Comme chaque lundi, le Sainté Night Club s'est réuni. Nolan Roux, ancien buteur de Ligue 1 et Sylvain (Peuple Vert) ont commenté le premier tiers du championnat de l'ASSE tout en se projetant sur l'avenir. Extrait.
Roux croit en Stassin
Nolan Roux (Ex-ASSE) : "Lucas Stassin ? Même si c'était un crack, un joueur avec beaucoup de qualités, qui arrive d’un autre championnat, reste humain. S’il signe en Ligue 1, c’est qu’il a du talent, évidemment. Mais quand on débarque dans une équipe mal classée, qui ne se crée pas énormément d’occasions par match et qui lutte pour le maintien, l’adaptation est forcément plus compliquée.
Arriver sans connaître le championnat de Ligue 1, à seulement 19 ans, c’est un énorme défi. Oui, il est possible de réussir tout de suite, mais c’est très rare. Il y a une période d’adaptation nécessaire : le rythme est différent, le style de jeu est plus rapide, et il faut apprendre à connaître ses coéquipiers. Ce jeune joueur, il a des qualités, c’est indéniable, et il ne les perdra pas. Avec le temps, les entraînements, et en gagnant du temps de jeu, il progressera forcément. À 19 ans, il a encore beaucoup de chemin devant lui.
C’est vrai que, vu le montant de son transfert, les attentes sont élevées. Beaucoup espèrent qu’il devienne immédiatement l’attaquant phare de l’ASSE. Et bien sûr, ce serait l’idéal, le scénario parfait. Mais il faut respecter les étapes : comme dans n’importe quel métier, il faut apprendre, s’adapter, avant de pouvoir montrer tout son potentiel. En tant qu’attaquant, il peut suffire d’un but pour débloquer la situation, pour gagner en confiance et enclencher une dynamique positive.
Il est là, il progresse, il accumule du temps de jeu. Peut-être qu’il paraît encore un peu tendre, mais c’est normal : il découvre un nouvel environnement et un championnat exigeant. On ne peut pas simplement lui dire : "Tu es l’attaquant de l’ASSE, à toi de porter l’équipe et de marquer." Bien sûr qu’il a envie de le faire, il travaille pour ça, mais cela prend du temps.
Il a joué huit matchs jusqu’à présent, mais ce ne sont pas huit titularisations. En tout, il a 213 minutes de jeu et déjà trois passes décisives à son actif. Et ça compte ! Trois passes décisives, c’est trois buts pour l’équipe. Évidemment, il voudrait marquer lui-même pour débloquer sa situation personnelle, mais il faut être patient.
Je l’avais dit dès son arrivée : il ne faut pas attendre des miracles immédiats, ni de lui ni des autres jeunes joueurs. Ils sont présents, ils donnent ce qu’ils peuvent. Certes, il ne faut pas non plus perdre trop de temps, car le championnat avance vite. Mais ces joueurs, y compris Lucas, seront déterminants en fin de saison. Il marquera ses buts, peut-être pas énormément, mais chaque but sera précieux."
De quoi être optimiste pour l'ASSE ?
Sylvain (Peuple Vert) : "Je pense qu’au-delà de tout ça, il y a un élément à ne pas négliger. Vous vous souvenez sûrement de cette superbe occasion qu’il a eue contre Lille, où il récupère le ballon dans les pieds des défenseurs, part seul au but et aurait pu débloquer son compteur dès son premier match. Malheureusement, il rate. Je pense que s’il avait marqué, cela aurait pu changer beaucoup de choses.
À 19 ans, quand tu arrives dans un club comme ça, sans manquer de respect au championnat belge, il y a quand même un vrai cap à franchir entre la D1 belge et la Ligue 1. Ce passage est d’autant plus difficile quand tu n’as qu’une seule saison professionnelle derrière toi.
Comme l’a justement dit Nolan, il suffit parfois d’un but pour que tout change, que ce soit dans la tête du joueur ou dans la perception qu’on en a. Quoi qu’il en soit, il reste décisif : il a déjà délivré trois passes décisives et obtenu un penalty transformé. Ce n’est pas rien, loin de là."
Stassin a les qualités pour s'imposer
Nolan Roux (Ex-ASSE) : "Ce n’est pas encore un attaquant confirmé, du genre à qui on peut dire : "Oui, lui, il marque 10 buts chaque saison." C’est un jeune joueur qui arrive dans le championnat français. Comme tu l’as justement souligné, il y a une différence importante entre le championnat belge et la Ligue 1, mais même au sein du football français, il y a un énorme écart entre la Ligue 2 et la Ligue 1.
À 19 ans, il débarque de Belgique pour évoluer en Ligue 1, dans un club qui joue le maintien. C’est donc logique qu’il ait encore beaucoup de choses à apprendre. Cela fait partie de son processus d’apprentissage. Mais les qualités, il les a, c’est indéniable. Sinon, il n’aurait pas signé à l’ASSE.
J’ai observé ses déplacements, son sens du but, et ces aspects sont là. Après, oui, c’est sûr que lors de son premier match contre Lille, s’il avait marqué cette fameuse occasion, peut-être que cela aurait tout changé. On ne le saura jamais, mais cela aurait pu le libérer mentalement et enclencher une dynamique. Pour l’instant, il est en pleine période de découverte. Est-ce qu’il montre un peu de retenue ? Peut-être. Mais cela fait partie du processus, et tout cela finira par se débloquer avec le temps."
Lucas Stassin a besoin de temps à l'ASSE
Nolan Roux (Ex-ASSE) : "J’ai été attaquant, je sais ce que c’est. Il a les déplacements, il a le sens du but, il bouge bien. Mais il faut aussi prendre en compte qu’il arrive dans une équipe où personne n’a encore joué avec lui. Personne ne le connaît, ni en Ligue 1, ni en Ligue 2. Ses coéquipiers doivent apprendre à comprendre ses déplacements, à anticiper ses intentions. Et lui, de son côté, doit apprendre à s’adapter au jeu de l’équipe.
Il a encore besoin de gagner du temps de jeu, et je pense qu’il l’obtiendra lorsqu’il commencera à marquer davantage. C’est souvent comme ça : un entraîneur attend qu’un attaquant soit décisif pour lui donner plus de responsabilités. En marquant, il gagne du crédit. Tout cela fait partie du processus.
Pour l’instant, il doit faire le tri dans ce qui peut être néfaste pour lui et se concentrer sur l’essentiel : progresser avec le club et, égoïstement parlant, marquer des buts. Être décisif, c’est parfois marquer sur une demi-occasion, et c’est ce genre de réussite qui finira par arriver. Mais cela demande que lui se libère un peu plus et, surtout, que l’équipe elle-même soit plus libérée offensivement.
Quand on regarde un match et qu’un attaquant n’a même pas une occasion, c’est dur, mentalement. Se dire après un tel match : « Allez, la prochaine fois, je vais marquer », c’est compliqué. Moi, j’ai toujours dit : je préfère avoir trois occasions et les rater que ne pas en avoir du tout.
Et ça, ça joue particulièrement à 19 ans. Même si on a le temps devant soi, on arrive dans un club avec des objectifs personnels et collectifs. On peut facilement se mettre une pression néfaste, à force de penser : « Il faut que je marque vite, il faut que je marque vite ».
Ça m’est déjà arrivé, et même à 33 ou 34 ans : cette pression, on se la met. Et à force de se focaliser là-dessus, on ne marque pas. On peut se poser toutes les questions du monde, mais il n’y a qu’une solution : le terrain et le travail. Mais je ne suis pas inquiet. Si on parlait d’un joueur de 35 ans, avec huit matchs sans but et des déplacements approximatifs, là, oui, je m’inquiéterais. Mais à 19 ans, non. Il a encore tout le temps devant lui.