Le passage de Yann M'Vila à l'ASSE a correspondu avec une époque faste pour l'ASSE qui, sous la houlette de Jean-Louis Gasset a échoué de peu à se qualifier pour la Ligue des champions. Désormais à Caen, après avoir évolué dans le championnat de Grèce à l'Olympiakos, Yann M'Vila revit, encore une fois, comme il l'explique dans une interview donnée à Ouest France.
L’histoire de Yann M’Vila est celle d’un talent précoce, mais aussi d’un homme qui a traversé de nombreux hauts et bas tout au long de sa carrière.
Dès son enfance, Yann M'Vila se réfugie dans le football pour échapper à une situation familiale difficile. En vivant dans un foyer avec sa mère, victime de violences, et ses frères et sœurs, il trouve dans ce sport une échappatoire. « Quand j'étais petit, le foot était une passion, mais aussi un défouloir. C'était le seul moyen de m'évader », confie-t-il. Après un essai concluant, il intègre l’Amiens SC, et plus tard, rejoint le Stade Rennais, où il signe son premier contrat professionnel en 2008. Cependant, ses premiers salaires lui échappent. Son père, qui avait procuration, prenait tout : « Je devais aller à 00h01 au distributeur pour retirer mon argent et pouvoir aider ma mère. »
Son père, qui avait procuration sur ses comptes, prenait tout !
Ses débuts sont prometteurs, mais la suite de sa carrière est marquée par des choix difficiles. Courtisé par de grands clubs européens comme Arsenal et Barcelone, M’Vila surprend en choisissant le Rubin Kazan en Russie. Là, il touche 500 000 € nets par mois, mais l’argent n’apporte pas le bonheur : « J’étais dans ma chambre, à faire une dépression », avoue-t-il.
Lui qui avait été capitaine à plusieurs reprises en Russie, comme il l’explique sur Onzéo, a également eu des torts dans sa carrière. Il reconnaît que son passage à l’Inter Milan a été un échec : « J’ai entendu des choses horribles sur moi, que j’étais fini, que je n’avais plus du tout le niveau pour jouer en professionnel. »
En parlant de l'influence de certains entraîneurs, il se souvient avec émotion de Frédéric Antonetti, qui a joué un rôle crucial dans sa jeunesse. Antonetti, qu’il décrit comme un « deuxième père », l'a aidé à transformer son hygiène de vie : « Il m’a demandé de vivre chez lui. Comme j’étais avec ma famille, il m’a envoyé un cuisinier à demeure. » Cette attention a aidé M’Vila à se concentrer sur son jeu.
M'Vila se sort de sa dépression après une rencontre à Metz !
En 2018, Jean-Louis Gasset l’appelle pour qu’il relance l’AS Saint-Étienne. M’Vila accepte, influencé par la relation forte qu’il entretenait avec Gasset, un homme qu’il respectait profondément.
À Saint-Étienne, il donne tout pour l’équipe, jouant même un match avec deux déchirures à la cuisse : « Gasset me l’avait demandé. » Comme il l'explique dans le journal L'Equipe, "l'ancien joueur de l'Inter Milan et de Sunderland parvient à vaincre sa maladie peu après son transfert chez les Verts à l'occasion d'un match contre Metz. « On perd 3-0 là-bas (17 janvier 2018) et je prends énormément de plaisir. C'est là que je me suis dit : en fait, je suis capable. Il n'y a plus besoin d'avoir peur, et j'ai pu enchaîner. »"
Aujourd'hui, de retour en France à Caen après avoir surmonté des mois de dépression, M’Vila s’impose à nouveau comme un leader. En dépit des critiques et des obstacles, il souhaite prouver qu’il est toujours là : « Je veux enchaîner les matchs et aider le club, j’ai beaucoup de choses à prouver à beaucoup de monde. »