L'AS Saint-Etienne est-elle en danger ? Si l'aspect sportif est bien plus reluisant ces dernières semaines, l'ASSE resterait dans une situation économique très complexe.
Un objectif commun à l'ASSE
Cinq victoires, un nul. C'est le bilan qui replace les Verts tout en haut de la Ligue 2. L'ASSE peut croire en ses chances de remonter en Ligue 1 à neuf journées de la fin du championnat. Fort d'un Olivier Dall'Oglio qui a réussi à remettre de l'ordre dans son effectif, les stéphanois enchaînent les bonnes performances.
Pour rappel, en cas de montée en Ligue 1, l'entraîneur des Verts serait automatiquement prolongé d'une saison supplémentaire. Un objectif à court terme commun à tout un club.
À l'instar de leur entraîneur, les joueurs espèrent connaître la montée en fin de saison sous la tunique stéphanoise. Outre l'aspect émotionnel, ils seront plusieurs à percevoir de belles primes en cas de promotion en Ligue 1.
Un objectif commun entre le staff, les joueurs et le club.
En effet, si l'ASSE espère retrouver l'Élite du football français, c'est aussi pour des raisons économiques.
Une montée obligatoire ?
Après la relégation en Ligue 2, Jean-François Soucasse expliquait : "Aujourd'hui, ce que je peux dire, c'est que je porte la charge de l'échec. Ce n'est pas parce qu'on est dans le silence qu'on est dans l'inaction. Je porte aussi la responsabilité de permettre au club de se relever. Une relégation en L2 c'est un budget divisé par 2, une incidence financière, économique, juridique, commerciale… [...] Il faut en quelques jours remettre à plat un projet global."
Malgré cette chute des ressources financières, l'ASSE a fait le choix de pas mettre en place de plan de licenciements. Avec un Jean-François Soucasse en première ligne, le club ligérien a tenté de réduire ses dépenses.
Pour autant, l'ASSE reste largement surdimensionnée pour évoluer en Ligue 2.
L'Equipe l'explique cette semaine : "Le problème, c'est qu'il y a également beaucoup de gens dans les bureaux. Trop. « On est un club de Ligue 2 qui mène un train de vie de Ligue 1 », résume l'un d'eux. Cette situation ne sera plus viable après le 30 juin, date à laquelle l'AS Saint-Étienne présentera de nouveau des comptes excédentaires de 1 M€, avec 10 M€ de trésorerie.
Car si les Verts, actuellement troisièmes, n'atteignent pas leur objectif de remontée en deux ans, ils se retrouveront en grosse difficulté financière. Elle entraînera de facto un plan social. Sans que la question ne lui soit posée à ce sujet, Jean-François Soucasse, président exécutif de l'ASSE, a préparé le terrain lors de la dernière réunion du Comité social et économique (CSE). Dans le procès-verbal, on peut lire :
« Le déficit d'exploitation structurel reste très significatif depuis de nombreuses années. Depuis la descente en L2, la priorité pour les actionnaires a été de préserver l'emploi grâce aux aides perçues, aux économies réalisées et aux transferts effectués. »
Une vente obligatoire pour l'ASSE ?
Depuis 2018, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo n'ont cessé d'affirmer et de réaffirmer leur volonté commune de vendre l'ASSE. Le premier fêtera ses 79 ans en août prochain et aspire à passer la main. Le second, loin de l'ASSE, serait également enclin à tourner la page.
Pour autant, les péripéties n'ont été que trop nombreuses. De quoi susciter l'exaspération des supporters des Verts. Des péripéties qui ont même pousser à se demander si les deux hommes souhaitaient réellement vendre l'ASSE. Si oui, à quel prix ?
Depuis 2018, la situation a grandement évoluée. Alors que le club jouait régulièrement l'Europe à l'époque, l'ASSE est aujourd'hui en Ligue 2. Financièrement, l'équilibre n'est pas là.
L'Equipe appuie : "L'ASSE compte 270 salariés, soit presque le double de Brest, deuxième de L1. Même en cas de montée, Saint-Étienne n'échappera pas à une réorganisation de ses effectifs. Une troisième saison de rang en L2 entraînerait une forte casse sociale. Au niveau du personnel administratif, du centre de formation, mais aussi des joueurs. Les Verts repartiraient avec une équipe affaiblie, condamnée au mieux au ventre mou, au pire, à jouer le maintien."
Si une montée en Ligue 1 permettrait de venir combler les trous et ramener un certain équilibre financier, qu'en serait-il de l'aspect sportif ?
Une valeur d'effectif en chute libre
L'effectif des Verts est de moins en moins précieux. Selon les estimations approximatives du site transfermarkt, la tendance à la baisse est marquée :
- 2023 - 2024 : 32,25 M€
- 2022 2023 : 66,50 M€
- 2021 - 2022 : 105,65 M€
- 2020 - 2021 : 154,5 M€
- 2019 - 2020 : 104,83 M€
- 2018 - 2019 : 131,25 M€
22 fins de contrat d'ici 14 mois
Fin de contrats en juin 2024 :
- Stéphane Diarra : Retour de prêt à Lorient
- Irvin Cardona : Retour de prêt à Augsbourg
- Nathanaël Mbuku : Retour de prêt à Augsbourg
- Aïmen Moueffek
- Mickaël Nadé
- Dylan Chambost
- Maxence Rivera
Des joueurs qui partiront libre dans deux mois sans renouvellement d'ici là.
Fin de contrats en juin 2025 :
- Benjamin Bouchouari
- Gautier Larsonneur
- Mathieu Cafaro
- Lamine Fomba
- Yvann Maçon
- Anthony Briançon
- Dylan Batubinsika
- Florian Tardieu
- Dennis Appiah
- Ibrahima Wadji
- Léo Pétrot
- Etienne Green
- Thomas Monconduit
- Boubacar Fall
- Antoine Gauthier
Si certains disposent d'années en option en cas de montée, il sera indispensable de prolonger certains joueurs cet été ou de trouver de nouveaux éléments pour reconstruire l'effectif des Verts.
Avec des moyens relativement limités, un train de vie de Ligue 1, et des joueurs qui arrivent au terme de leurs contrats, les dirigeants de l'ASSE se trouvent chaque jour un peu plus du pied du mur. De quoi envisager une vente du club d'ici à la fin de saison.