Depuis sa création en 1933, l’AS Saint-Etienne a connu 44 entraîneurs différents, mais certains ont laissé une empreinte plus déterminante que d’autres. Voici le portrait des 15 entraîneurs qui ont le plus marqué l’histoire du club. Par souci d’équité, ils sont présentés par ordre alphabétique. Quatorzième épisode : François Wicart (debout, 1er en partant de la gauche sur la photo).
Né le 3 janvier 1926 à Bruay-en-Artois, dans le Pas-de-Calais, François Wicart grandit dans un milieu ouvrier. Avant de chausser les crampons, il travaille comme mineur de fond, un métier éprouvant qui forge son caractère et sa robustesse. Toutefois, grâce à des prédispositions dans le football, il est parvenu à s’extirper de sa condition en débutant en 1945 au FC Rouen, où il signe son premier contrat professionnel.
De mineur de fond à défenseur des Verts
En 1952, Wicart rejoint l’AS Saint-Étienne, club de mieux en mieux structuré. Il devient rapidement un pilier de la défense stéphanoise. Sa carrière de joueur avec les Verts est marquée par plusieurs moments forts comme la coupe Drago en 1955, une compétition qu’il remportera à nouveau en 1958 et le titre de Champion de France en 1957. Il fait donc partie du groupe qui offre à l'ASSE ses premiers titres d’envergure nationale. François Wicart est aussi finaliste de la Coupe de France en 1960 : Bien que battu face à Monaco après prolongations (2-4), il contribue à porter le club vers cet exploit.
Il est également titulaire lors de la victoire du Challenge des champions en 1957 contre Toulouse (2-1), ce trophée venant couronner une saison exceptionnelle. Pour terminer, il est sur la feuille de matches des premières rencontres européennes de l’ASSE. Il officie d’abord dans la coupe Latine, l’ancêtre de la coupe d’Europe contre le Benfica Lisbonne (0-1) et le Milan AC (3-4) et surtout contre les Glasgow Rangers pour les deux premiers matches de l’histoire des Verts sur la scène continentale (1-3, 2-1). Au total, il dispute 280 matchs en championnat avec Saint-Etienne entre 1952 et 1960, illustrant sa longévité et son engagement envers le club.
L'entraîneur au service du club
Le 15 novembre 1960, suite à la mise à pied de René Vernier (premier entraîneur de l’ASSE limogé en cours de saison), François Wicart prend les rênes de l’équipe première. Alors qu’il était encore joueur, titulaire contre Nice à Geoffroy-Guichard, quatre jours auparavant (0-0), il accepte la proposition de son président, Pierre Guichard car même si la situation comptable n’est pas catastrophique (les Verts sont 13e de D1), la manière ne correspondait pas aux attentes de la direction qui a décidé de réagir.
Son arrivée coïncide avec une période de turbulences pour le club et lors de son premier match sur le banc, le 20 novembre 1960, l’ASSE s’impose 1-0 contre Valenciennes, la lanterne rouge, obtenant le minimum syndical. Il réussit cependant à redresser la barre, car son sens du jeu et sa connaissance des joueurs lui permettent d’asseoir rapidement son autorité et d’insuffler une nouvelle dynamique à l’équipe. Il ne connaît ainsi qu’une seule défaite en championnat en 1961 (à Nice 0-1) pour sept victoires dont un étincelant 7-1 face à Troyes. Avec Wicart à la manette, les Verts terminent donc à une très belle 5e place. Ils ne sont éliminés qu’en quart de finale de la coupe de France contre Bordeaux dans une confrontation qui aura besoin de trois matches pour connaître son vainqueur.
Il peut alors laisser son poste à Henri Guérin, un successeur ayant une plus forte notoriété et qui aura pour objectif de faire fructifier les très bons résultats qu’il a obtenus.
De retour au chevet des Verts
Malheureusement, la mayonnaise avec Henri Guérin ne prend pas, entraînant une cassure irrémédiable avec ses joueurs, notamment avec le Néerlandais Kees Rijvers. Après une humiliation à Lyon (0-4) le 25 mars 1962, Rocher Roger, le nouveau président, tranche dans le vif et il prononce le limogeage de l’entraîneur. Le lendemain, François Wicart rejoint un comité technique composé de René Domingo, Kees Rijvers, chargé de diriger le groupe. Sous sa houlette, le club remporte sa première Coupe de France en 1962, battant Nancy 1-0 en finale. Toutefois, il ne parvient pas à sauver la tête de son équipe en D1 qui redescend en D2 pour la première fois depuis 1938.
Il est néanmoins confirmé en tant qu’entraîneur principal de l’ASSE par Roger Rocher, convaincu qu’il pourrait faire remonter les Verts dès la saison suivante. Son engagement et sa vision du jeu portent ensuite leurs fruits lors de la saison 1962-63, où il permet à Saint-Étienne de retrouver la première division, offrant aux supporters des Verts un retour tant attendu parmi l’élite du football français et son premier titre de champion de D2.
Un engagement pas récompénsé !
François Wicart n’est pas réellement récompensé de ces efforts, car malgré une saison globalement réussie avec une montée en D1 et la première victoire de l’histoire de l’ASSE en coupe d’Europe contre le Vitoria Setubal (3-0), il doit céder sa place à Jean Snella, l’entraîneur des premiers titres de l’ASSE. Il ne peut pas lutter contre son mentor, déjà un mythe dans le Forez, qui sera chargé de diriger à nouveau les Verts en D1 à partir de 1963. Ce dernier mène l’équipe vers de nouveaux succès, mais l’héritage de Wicart reste indélébile.
François Wicart s’éteint le 27 septembre 2015 à l’âge de 89 ans à Feurs, dans la Loire. Bien qu’en définitive, peu connu du Peuple Vert, son nom demeure gravé dans les annales de l’ASSE. Il est ainsi entré dans les mémoires comme un homme capable de passer des crampons au tableau tactique avec succès, un entraîneur qui a su guider son club dans des moments charnières et marquer durablement l’histoire des Verts.