« Les chiffres, c’est comme les chiens de chasse : mal dressés, ils courent partout et ne ramènent jamais rien. » Joss Randall (ASSE) – quelque part entre deux pertes de balle

The Final Countdown de Micheline (de la compta) : ROAD TO LIGUE 1 = -40 points

« Salut les Gamins. Apparemment vous n’avez pas lu ce que je vous avais écrit en conclusion la semaine dernière, hein ? Rappelez-vous, ça disait : « Ben si ce n’est pas trop vous demander, essayez au moins de ne pas être ridicules avant la trêve en me ramenant 3 points contre BASTIA. Sinon, je vous préviens, c’est l’Honte. ». Ben voilà, on y est. Samedi, j’ai encore vu un match où vous aviez le ballon comme un héritage familial… pour en faire absolument n’importe quoi. J’ai vu de la possession, des passes, des schémas, et toujours ce même résultat : rien sous le sapin. L’arbre est joli, mais la forêt derrière commence à faire peur. Bougez-vous le cul. À bon entendeur. Micheline. »

Salut les Groupies,

C’est le retour de votre cowboy JossRandall après ce triste #ASSESCB du 13 décembre. Et pour une fois, je ne vais pas trop m’attarder sur ce match, à nouveau raté par nos Verts, pour regarder la situation d’un peu plus haut, à presque mi-parcours. Une chronique un peu différente de ce que vous avez l’habitude de lire. Sans doute parce que comme vous, votre Cowboy est un peu chafouin de cette maussade histoire sans fin.

Il y a des classements qui rassurent comme une couverture tiède, et d’autres qui sont des plaids Ikea : jolis à regarder, mais trop courts pour couvrir la misère. Celui de l’ASSE appartient clairement à la deuxième catégorie. Parce qu’à force de regarder la place occupée sans regarder comment elle est occupée, on finit par croire que tout va bien alors que … tout va pareil, en fait. C’est‑à‑dire lentement vers l’ennui, parfois vers l’erreur, souvent vers la désillusion.

L’ASSE, aujourd’hui, c’est l’art de l’arbre. L’arbre qu’on agite sous le nez du supporter pour éviter qu’il regarde la forêt. Le classement, la possession, les chiffres, l’investissement. Pendant ce temps‑là, derrière, ça brûle, ça stagne, ça régresse parfois. Et surtout, ça ne progresse pas.

Il fut un temps où l’ASSE avançait masquée. Aujourd’hui, elle avance déguisée. Déguisée en équipe dominante, en favori crédible, en rouleau compresseur en devenir. Sauf que le masque commence à glisser, le maquillage coule, et derrière le sourire figé on aperçoit surtout une équipe qui ne progresse pas, qui ne mord pas, et qui vit au-dessus de ses moyens footballistiques.

Parce que oui, regardez bien : l’ASSE est haute au classement, mais basse en intentions. Haute en possession, mais basse en danger créé. Haute en investissements, mais basse en rendement. L’arbre cache de moins en moins la forêt, et la forêt, mes amis, n’est pas amazonienne : elle est touffue, brouillonne, et pleine de panneaux « sens interdit ».

Chapitre 1 : Le Baobab – L’Arbre statistique - ASSE

Commençons par ce fétiche moderne : la possession de balle. L’ASSE a le ballon. Souvent. Longtemps. Passionnément. Elle le garde comme un enfant garde son doudou : surtout pour se rassurer. Le problème, c’est que le ballon, ce n’est pas un gri‑gri. Ce n’est pas parce que tu l’as que tu gagnes, c’est ce que tu en fais qui compte.

Chez nos Verts, la possession ressemble à une réunion qui n’en finit pas : beaucoup de monde autour de la table, beaucoup de prises de parole… et aucune décision. Ça recycle, ça sécurise, ça se félicite d’avoir évité le risque. Le jeu est propre, bien coiffé, repassé à la vapeur. Mais tellement propre qu’il en devient inoffensif.

On joue à dix pourcents d’intentions offensives et à quatre‑vingt‑dix pourcents de peur de mal faire. Résultat : des adversaires qui subissent sans souffrir, qui attendent leur moment, et qui savent qu’il viendra. Parce qu’il vient toujours.

L’ASSE a le ballon. Partout. Toujours. Comme disent les Green Angels.
Tout le temps. Elle le fait tourner comme une vieille VHS qu’on rembobine par nostalgie. Soixante, soixante‑cinq pour cent de possession, parfois plus. 77% samedi contre Bastia. Fou. De quoi faire frétiller les tableurs Excel et les amateurs de camemberts statistiques.

Mais sur le terrain, cette possession ressemble surtout à une séance de thalasso : ça détend, ça fait circuler, mais ça ne muscle rien. On joue propre, on joue sage, on joue horizontal. On évite le risque comme on évite un contrôle fiscal. Résultat : des adversaires qui regardent passer le ballon avec un demi‑sourire, sachant qu’à un moment donné, l’ASSE va s’auto‑saborder.

La possession est devenue un alibi. Une excuse bien repassée. On domine, dit‑on. Oui, mais on domine quoi ? Le rond central ? Le chronomètre ? Le concours du plus grand nombre de passes inutiles ? L’ASSE confond maîtrise du jeu et maîtrise du PowerPoint.

Mais peut-être que l’exemple, comme souvent, vient du haut ? De nos nouveaux actionnaires ?...

Chapitre 2 : Les Frêles Bouleaux – La Forêt défensive (et ses sangliers)

Petit clin d’œil au poète Jacques VILLEBRUNE dans son JE SUIS PENSIF COMME UN LAC SOLITAIRE :  Les grands chênes, les pins noirs, les frêles bouleaux, Et l'orient vermeil et le couchant austère.

Car derrière l’arbre de la possession, il y a la forêt des réalités.
Une défense fébrile, friable, parfois lunaire. Hier c’était NADÉ_RÉTRO_SATANAS  et BERN_HAPPY_AUER, mais dans un autre match, ça sera deux autres ….
Une défense qui donne l’impression de découvrir ses partenaires à chaque centre adverse. On défend comme on lit une notice en suédois : avec de la bonne volonté, mais sans vraiment comprendre.

Le moindre temps faible devient une opportunité offerte. Le moindre ballon mal renvoyé se transforme en panique collective. Et quand le but arrive – parce qu’il arrive – tout le monde regarde le ciel comme si la foudre était tombée sans prévenir.

Et puis il y a cette incapacité chronique à progresser. Les mêmes maux, les mêmes absences, les mêmes discours. L’ASSE ne construit pas, elle reconduit. Elle vit sur ses habitudes comme un locataire qui n’a jamais changé les serrures. On connaît le scénario : domination stérile, occasion manquée, erreur derrière, punition. Rideau.

Derrière l’arbre statistique, il y a la forêt défensive. Une forêt sombre, bruyante, où chaque ballon adverse devient un cri d’alerte. Une défense catastrophique par intermittence régulière, capable de tenir dix minutes correctement avant de sombrer dans l’improvisation théâtrale.

On recule, on hésite, on se regarde. Les centraux défendent en lecture partagée, chacun lisant un chapitre différent. Les latéraux sont souvent en excursion touristique. Et quand le centre arrive, c’est portes ouvertes : « Servez‑vous, c’est la maison qui rince. »

Le plus inquiétant, ce n’est même pas l’erreur individuelle. C’est la répétition. Les mêmes buts encaissés, les mêmes absences, les mêmes temps faibles mal gérés. À ce stade, ce n’est plus un accident, c’est une identité.
Et entre gitans, on ne va pas se tirer les cartes les amis : comment peut-on imaginer « durablement » une montée directe en ayant la 16ème pire défense de la division (sur 18, pour rappel …) et en encaissant 1.5 but par match. C’est impossible, en fait. Pour comparaison l’an dernier, les deux clubs qui sont montés directement (Lorient et le PFC) en avaient encaissé 31 et 33 …. Dans toute la saison.

Notre ASSE réussit quand même l’exploit inégalé de prendre deux pions À LA PIAULE contre la pire attaque de L2 à l’extérieur qui n’avait – rappelons-le ici – pas marqué un seul but à l’extérieur depuis le début de la saison !!
Et le Viking CAP_HORNELAND semble l’avoir définitivement perdu (le Cap) et surtout, interview après interview, renvoie l’image d’un mec qui y croit de moins en moins.

Un match après l’autre, l’ASSE donne cette impression terrible d’une équipe qui n’apprend pas. Elle accumule de l’expérience comme certains accumulent les livres : sans jamais les ouvrir. Les erreurs ne servent pas de leçon, elles servent de décor.

Chapitre 3 : L’Argent, ce bonsaï mal arrosé

Et parlons‑en, de l’argent. Le gros arbre annoncé. Celui qui devait écraser la Ligue 2 de son ombre bienveillante. Des millions dépensés, commentés, brandis comme une preuve irréfutable de supériorité à venir.

Sauf que l’argent, mal utilisé, ne fait pas une forêt. Il fait – là encore - uniquement un décor. Et encore, un décor en carton‑pâte. Les choix interrogent, l’équilibre inquiète, et l’impact global laisse perplexe. On a empilé des profils sans empiler des certitudes. On a investi sans dominer. On a dépensé sans imposer.

Sauf que l’argent, ici, a été dépensé comme un héritage dilapidé à Las Vegas. Beaucoup d’entrées, peu d’impact. Des profils empilés sans complémentarité. Une équipe qui semble construite comme un meuble sans notice.

On nous avait promis une forêt. On a eu un bonsaï : cher, fragile, décoratif. L’investissement devait masquer les manques ; il les a au contraire révélés. Parce que mal dépenser, c’est parfois pire que ne pas dépenser du tout.

Alors quand le collectif se délite, on s’en remet aux individualités. Toujours les mêmes. Le dribble salvateur, la frappe miracle, le coup de génie isolé. L’ASSE joue à la loterie du talent, espérant que le hasard compensera l’absence de plan.

Et une équipe qui s’en remet en permanence à ses individualités est une équipe qui avoue implicitement l’échec de son projet de jeu.

Conclusion : Élagage, éclaircissements, replantage… pour enfin voir la forêt

Aujourd’hui, l’ASSE est toujours bien placée. Et c’est précisément ça, le danger. Le classement anesthésie les consciences. Il permet de repousser les questions, de différer les remises en cause.

Le problème, ce n’est pas que l’ASSE soit mauvaise. Le problème, c’est qu’elle se ment à elle‑même. Qu’elle se cache derrière des arbres rassurants pour éviter de regarder la forêt inquiétante.

À force de se convaincre que tout est sous contrôle, on finit par ne plus contrôler grand‑chose. À force de caresser le ballon, on oublie de mordre l’adversaire. Et à force de compter les billets, on oublie de compter les points perdus.

Mais l’arbre ne cache plus la forêt. Elle est là, devant nous. Une forêt de fragilités, d’erreurs répétées, de promesses non tenues et de chemins qui ne mènent nulle part.

Soit l’ASSE décide enfin de se donner le courage d’y entrer avec une machette et des idées claires, du caractère et des choix forts. Soit elle continuera à pique‑niquer à l’ombre des baobabs, en expliquant que le paysage est joli.

Et comme dirait ma Micheline en refermant ses comptes : « À force de regarder les feuilles, on finit toujours par se prendre le tronc. »