Indispensable à l’ASSE il y a encore quelques mois, Benjamin Bouchouari peine aujourd’hui à exister en Turquie. Transfert à 4 M€, temps de jeu réduit, sanction disciplinaire : retour sur une trajectoire qui interroge.
À l’ASSE, Benjamin Bouchouari était considéré comme un joueur aux qualités révélées. Après une période inconstante sous Batlles, il était en pleine progression. Quelques jours avant son départ pour Trabzonspor contre un chèque estimé à 4 millions d’euros à l’été 2025, Eirik Horneland exprimait encore publiquement son souhait de le conserver. Depuis, le contraste entre son parcours stéphanois et son aventure turque est saisissant. Cauchemardesque même...
À Saint-Étienne, Bouchouari avait progressivement changé de statut. Longtemps perçu comme un jeune à polir, le milieu de terrain s’était imposé comme un joueur important. Véritable facteur X d'une équipe stéphanoise, il était parfois transformé par sa qualité technique et son activité. Utilisé sans interruption lorsqu’il était disponible, il incarnait un profil apprécié par son entraîneur. Horneland ne s’en cachait pas en conférence de presse : “J’espère qu’il va rester, c’est un très bon joueur. La saison dernière (ndlr : 2024/25), sous ma direction, il n’a pas raté un seul match quand il était en mesure de pouvoir jouer.”
Le coach mettait aussi en avant sa progression constante : “Il a beaucoup évolué au cours de la saison passée”. Il reconnaissait toutefois la réalité du marché : “Je n’ai pas toutes les cartes en main dans ce dossier.” À cet instant, l’ASSE savait déjà que son joueur était courtisé. Notamment en Turquie.
Un cadre à l’ASSE, un pari à 4 millions en Turquie
Sur le terrain, Bouchouari offrait un profil précieux. Sa vision du jeu, sa qualité de passe et sa capacité à éliminer dans les petits espaces compensaient une taille modeste. À l’ASSE, ce style était identifié et intégré dans le projet. Jamais expulsé sous le maillot vert, rarement absent, il s’était imposé comme un joueur discipliné et fiable.
Le transfert à Trabzonspor devait marquer une montée en gamme. À 23 ans, quitter la Ligue 1 pour un club ambitieux de Süper Lig semblait logique. Pourtant, dès les premières semaines, son rôle a changé. Son temps de jeu est devenu limité, avec entrées en cours de match et absence de continuité. Là où il était un cadre chez les Verts, il est devenu un joueur de rotation en Turquie. Cela malgré l’investissement consenti par le club.
Le carton rouge, symbole d’une adaptation manquée
Le point de bascule reste ce carton rouge reçu face à Galatasaray. Entré en fin de rencontre, Bouchouari a été expulsé pour une intervention jugée excessive. Une première dans sa carrière professionnelle. Cet épisode lui a valu une suspension et a renforcé l’impression d’un joueur en difficulté. Il était loin de la maîtrise qu’il affichait à l’ASSE.
Ce fait de jeu symbolise le contraste entre les deux trajectoires. À Saint-Étienne, Horneland parlait d’un joueur en évolution constante, intégré et fiable. À Trabzonspor, Bouchouari peine à s’installer, dans un environnement plus exigeant et moins patient. Son parcours turc n’est pas terminé, mais la comparaison est brutale. Le joueur qu'Horneland voulait conserver est aujourd’hui en quête de repères, loin de la stabilité qu’il avait trouvée dans le Forez.
Bouchouari proche du bout du tunnel ?
Il y a 15 jours, Benjamin Bouchouari a toutefois livré un discours plus positif sur TRTSpor, laissant entrevoir une possible inflexion de trajectoire. Après la victoire de Trabzonspor contre Konyaspor, le milieu marocain a souligné son retour progressif dans la rotation. Il a rappelé qu’il sortait d’une longue période sans continuité : “C’était mon premier match comme titulaire depuis longtemps. C’est quelque chose de très positif pour moi.”
Bouchouari a également insisté sur la dynamique collective actuelle : “Le plus important, c’est que nous avons une équipe qui ne perd plus depuis neuf matchs.” Interrogé sur sa relation avec son entraîneur Fatih Tekke, il a évoqué une phase d’adaptation désormais mieux assimilée : “Ses attentes sont très claires. On a appris à mieux se connaître, ils m’ont découvert, je les ai découverts.”
Enfin, l’ancien Stéphanois a comparé les deux championnats qu’il connaît bien, estimant que “la Süper Lig est un championnat très porté vers l’attaque, où la qualité de jeu permet à un joueur de mieux s’exprimer.” Un discours qui contraste avec ses difficultés et suggère que son aventure turque n’est peut-être pas définitivement compromise.