Silence, on coule ! C’est tout du moins la conclusion qui pourrait être tirée des chiffres mis en lumière par le journal L’Equipe du jour. La LFP, en ne parvenant pas à valoriser suffisamment le football professionnel français aux yeux des diffuseurs, doit aujourd’hui se contenter de miettes, et les clubs avec… Le début du chaos pour le foot français ? Peut-être…

Le football français traverse une crise financière sans précédent, principalement due à une chute drastique des revenus liés aux droits télévisés. Pour la période 2024-2029, le contrat signé avec DAZN et beIN rapporte environ 500 millions d’euros par an, soit une baisse de près de 60 % par rapport à la saison précédente. Cette dégringolade des revenus menace directement la stabilité financière des clubs. Pour ceux qui n’ont pas de réserves financières importantes ou de soutien de la part d’actionnaires solides, cette situation pourrait se traduire par des difficultés insurmontables. Les clubs qui reposent principalement sur les revenus des droits télévisés risquent de devoir réduire drastiquement leurs dépenses, au risque d’affecter leur compétitivité sur le terrain.

Charges en hausse, montants à redistribuer en chute libre pour le football français

Parallèlement à la baisse des revenus, les charges supportées par le football français (taxe Buffet, contribution CVC, aides à la FFF et aux différents syndicats et coûts de fonctionnement de la LFP) augmentent de manière inquiétante. Pour la saison 2024-2025, elles sont estimées à 272,5 millions d’euros, soit une hausse de 75 % par rapport à l’année précédente. Une fois ces charges déduites, il ne reste que 228,7 millions d’euros à répartir entre les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, contre 578,5 millions d’euros lors de la saison précédente. Pour la Ligue 1, cela signifie un montant total de 189,7 millions d’euros, à diviser entre 18 clubs, après déduction des aides à la relégation. Ce scénario se traduit par des allocations nettement réduites pour chaque club, aggravant une situation déjà tendue.

Les gros vont déguster eux aussi !

Les grands clubs, qui jusque-là pouvaient compter sur des revenus télévisuels importants pour financer leurs opérations, ne sont pas épargnés. Le PSG, champion en titre, devrait percevoir environ 22 millions d’euros pour la saison 2024-2025, soit une chute spectaculaire par rapport aux 60 millions d’euros perçus la saison précédente. Cette réduction des revenus affectera leur capacité à investir dans de nouveaux joueurs, à maintenir des salaires compétitifs et à rivaliser sur la scène européenne. Les clubs en bas de classement, qui sont encore plus dépendants de ces revenus, se retrouveront dans une position extrêmement précaire, pouvant entraîner des faillites ou des relégations. Dans ce contexte, un actionnariat fort semble être la seule bouée capable de laisser à flottaison les clubs de l’élite. On ose imaginer les perspectives de l’ASSE si elle avait dû rester la propriété de Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, deux présidents aux moyens limités.

Ligue 2 : un avenir tout aussi sombre

La Ligue 2 n’échappe pas à ce désastre. Les clubs de cette division subiront également une baisse de plus de 50 % de leurs revenus issus des droits télévisés. Le premier club du classement pourrait ne percevoir que 2,3 millions d’euros, tandis que le dernier se contenterait d’à peine 1,5 million d’euros. Ces montants sont insuffisants pour couvrir les coûts opérationnels de nombreux clubs, qui devront revoir drastiquement leur budget. La possibilité de faillites est bien réelle, surtout pour les clubs qui dépendent fortement de ces revenus pour leur survie. Le fossé entre la Ligue 2 et le National 1, ainsi que la Ligue 1, pourrait également se creuser…

Un avenir incertain pour le football français

Cette situation financière désastreuse pourrait plonger le football français dans un chaos total. Avec des revenus en chute libre et des charges en augmentation, les clubs devront revoir leur modèle économique, renégocier les salaires, vendre des joueurs et réduire leurs investissements. Ce contexte pourrait affaiblir la Ligue 1 et la Ligue 2 sur le long terme et réduire leur attractivité et leur compétitivité sur la scène internationale. En se retrouvant financièrement aligné avec des championnats moins prestigieux comme ceux du Portugal ou des Pays-Bas, le football français risque de perdre son statut de grande ligue européenne.

Des solutions pour éviter la crise ?

Comment les clubs français vont-ils pouvoir éviter que cette baisse de revenus ne les oblige à mettre la clé sous la porte ? Le football mondial, et la France n’y a pas échappé, a créé une bulle de laquelle il est douloureux de sortir. Si l’Angleterre, l’Espagne ou l’Allemagne survivent grâce à des droits TV bien négociés, la France prend de plein fouet son manque d’attractivité en Europe et dans le monde. L’offre de DAZN cumulée à celle de beIN Sports démontre à quel point les diffuseurs ont pris le contrôle. Vincent Labrune et ses collègues présidents ne contrôlent absolument plus rien, si ce n’est le fonctionnement de leurs clubs respectifs. C’est là que les solutions vont pouvoir être mises en œuvre.

Il sera désormais indispensable de revenir aux bases, celles qui doivent mener vers un scouting de grande qualité. Pour cela, il faut voyager, aller voir des rencontres dans des ligues (ou niveau) mineures, exploiter les données mises à disposition des clubs… L’ASSE n’a pas particulièrement brillé ces dernières saisons à ce niveau-là. La tendance s’inverse cette saison avec Huss Fahmy et Jaeson Rosenfeld.

La formation est également une voie à explorer. À défaut de pouvoir acheter des joueurs de bon niveau, il faut savoir les détecter et les former au mieux. À ce niveau, l’ASSE travaille bien sous la baguette de Laurent Huard (directeur du centre) et des éducateurs.

À défaut d’être riche, le football français va devoir avoir des idées… Peut-être un mal pour un bien.