Alors que la course à la montée se poursuit, le tableau complet des temps de jeu des joueurs de l’ASSE révèle une réalité nette : certains joueurs sont devenus absolument centraux dans le projet d’Eirik Horneland, tandis que d’autres traversent la saison dans un rôle beaucoup plus effacé. En étudiant ces chiffres, une photographie fidèle des véritables hiérarchies se dessine. Voici ce qui ressort vraiment de cette première partie d’exercice.

La stabilité est souvent mère de performance dans le sport. Eirik Horneland semble s'être inspiré de ce sage conseil afin de gérer son effectif. L'objectif accession en Ligue 1 s'effectuera avec une ossature stable et quasi immuable. C'est en tout cas ce que révèle l'analyse des temps de jeu de l'effectif stéphanois depuis le début de la saison.

Les TOPS : les cadres indiscutables qui portent le projet

La première tendance concerne la colonne vertébrale qui ne bouge jamais. Nadé, avec ses 1 422 minutes, domine toutes les statistiques. Le défenseur ne sort tout simplement jamais de l’équipe, illustrant à quel point Horneland bâtit sa structure défensive autour de lui. Dans le même registre, Larsonneur approche les 1 350 minutes, confirmant que le poste de gardien est verrouillé et que sa régularité rassure tout le collectif.

Au milieu, la montée en puissance de Tardieu est encore plus évidente. Avec 1 339 minutes, il est le métronome de l’équipe, le joueur que l’entraîneur ne remplace que lorsqu’il n’a plus d’autre choix. Son impact est immense : il organise, il temporise, il bonifie les sorties de balle. À ses côtés, Jaber a trouvé une place stable grâce à ses 1 095 minutes, preuve qu’il n’est plus seulement une option, mais une valeur sûre de l’entrejeu.

Sur les côtés, Davitashvili et Boakye sont eux aussi des piliers. Le premier cumule 892 minutes, le second dépasse les 1 000, et ils ont démarré quasiment toutes les rencontres. Leur volume de jeu, leur capacité à répéter les courses et à sortir de la pression expliquent en grande partie la présence de l’ASSE dans le haut du tableau. Ces deux profils sont devenus indispensables dans les transitions offensives. Cependant, si Boakye semble proposer des performances régulièrement satisfaisantes, le Géorgien laisse les supporters sur leur faim, passant des éclairs de génie à des prestations parfois indigentes.

Les bonnes surprises : joueurs de rotation devenus options sérieuses

Quelques joueurs s’imposent sans être titulaires indiscutables. Stassin reste un élément clé avec 737 minutes et un rôle oscillant entre titulaire et rotation. Ses buts, sa capacité à fixer et sa présence dans la surface permettent à Horneland d'avoir un point d’ancrage fiable, même dans ses périodes creuses.

Cardona, avec 818 minutes, illustre parfaitement ce genre de profil. Il joue beaucoup, souvent dans un rôle hybride, parfois attaquant, parfois ailier, mais toujours impliqué. Sa polyvalence et son activité lui garantissent un temps de jeu conséquent malgré la concurrence. Duffus, lui, a moins de minutes (361 minutes) mais compense par un rendement spectaculaire. Chaque apparition peut faire basculer un match, et il est devenu la “carte impact” préférée du coach.

Enfin, Miladinovic constitue une belle surprise. Avec 559 minutes, souvent comme entrant, il a gagné la confiance du staff et devient progressivement une option solide dans la gestion des fins de match.

Les FLOPS : des joueurs en retrait ou en perte de vitesse à l'ASSE

À l’inverse, plusieurs éléments apparaissent en retrait, soit par manque de réussite, soit par concurrence, soit par décisions du staff. Appiah (366 minutes) peine à retrouver le rôle majeur qu’il occupait la saison dernière. Le latéral a glissé derrière Ferreira dans la hiérarchie, et son faible temps de jeu en témoigne. Même constat pour Yvann Maçon, cantonné à un rôle de remplaçant du remplaçant. Resté après le mercato estival, son temps de jeu  (87 minutes) révèle son statut précaire au sein de l'effectif.

Old (211 minutes) est dans la même situation : après un début prometteur, il a disparu de la rotation au profit de profils plus constants. Stojkovic, encore jeune, ne cumule que 17 minutes ; logique pour un joueur en apprentissage, mais son absence quasi totale des plans de jeu souligne que le staff ne le considère pas encore prêt.

Les jeunes du centre que sont Gadegbeku (223’), Dodote (73’), N’Guessan (96’), El Jamali (192’) apparaissent également en bas du tableau. Le message est clair : Horneland valorise leur talent, mais n'est pas encore prêt à leur confier un rôle majeur en Ligue 2. Leur utilisation reste marginale, cantonnée à des fins de rencontre ou des contextes favorables. Mention particulière pour N'Guessan, handicapé par une blessure lors de la préparation et le début de saison.

Une ASSE très forte, mais un banc qui vit dans l’ombre

L’analyse du temps de jeu montre une vérité structurante : Horneland s’appuie sur un noyau dur d’environ dix joueurs qui disputent quasiment toutes les minutes, tandis que le reste de l’effectif gravite autour sans réellement bousculer l’ordre établi. Cette stabilité explique la solidité de l’ASSE, mais pourrait interroger aussi sur la capacité du groupe à tenir physiquement jusqu’au sprint final.

L’hiver pourrait redistribuer quelques cartes, mais sauf blessure ou mercato mouvementé, la hiérarchie semble déjà écrite. Les cadres sont installés, et la montée passera par leur constance.