C’est une donnée particulièrement parlante du regain de forme de l’ASSE ces dernières semaines. Le classement de L2 en 2023. Une seule équipe, et pas n’importe laquelle, a un meilleur bilan comptable de l’ASSE. Néanmoins, la prudence reste de mise.
Un des meilleurs début d'année en L2
Ce début de semaine est plutôt léger pour les supporters des Verts. Et pour cause, l’AS Saint-Étienne vient de gagner un deuxième match à domicile, face à un concurrent direct pour le maintien. Plus globalement, un regain de forme de l’équipe se fait ressentir depuis plusieurs semaines. On peut remonter cette dynamique (qui n’est qu’une tendance) à la réception de Laval le 10 janvier. C’était le premier match des Verts en 2023.
Depuis le début de cette nouvelle année, les Verts restent sur 4 victoires et 2 défaites en 6 matchs, dont une particulièrement frustrante à domicile face à Sochaux. Un bilan plus que correct pour une équipe qui n’avait gagné que 3 matchs sur les 17 précédents. Une donnée éloquante, qui nous a emmené à une idée : établir le classement de L2 exclusivement à partir des 6 journées qui ont eu lieu depuis le début de l’année de 2023.
Et la tendance, la dynamique qui nous trottait dans la tête s’est confirmé. Avant la rencontre de ce lundi soir entre Metz et Caen, l’ASSE est la deuxième meilleure équipe du championnat de L2 en 2023, juste derrière Le Havre, évidement. Quoique ça n’est pas forcément une évidence car ce qui départage les deux équipes est la différence de buts (+4 pour les havrais ; +2 pour les stéphanois).
Dans ce classement de L2 en 2023, on retrouve en 3ème position le FC Metz qui est dans une forme étincelante avec 3 victoires et 2 nuls en 5 match. La réception de Caen ce lundi soir pourrait permettre à l’équipe messine, en cas de victoire, de monter sur le podium global de L2, à la 3ème place devant Bordeaux.
Du côté de mauvaises dynamiques en 2023, on retrouve Dijon, Rodez et… Valenciennes qui n’y arrive plus et qui encaisse énormément de buts (13 en 6 matchs). Ça coïncide avec le départ de Gautier Larsonneur vers… l’ASSE !
Mais la L2 est particulièrement versatile, et comme se tuent à le répéter tous les week-ends les coachs : « Tout le monde peut battre tout le monde en Ligue 2 ». Concentrons-nous donc sur la dynamique flatteuse des Verts depuis le début d’année.
Pourquoi ce regain de forme ?
L'apport des recrues
Plusieurs facteurs peuvent venir expliquer cette dynamique positive pour les Verts. Tout d’abord les recrues, et en premier lieu Gautier Larsonneur, Dennis Appiah et Gaëtan Charbonnier (en plus de Niels Nkounkou, particulièrement intéressant lors des 2 derniers matchs).
Le gardien arrivé en provenance de Valenciennes, rassure dans ses cages, communique avec ses défenseurs et a un leadership incontestable. Les chiffres attestent de son apport et son importance. Sur ses 6 premiers matchs avec les Verts, Larso a encaissé 7 buts, soit 1,17 but par match. Avant son arrivée, les Verts encaissaient environ 1,82 but par match.
Le second, arrivé en provenance de Nantes est venu solidifié un couloir droit laissé à l’abandon et ouvert comme les portes d’un saloon. À l’aise aussi bien en tant que piston qu’en tant que latéral, il n’hésite pas à aller au-delà de ses fonctions pour venir épauler Saïdou Sow ou ses milieux de terrain pour créer le surnombre. Son leadership et son expérience ont aussi leur importance.
Enfin, Charbo. Le grand attaquant est venu à Sainté en tant que joker au cours du mois de décembre. Son apport est indéniable sur le plan statistique avec 3 buts et 1 passe décisive en 7 matchs disputés. L’ancien attaquant de l’AJA peut être invisible dans le jeu pendant de longues séquences de jeu, et convertir un des rares ballons qui arrivent dans ses pieds en but. De plus, son poids et son rôle devant permette à Krasso d’avoir beaucoup de liberté et de décrocher pour créer du mouvement et trouver des espaces. Il n’est pas étranger au retour en grâce de JP Krasso dans le jeu.
Un milieu de terrain solide et la naissance d'un groupe
Ce regain de forme de l’ASSE peut aussi s’expliquer par une densité au milieu de terrain retrouvée, avec une complémentarité très intéressante entre Moueffek et Bouchouari. Et c’est cette association en tant que bloc qui participe à l’animation des Verts et à leur stabilité.
C’est également une force collective en train d’émerger, qui permet à cette équipe de davantage performer. C’est Laurent Batlles lui même qui l’avouait à la fin du match d’Annecy : « un groupe est en train de naître ». Durant la trêve Coupe du Monde, des critiques commençaient à émerger à propos de Batlles et de sa responsabilité. Le triumvirat avait décidé de lui maintenir sa confiance et de faire bloc derrière lui devant Roland Romeyer. Après deux matchs peu concluants face à Annecy et Caen (1 défaite et 1 nul), les dirigeants avaient fixé un ultimatum à Laurent Batlles, sentant que la situation commençait à être dangereuse : 2 victoires face à Laval et Niort où l’avenir du coach allait être remise en question. Résultat ? 2 victoires, face à deux adversaires pour le maintien.
À l’issue du match à Niort, on pensait alors que la machine était lancée et que c’était le début d’une série, d’une dynamique. Et jusqu’à la 88ème minute face à Sochaux, les supporters ont continué à y croire. Jusqu’à la blessure de Briançon conjuguée à l’égalisation Sochalienne… puis le 3ème but des adversaires et la défaite des Verts. De nombreuses critiques ont alors fusé à l’encontre du coach des Verts, lui reprochant ses changements en fin de rencontre. Laurent Batlles les a assumés.
Un changement tactique gagnant pour Batlles
Après un non-match à Bastia, où le manque d’intensité et d’engagement dans les duels a été criant du côté des Verts, Batlles s’est à nouveau retrouvé sous pression. Le match face à Annecy, concurrent pour le maintien était très important. Avec les blessures de Briançon et Bamba face à Sochaux, et donc avec l’absence d’ailier pur et d’un défenseur central fiable pour évoluer à 2 aux côtés de Sow, Laurent Batlles a décidé d’expérimenter un nouveau système plus proche de ce qu’il faisait en début de saison, avec une défense à 3 en phase défensive et à 2 en phase offensive, avec un Monconduit qui venait s’intercaler en défense centrale entre Pétrot et Sow. Niels Nkounkou évoluait alors beaucoup plus haut, quasiment en tant qu’ailier. Et ce choix tactique a payé face à Annecy (victoire 3-2).
Ce système a logiquement été reconduit ce samedi face à Dijon, mais a été légèrement été modifié devant suite aux blessures de Moueffek puis Charbonnier. En tout cas, ça a payé, et les Verts se sont de nouveaux imposés face à un concurrent direct une nouvelle fois pour le maintien, ce qui leur a permis de sortir de la zone rouge.
Des joueurs derrière leur entraîneur
Enfin, dernière explication possible à cette dynamique, et qui rejoint l’idée de la naissance d’un groupe : l’union de l’effectif derrière son entraineur. À l’issue de la victoire face à Annecy, Laurent Batlles est paru particulièrement ému, après que les joueurs aient tenu des mots forts à son égard dans le vestiaire, témoignant d’un soutien et d’une union sacrée.
4 victoires face à des concurrents pour le maintien, 1 défaite dans les dernières minutes face au 2ème de L2, et 1 non-match à Bastia. Un Bilan plus que correct pour les Verts qui explique aisément cette remontée au classement en L2. Rappelons qu’à l’issue de la 17ème journée de L2, les Verts étaient derniers avec 12 petits points et à 6 points du 1er non relégable. 6 matchs plus tard, Sainté est 16ème avec un point d’avance sur la zone de relégation.
Une nécessité de rester sur ses gardes
Oui mais voilà, comme tous les supporters de l’ASSE le savent, il faut toujours être méfiant et sur ses gardes avec ce club. Il faut rester prudent. Pourquoi ?
Une infirmerie qui se remplit
Si les résultats sont au beau fixe depuis 1 semaine, les blessures s’accumulent depuis 2 semaines et ça n’est pas bon signe. La blessure du capitaine Anthony Briançon a été un véritable coup dur pour les Verts. Son absence face à Bastia s’est fait ressentir et à montrer son importance dans la stabilité de La Défense. Fort heureusement, la blessure a été moins grave que ce que les images sur le coup pouvaient laisser penser. Déterminé à revenir le plus vite possible, Capi Antho se verrait bien être du déplacement à Nimes dès lundi prochain ! Il a repris la course la semaine dernière et a retouché le ballon. Kader Bamba lui aussi s’était blessé à Sochaux : une lésion à l’ischio-jambier. Une absence de 4 à 6 semaines avait été pronostiquée. Laurent Batlles a donné des signaux positifs en conférence de presse la semaine dernière : « Il a repris un peu plus tôt que prévu. On verra comment ça évoluera au niveau de la cicatrisation de sa blessure. »
Leurs absences, mis à part à Bastia, ont été bien compensées, notamment grâce au changement tactique opéré par Laurent Batlles. Oui mais voilà, la rencontre de samedi face à Dijon a vu 2 nouveaux joueurs majeurs rejoindre l’infirmerie.
D’abord Aïmen Moueffek. Le milieu de terrain stéphanois a demandé le changement à la 18ème minute après avoir ressenti une pointe à l’ischio-jambier Laurent Batlles n’a absolument pas voulu prendre de risque, connaissant la fragilité physique de son joueur et l’a donc remplacé. Des examens vont être réalisés ce lundi.
Seulement quelques minutes plus tard, Charbonnier est à terre et se tient le genou, après avoir ressenti une douleur sur un mauvais appui en voulant reprendre un centre. L’attaquant s’est d’abord relevé et a voulu retourner sur le terrain pour se tester, mais impossible. Charbo s’est allongé au sol, conscient de la possible gravité de sa blessure. Le joueur a tenu à célébrer la victoire avec le groupe devant les supporters, béquilles aux mains et visage fermé. Au vu des premiers examens effectués par le staff médical du club, il y a une crainte du ménisque touché ou des ligaments du genou. Une terrible nouvelle pour le joueur à qui on souhaite bon courage et un bon rétablissement.
Une mauvaise nouvelle également pour Laurent Batlles et son équipe qui perde un élément majeur, probablement pour la fin de saison. Ces nouvelles blessures vont de nouveau pousser le coach stéphanois à modifier son équipe. Instabilité.
Un besoin de gagner face à tout type d'équipe
De plus, les 4 victoires acquises l’ont été face à 4 équipes jouant également le maintien. On peut isoler Annecy qui était autour de la 10ème place avant le match retour et qui restait sur une longue série d’invincibilité. Mais que ça soit Laval, Niort ou Dijon, ces 3 clubs traversent des périodes compliquées. On a coutume de dire que dans une lutte pour le maintien, ce sont les confrontations directes entre les concurrents qui détermineront qui se sauvera ou pas. Mais la Ligue 2 est un championnat particulier, très dense, et toutes les rencontres comptent. Par exemple, Niort a été capable de gagner 3 à 1 face à Bordeaux 3ème. Rodez a été capable d’accrocher à 10, le nul à Metz. Ainsi, il faudra voir si les Verts sont capables d’afficher le même visage et de délivrer les mêmes prestations face à des équipes mieux classées, car le maintien passera par là aussi.
Une fragilité toujours perceptible
Le match face à Bastia montre une fragilité certaine dans l’effectif stéphanois, notamment au niveau mental. Il peut y avoir des circonstances atténuantes tenant principalement à l’état de forme de l’adversaire et son niveau de jeu lors de la rencontre. Mais le manque d’agressivité et d’implication des joueurs de l’ASSE ne tient qu’à eux. Cette rencontre a au moins eu pour mérite de montrer à l’équipe et au coach que le maintien passera avant tout par eux et leurs prestations.
Un besoin impératif de confirmation
Enfin, dernier point à prendre en compte : le besoin de confirmation. Laurent Batlles ne cesse de le répéter après chaque victoire afin d’éviter tout début d’enflamade dans son vestiaire : ces bonnes victoires doivent être confirmées par d’autres. Et cela passera d’abord par les deux prochains matchs : le déplacement à Nimes lundi prochain et la réception de Pau le samedi suivant. Car Nimes et Pau sont des concurrents au maintien et si malencontreusement ça se passait mal lors de ces 2 matchs, ça viendrait réduire à néant tous les efforts et bonnes prestations fournies depuis le début de l’année 2023.