Ancien Directeur du Recrutement de l'ASSE, Omar Da Fonseca était l'invité Zack Nani (supporter Lyonnais, personne n'est parfait !). Une longue interview dans laquelle il est longuement revenu sur son passage chez les Verts. Extraits.
Comment il s’est retrouvé dirigeant de l’ASSE : « J’ai fini (ma carrière de joueur) au Paris FC où il y avait Mr Caïazzo comme Président et Mr Carlos Bianchi comme entraineur. C’est lui (Mr Bianchi) qui m’avait fait venir en France. J’y ai joué 2 ans après il est parti (Caïazzo). A un moment donné il m’a dit : « Je veux acheter un club ». On avait été à Nantes, à Nice je crois, on parle des années 2003. Saint-Étienne était en 2ème division avec Hognon, Mendy… Il m’a connu comme joueur et il m’a dit « viens viens je voudrais acheter ». On est allé à Saint-Etienne, il y avait Mr Antonetti comme coach. Il me dit « viens, on restructure, on essaye… ». A l’époque je faisais l’équipe du dimanche. Je lui dis « tu crois ? Saint-Etienne… patati-patata… ».
A l’époque c’est vrai que Saint-Etienne c’était pas ouf. Au début j’ai vécu dans une chambre à l’Etrat. J’ai passé deux noëls avec le gardien et la gardienne, deux 24 décembre. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus mais heureusement qu’ils m’ont accueilli. On faisait les mercatos. A l’époque c’était l’histoire des cassettes, j’en recevais des piles, j’avais 2 ou 3 télévisions et je regardais tous les joueurs. J’en recevais plein, on m’appelait, ça ne s’arrêtait pas.
Donc Mr Caïazzo me dit de venir etc… Au début je me dis mais c’est quoi, on est en 2ème division on monte en 1ère. La première année est magnifique, où on a pas d’entraineur. J’avais contacté Raynald Denoueix, Alain Perrin… Renald Denoueix c’était mon premier choix, j’ai voulu. Après j’ai demandé à Carlos Bianchi de venir avec moi. Parce que pour moi, la politique d’un club doit être : Président, entraineur et directeur sportif dans un même projet, avec le même contrat.
Moi je crois à ça, je pense qu’une équipe ne peut marcher que si ces 3 hommes là ont un même gout, un même palais, une même idée et qui sont unis. Je l’imaginais comme ça avec Mr Caïazzo, Moi et le 3ème j’aurai voulu que ça soit l’un deux. Au final c’est Elie Baup la première année. On avait fait venir quelques joueurs : Piquionne, Camara, Feindouno etc…
Ensuite au bout de 3/4 ans, un jour ils m’ont viré. Parce que c’est toujours pareil dans le foot, il y a des cycles etc… Mais j’ai fait venir (des joueurs), je me suis donné du mal, j’ai cru à une aventure humaine… Je suis encore une fois par moment naïf dans cet aspect.
Mais les 2 premières années, après Mr Elie Baup il est parti, pareil sur des divergences. J’ai eu du mal à récupérer un mec après… Parce que l’entraineur il faut que tu puisses coordonner. Il ne faut pas qu’il y ai des intérêts dans le mercato et qu’il y ait une animosité.
Freddy Guarin et Daniel Bilos
Sur la vague Sud-américaine venue à Sainté au début du siècle : « Oui c’était sous mon impulsion. C’est des réseaux. Fredy Guarin, je suis allé à Boca Juniors où Carlos Bianchi était entraineur. J’y suis allé, j’ai vu un entrainement et je vois 2 joueurs Guarin et Giovanni Moreno qui a fait une carrière extraordinaire en Colombie et en Chine, il est devenu milliardaire. Carlos Bianchi me dit qu’il ne peut pas les faire signer lui parce qu’ils sont étranger etc… Du coup on les a fait venir à Saint-Etienne et ils ont signé tous les 2. Après je ne vais rentrer dans les détails.
Bilos quand on le fait venir, il n’est pas très connu. Il va être acheté ensuite à Boca. Je le prends et il joue en équipe nationale d’Argentine. L’entraineur Ivan Hasek, une très belle personne, me dit qu’il veut des grands, il aime les grands. Bilos il faisait 1m98, je lui ai dit « vasy tient ton grand ». Il était grand mais même ses pieds ils étaient trop grands, le ballon ils l’aimaient pas. Comme quoi… »
Les Derbys
Sur la culture derby et sa vision de ça : « Je l’ai vécu magnifiquement bien. Parce que moi je trouve qu’on a toujours besoin de ça, on ne peut pas aller contre. C’est à travers les oppositions que tout s’élève. Quand les puissants se rencontrent, tu te mesures à l’autre. C’est l’autre qui valorise ce que tu es et ce que tu vaux. C’est mieux pour le foot, pour tout.
Demain y’a match Lyon/Saint-Etienne, oui sur le papier il y a quand même une différence. Après le scénario on en sait rien. Mais moi je veux que Saint-Étienne remonte en 1ère division, parce que le public, parce que le stade, parce que la région, pour le football français, pour les derbys. Il vaut mieux vivre des émotions, il ne faut pas être radin avec les émotions, il ne faut pas être mesquin avec les choses qu’on aime. »
On a vendu Pastore pour 1€
Sur l’histoire de Pastore : « Pastore je le fais venir à Saint-Etienne. On signe avec son club, Talleres, où Saint-Etienne avait acheté la totalité. Au bout de 3 mois, Pastore on dit « on n’en veut plus ». Parce que Pastore il a été jugé par l’aspect physique.
Pastore il a vécu à l’Etrat, je ne sais plus combien de temps. On lui avait donné 350 euros, et il était nourri et logé à l’Etrat. Tout était réglé. A un moment donné, diverses personnes ont considéré que Pastore ne courrait pas vite, c’est vrai, à côté on avait Landrin et Matuidi…
Donc oui sur plein de tests de vitesse Pastore le pauvre… Mais dès qu’il touchait le ballon… Donc à l’époque le directeur financier me dit « Omar il faut qu’on dégage Pastore ». Moi je lui dis : « Mais comment, c’est un joueur, un maître du foot ». Il me dit non je sais pas quoi. Je lui propose de le prêter il me dit « non les amortissements patati patata, on va le vendre 1 euro symbolique ».
On l’a vendu un euro symbolique. Ensuite il va jouer à Huracan, en 2ème division argentine, ils font une saison magnifique, ils montent, c’est extraordinaire. Au bout de 6 mois, Pastore est vendu 8 millions d’euros à Palerme Au bout d’un an il est vendu 40 Millions au PSG. Et nous on l’a vendu 1 euro symbolique au départ et au bout de 2 ans il valait 42 millions. Ca n’existe pas, dans n’importe quel secteur.
