L'AS Saint-Etienne reçoit l'Olympique de Marseille ce dimanche 8 décembre. Notre historien maison revient sur 5 affiches marquantes entre l'ASSE et l'OM.

6 novembre 1938 : ASSE-OM 1-0

Saint-Etienne et Marseille se sont affrontés pour la première fois le 6 novembre 1938 dans le cadre de la 10ᵉ journée du championnat de D1. Les Verts, promus, sont la révélation de la saison car ils viennent de battre coup sur coup Lille à domicile (2-0), un des cadors de l’épreuve, et Sochaux à l’extérieur (2-1), les champions de France en titre. Conséquence, avant de recevoir l’OM, ils sont premiers ex æquo avec les Olympiens même s’ils comptent un match de plus.

Pour jouer contre cet adversaire que l’ASSE craint énormément, William Duckworth, l’entraîneur stéphanois, a reconduit l’équipe victorieuse de Lille et Sochaux : Llense – Gardet, Rohlion (cap), Snella, Odry, Rich, Pasquini, Tax, Cabannes, Hess, Roux. Il les croit capable de réaliser un nouvel exploit.
Devant plus de 10 000 spectateurs, les hommes de Rohlion vont faire jeu égal avec l’armada marseillaise qui a voulu faire prévaloir son expérience, forte de son titre de championne de France en 1937. Mais déjà, la presse nationale a noté que l’ASSE a su faire preuve de générosité dans l’effort, de solidarité et a su s’appuyer sur l’aide du public pour marquer l’unique but du match à la 85ᵉ minute par Ignace Tax, son génial autrichien. Grâce à cette troisième victoire consécutive, Saint-Etienne marque un grand coup et s’empare seul de la première place du classement pour la première fois de son histoire.

3 mai 1975 : ASSE-OM 4-1

L’AS Saint-Etienne reçoit Marseille pour le compte de la 36ᵉ journée du championnat de France. Une semaine après son élimination en demi-finale de la Coupe des Champions face au Bayern Munich, les Stéphanois n’ont qu’une envie : assurer leur participation pour la prochaine édition de la compétition. Pour cela, ils doivent battre leur rival marseillais sur lequel ils ne comptent qu’un point d’avance à deux journées de la fin du championnat même s’ils ont deux matches de retard à disputer. Le titre n’est donc pas encore dans la poche. L’OM se présente à Geoffroy Guichard avec Bereta dont c’est le retour après son déchirant départ l’hiver précédent et ses deux brésiliens aussi talentueux qu’imprévisibles, Paulo Cesar et Jarzinho.
Ce sera l’occasion d’une terrible mise au point entre le champion et son dauphin. Le face à face entre deux équipes que tout oppose, entre un club enraciné dans ses valeurs stéphanoises et un OM et ses caprices de nouveaux riches ne pouvait donner qu’un match étincelant. D’autant plus que les Marseillais espéraient laver l’affront de la défaite du match aller (1-2).

C’est d’ailleurs Paulo Cesar qui ouvre le score rapidement de la tête en devançant la sortie d’Yvan Curkovic et pendant la première mi-temps, les Phocéens paraissent supporter la comparaison.
Mais lorsque l’ASSE décide de passer à la vitesse supérieure, tout l’édifice marseillais s’écroule et en six minutes en deuxième mi-temps, les Verts explosent l’OM en marquant trois buts imparables. le milieu de terrain stéphanois souverain a pris le match à son compte et a tout balayé sur son passage. Étincelant, Jean-Michel Larqué a marqué un but dont il se souviendra longtemps : une chevauchée de cinquante mètres, quatre adversaires feintés, dont l’indéboulonnable Marius Trésor et un tir de 20 mètres implacable qui a trompé le gardien marseillais. C’est une revanche pour le capitaine stéphanois dont le nom est scandé par une foule qui a oublié très rapidement qu’elle préférait la technique de Bereta à celle de Larqué alors que le néo-Marseillais est copieusement sifflé aujourd’hui.

Avec cette victoire éclatante 4-1, Saint-Etienne sait qu’il a fait le plus dur. Les joueurs peuvent dès lors se permettre d’entamer un tour d’honneur et offrir leur maillot à cette foule qui les a tant soutenus jusque-là. C’est l’apothéose, le point d’orgue d’une saison exceptionnelle. Même le quotidien « L’Equipe » ne s’y trompe pas et titre en Une : « ST-ETIENNE, VIRTUEL CHAMPION » avec des commentaires plus dithyrambiques les uns que les autres.

12 décembre 1999 : ASSE-OM 5-1

L’AS Saint-Etienne, qui vient de remonter en D1, reçoit l’Olympique de Marseille pour la 19ᵉ journée du championnat de France. Les deux équipes n’ont pas les mêmes objectifs et pourtant elles sont égalités au classement, 7ᵉ ex æquo avec 26 points après 18 journées.
En cette froide soirée du 12 décembre 1999, rien ne pouvait laisser supposer que les 32 595 spectateurs du stade Geoffroy-Guichard et les téléspectateurs de Canal + allaient assister à un des matches les plus extraordinaires de la décennie 1990 voir de l’histoire de l’ASSE.
Les Verts marquent quatre buts en à peine 30 minutes. Le score de 4-0 sifflé à la mi-temps est même un moindre mal tellement les occasions stéphanoises se sont succédées. Alain Bompard est même persuadé que si le match n’avait pas été arrêté, les Verts auraient mené 7-0 avant la fin des quarante-cinq premières minutes. C’est plus que ne peut en supporter la majorité du public phocéen qui a quitté le stade-Geoffroy-Guichard à la mi-temps, promettant d’exprimer leur colère bien plus tard au retour des Marseillais à la Commanderie.
Alex devient une icône de Geoffroy-Guichard avec un quadruplé qui l’a fait entrer dans la légende du Chaudron. Avec ce quadruplé, Alex est le 8ᵉ stéphanois à inscrire au moins quatre buts dans un match en D1 et il succède, ni plus ni moins, qu’à un certain Michel Platini qui était le dernier à réaliser une telle performance sous le maillot vert dix-huit ans plus tôt, en 1981.
En fin de match, l’OM parviendra à sauver l’honneur, mais la réduction du score est purement anecdotique et les Olympiens peuvent repartir la tête basse conscient d’avoir subi, avec ce 5-1, la pire défaite de l’histoire du club dans le Forez. Cette performance a tellement marqué les esprits que le journal L’Equipe lui consacre les gros titres le lendemains et désigne dix stéphanois sur onze dans l’équipe-type de la journée.

6 mars 2005 : AS Saint-Etienne - OM 2-0

La neige tombe à gros flocons dans le Forez en ce début du mois de mars 2005 et la pelouse du stade Geoffroy-Guichard est couverte d’un blanc manteau qui rend la tenue d’un match de football très problématique. Mais plus de 35 000 spectateurs ont bravé cette météo exceptionnelle pour prendre place dans les tribunes.
Évidemment, dans de telles conditions atmosphériques, il est impossible aux 22 acteurs de pouvoir jouer décemment au football. Ils peuvent à peine tenir debout ! Les appuis sont fuyants, les déplacements glissants et les passes imprécises. D’ailleurs, le Marseillais Nakata apparait comme le maître en la matière, inventant même aux alentours de la 20ᵉ minute une figure de style qui lui est très personnelle : la passe aveugle sans ballons, celui-ci continuant sa route derrière lui alors qu’il effectuait une passe en avant. Les commentateurs se tordent de rire devant les images de l'infortuné japonais qui se ridiculise en direct.

Les Stéphanois, bien que dominés, ont réussi à profiter de la situation. Ils semblent s’accommoder plus facilement de ces éléments contraires et la 34ᵉ minute, l’attaquant Frédéric Piquionne, bien lancé par Pascal Feindouno est accroché dans la surface de réparation par le gardien olympien sorti à sa rencontre. L’arbitre n’hésite pas et il siffle le penalty indiscutable, transformé par Feindouno, imperturbable, qui inscrit son 9ᵉ but de la saison, son 4ᵉ en quatre matches.

À la 82ᵉ minute, côté droit, Piquionne récupère un ballon au duel avec Dehu, il transmet à David Hellebuyck qui a décidé de visiter les abords de la surface de réparation adverse de long, en large et en travers, partant de la droite pour aller vers la gauche et ensuite revenir sur ses pas. Il donne le tournis à Habib Beye qui en a perdu tous ses repères. Et finalement, du droit, lui le gaucher, il expédie un tir imparable au ras du poteau gauche. L'ASSE mène 2-0 et est à peine perturbé par l’expulsion du Maestro Didier Zokora après un deuxième carton jaune à la 84ᵉ minute.
Les Hommes d’Elie Baup se repositionnent à la 7ᵉ place, satisfaits d’avoir fait tomber l’OM, second du classement qui rate ainsi une occasion de se rapprocher du leader.

16 janvier 2019 : AS Saint-Etienne - OM 2-1

L’OM reste sur une série de huit matches sans succès et compte bien redresser la barre à Saint-Etienne en match en retard de la 17ᵉ journée du championnat de L1. De leur côté, les Verts espèrent bien jouer un vilain tour aux phocéens avant d’aborder le derby la semaine suivante.
L'OM y a cru, car sans Payet remplaçant, Les hommes de Rudi Garcia, ont ouvert le score logiquement après une entame de match dominatrice. À la 17ᵉ minute, Florian Thauvin déborde et centre parfaitement en retrait pour Strootman. Le néerlandais, de la tête, inscrit là son premier but sous les couleurs olympiennes. En première mi-temps, les Marseillais sont les maître du jeu, mais ils n’ont pas réussi à creuser l’écart. À la pause, les Stéphanois ne sont pas décrochés et peuvent toujours y croire.

Ils ont eu raison, car remobilisés par leur entraîneur, ils ont renversé le score grâce à un Wahbi Khazri qui a rappelé qu’il pouvait être décisif dans les grands rendez-vous. D'abord, juste avant l'heure de jeu, le Tunisien a transformé un pénalty qu’il avait lui-même obtenu, consécutif à une faute de Mandanda, validé par l'assistance vidéo. À deux minutes de la fin du temps réglementaire, il fusille à nouveau Steve Mandanda d'une frappe incroyable de force et de pureté de l'extérieur de la surface de réparation (2-1). Le chaudron, déjà bouillant, peut alors laisser éclater sa joie, lui qui n’a cessé de porter ses joueurs jusqu’à l’ultime minute du match.
Au classement, les hommes de Rudi Garcia sont désormais relégués huit points derrière leur adversaire du soir qui occupent la quatrième place avec 33 points.