Bernard Lions était l'invité du Sainté Night Club, émission de Peuple Vert. L'occasion de faire le point sur le mercato de l'ASSE.

Des départs qui coincent à l’ASSE

Bernard Lions : 'Il y a des contrats. Quand les joueurs ont rejoint l’ASSE, le club était K.O complet après avoir perdu en barrage contre Auxerre. Pour attirer des joueurs, il y a eu deux choses à faire. Un gros salaire et une clause dans les contrats qui prévoyait une année supplémentaire en cas de montée. Cette clause a été actionnée pour beaucoup de joueurs avec une réévaluation salariale. Exemple, un joueur comme Lamine Fomba a pris un an de plus et marge à 60 000 euros brut mensuel. Ce qui veut dire que pour le sortir, il faut qu'il touche au moins l'équivalent dans un autre club. Et vu le niveau des joueurs, ils ne toucheront pas l'équivalent.

Ensuite, il faut aussi prendre en compte l’arrivée de Kilmer Sports Ventures avec un milliardaire derrière. Les clubs concurrents ou les clubs vendeurs ou les clubs acheteurs se disent, on est face à un milliardaire. Les prix sont forcément tirés vers le haut. Donc d’un côté, il y a des joueurs qui ne veulent pas partir et de l'autre, des clubs qui veulent les prendre à moindre coût. Ce qui donne une solution bloquée.

Je fais toujours la balance entre les arrivées, les départs et l'équilibre d'un effectif. Pour sortir des joueurs d’un club, c'est un métier. Il y a des agents spécialisés pour ça. Il y a des directeurs sportifs spécialisés pour ça. À l’ASSE, ils n'ont ni l'un ni l'autre.

Mathier Cafaro ne rentre pas dans ce que je viens d’expliquer parce qu’il est libre au 30 juin 2024. Donc lui, il a tout intérêt de retrouver un club dès à présent. Parce que s'il va ronger le banc jusqu'à la fin de la saison, pour retrouver un challenge intéressant derrière, ce sera compliqué. Un joueur qui ne joue pas a quand même beaucoup plus de mal à son âge à retrouver un club. S'il a une possibilité de partir dès à présent et de signer sur un contrat, ce sera intéressant. Ce qui n’est pas le cas d’autres joueurs."

Lebreton bloqué… pour l'instant

Bernard Lions : "Noé Lebreton ? C'est un joueur qui est apparu sur les datas qui sont chères à Kilmer. C'est un joueur sur lequel les dirigeants de l’ASSE veulent investir. Mais il y a une double problématique. La situation sportive du SMC (avant-dernier de L2). Ils n’ont pas du tout intérêt de se déplumer au milieu de terrain en vendant un de leurs meilleurs joueurs ?

Ils ne veulent surtout pas de sortir Lebreton maintenant. Alors le deal qu'avait essayé de proposer l’ASSE. C’est de l’acheter dès cet hiver, mais de le laisser en prêt. Ce serait un mercato d'investissement. Il pourrait alors permettre à Caen de se sauver et de l'avoir à partir du 1ᵉʳ juillet. Le gros problème qu'il y a, c'est qu'il y a une nouvelle direction au stade Malherbe de Caen. Des gens qui se sont auto déclarés agents de joueurs, fils de président autoproclamé, etc. Ils n'ont aucune compétence dans le football. Ils n'ont rien en voulu entendre et même pas entendre le deal proposé par l’ASSE. Ce sera compliqué pour faire venir Noé Lebreton à l’ASSE dans ces circonstances. On en rediscutera si jamais Caen descend en national. La donne sera complètement inversée si ceci se produit."

Amougou en exemple

Bernard Lions : "D’autres joueurs de l’ASSE sont scrutés de près. Mais les dirigeants ne lâcheront pas facilement. Ce n’est pas tant une question de puissance financière, c'est une question de politique sportive en place. Par exemple, Mathis Amougou est dragué depuis l'été dernier, notamment par le Bayer Leverkusen où son entraîneur Xabi Alonso appréciait particulièrement le jeune stéphanois. Il avait mis trois joueurs à recruter dans l'été dernier. Amougou arrivait en troisième position. Ce n'était pas rien. Le Bayer était prêt à casser la tirelire pour le faire venir. L’ASSE a de suite fermé la porte parce qu'il fait partie du nouveau projet mis en place. Amougou, ça devient un peu le symbole du projet de l’ASSE. Il y a des problèmes de prolongation. Chaque fois qu'ils prennent un joueur, ils le font signer au moins pour 4 ans. C'était le cas de la prolongation de Moueffek ou Nadé. C'est exactement ce qu'ils veulent faire avec Amougou. Et Amougou, ils vont faire un exemple.

Les agents du joueur ne veulent prolonger que de 2 ans. L’ASSE veut 4 ans pour des raisons financières basiques. Les dirigeants veulent investir sur lui avec l'espoir d'une plus-value dans les deux ans qui viennent. Les conseillers de Mathis Amogou ne veulent pas parce qu'ils disent que quatre ans, ça va faire monter le montant d’un éventuel transfert et bloquer son départ dans les deux ans à venir. C'est un bras de fer qui est aujourd'hui au point mort. Aujourd'hui, les nouveaux propriétaires de l’ASSE, ont les moyens de leur politique. Ils peuvent faire un exemple. Ils peuvent décider de s'asseoir sur beaucoup d'argent et être inflexibles là-dessus. Alors quitte à perdre Amougou l'été prochain ou même d'ici la fin de ce mercato, ils ne lâcheront pas là-dessus.

L'ASSE a les moyens de ses ambitions

Bernard Lions : "C'est vraiment nouveau à l'AS Saint-Etienne. Ils ont vraiment les moyens de leur ambition et ils ont une politique sportive qui est mise en place.Qu’on soit d’accord ou non, ils ont un projet de développement du club pour le ramener en haut de tableau dans les cinq ans et de l'installer pour les années qui viennent. Ils vont y arriver justement parce qu'ils ne dérangeront pas leurs principes.

Avec les droits TV, la situation économique des clubs français est très compliquée. Les dirigeants de Kilmer ont cette liberté. C'est une chose extraordinaire pour l’ASSE. Je ne pense pas que les gens le mesurent vraiment. Si Saint-Etienne n'avait pas été vendu au 3 juin, le club aurait eu un destin à la Girondins de Bordeaux."

Mimovic attendu par l'ASSE

Bernard Lions : 'En matière de transferts, il peut toujours se passer des trucs. C'est pour ça que ça passionne autant. Le transfert de Cardona ? Il était complètement bloqué parce que c'est du quadripartite. C'est extrêmement complexe pour trouver un accord. Deux jours après, ça s'est débloqué. Je trouve juste que Kilmer a mis en place une politique sportive et ils s'y tiennent. Ils ont le choix des armes, ils ont le choix de leur politique parce qu'ils ont des moyens colossaux. Mais ce n'est pas parce que tu as des moyens colossaux que tu vas faire tout n'importe quoi. C'est ça aussi que j'apprécie chez Kilmer. Ils sont capables d'investir, mais ce sont des investissements raisonnés. Ça me fait beaucoup penser à ce qu'a fait Red Bull. L'argent est un moyen et pas une finalité. On met une politique sportive en place et après, on voit les moyens qu'on va mettre. Et donc, il faut mettre les choses.

Mimovic ? Oui, c'est une des pistes parmi les nombreux dossiers qui ont été ouverts durant ce Mercato. Je pense que c'est une piste qui va aboutir. Je pense qu'il y aura trois arrivées. Et Mimovic fait partie des 2-3 dossiers en cours. Je pense que ce sera le deuxième ou le troisième. Il correspond tout à fait à ce que veut faire Kilmer, à leur prospect sur les datas.

Mahmoud Jaber ? Il fait partie des joueurs cités. Ils explorent plusieurs pistes. Je ne peux en dire plus.

Un défenseur central plus à l’ordre du jour ? C'est vrai que c'était dans les discussions, mais visiblement, ce n’est plus la priorité. On peut toujours avoir une bonne surprise, mais Horneland est parti sur son duo Batubinsika – Nadé. Abdelhamid, reste au frigo, Pétrot peut dépanner. Maintenant, encore une fois, vous savez le mercato d'hiver est un mercato d'opportunités et d'ajustements. Donc si jamais ils ont la possibilité de faire un bon coup d'ici à la fin, ils ne se priveront pas de le faire. Ce n'est pas la priorité."