pour sauver ce qui peut encore l’être.
Ainsi, la question reste ouverte : est-il déjà trop tard pour Saint-Étienne, ou l’équipe peut-elle encore se relever et faire honneur à son statut de promu en Ligue 1 ? Les prochaines semaines seront cruciales. Si KSV n'avait peut-être pas anticipé de reprendre un club déjà en Ligue 1, on ne peut imaginer que le projet de reconstruction ne prévoit un retour en Ligue 2. À moins que...