L'ASSE connaît une période relativement trouble avec une relégation et une vente du club qui n'arrive toujours pas. Si les co-actionnaires sont les premiers à recevoir les critiques des supporters, un autre homme commence à être visé par les critiques. Il s'agit de Jean-François Soucasse, président exécutif de l'ASSE. A tort ou à raison ?

Une intronisation puis une montée en puissance

Ancien joueur des Verts, il fait son retour à la maison le 11 janvier 2021. Xavier Thuilot remercié par les actionnaires, Roland Romeyer tranche. Il connaît en effet l’intéressé depuis sa période de joueur stéphanois (1995-1998). Bernard Caïazzo entretient aussi de bonnes relations avec l’ancien directeur général de Toulouse. Jean-François Soucasse dirigera l'AS Saint-Etienne au quotidien.

Il déclare alors "Je suis heureux et honoré de revenir à Saint-Étienne pour me mettre au service de l’ASSE, un club mythique porté par une ferveur incomparable. Les défis sont nombreux. Relevons-les ensemble avec solidarité, fierté et enthousiasme."

D'un point de vue stratégique, cette arrivée n'est pas neutre. Claude Puel se voit retiré une bonne partie de son pouvoir avec le départ de Xavier Thuilot. Alors que le coach castrais s'était vu donné les pleins pouvoirs par sa direction, la roue commence à tourner. Le début de la fin pour Puel. Le licenciement de Stéphane Ruffier aura laissé des traces. Roland Romeyer souhaite placer un homme en qui il a confiance. Cet homme sera donc Jean-François Soucasse.

Quelles missions ?

Le 1er juillet 2021, il passe de Directeur Général à Président de l’Exécutif. L'ASSE dépose alors un communiqué qui précise ses missions :

Compte tenu des incertitudes sanitaires et économiques qui pèsent sur la saison 2021-2022, le club devra continuer à suivre cette ligne vertueuse et saisir des opportunités afin de mener à son terme la transformation de son modèle sportif et économique, déjà anticipée depuis plusieurs mois.

Dans le cadre des pouvoirs élargis qui lui sont conférés et le respect des prérogatives des actionnaires, Jean-François Soucasse pilotera la gestion opérationnelle et stratégique du club avec l’appui de ses équipes et en collaboration avec Claude Puel, Manager général en charge du projet sportif.

En étroite relation avec le cabinet KPMG mais aussi avec la ferme volonté d’aboutir dans les meilleurs délais, les actionnaires poursuivent leurs investigations pour la recherche d’investisseurs crédibles et dotés d’une solidité financière conséquente afin de permettre à l’ASSE de franchir un nouveau palier. Ils tiennent également à rappeler que leur priorité constante est de défendre les intérêts de l’institution, des salariés investis à son service et de tous ceux qui aiment les Verts.

En contrepartie de ses missions, Jean-François Soucasse aurait négocié  un salaire de 45.000 euros bruts mensuels. A confirmer. Plus de 500.000 euros à l'année pour le Président de l'ASSE ? Une rémunération qui n'aurait pas été revue à la baisse après la relégation du club en Ligue 2.

Un bilan sportif déplorable

Six mois plus tard, il est officiellement nommé Président de l’Exécutif. Nous sommes le 1er juillet 2021. Quel bilan après 18 mois à la tête de l'AS Saint-Etienne ?

Sportivement, la sentence est sans appel. Les Verts ont été relégués en fin de saison. Avec le neuvième budget de Ligue 1 (70 millions d'euros), l'ASSE termine à la place de barragiste et se voit relégué en L2.

L'essentiel est là, les résultats sportifs depuis son arrivée ne sont pas au rendez-vous. S'il n'est pas le seul responsable de cet échec, il porte obligatoirement une part de responsabilité. Après avoir connu la relégation avec le TFC, Jean-François Soucasse est une nouvelle fois à la tête d'un club qui se voit descendre en Ligue 2. Deux échecs qui ne sont pas neutres vu les clubs en question.

Un bilan financier compliqué

Si le sportif est plus que décevant, Jean-François Soucasse a dû composer depuis son arrivée avec un contexte économique complexe. Mediapro et le Covid ont laissé des traces. Il doit mener la transformation du modèle économique et sportif.

Le budget de l'AS Saint-Etienne va être fortement impacté par la relégation. Conscient, il évoquait le sujet la semaine dernière en conférence de presse : "Quand vous passez d'un budget de 70 à 30M. C'est complexe et ça demande de la compétence. Heureusement plusieurs actions ont été menées (contrôle de la Masse Salariale, renforcement des fonds propres) ça aurait pu être pire."

Factuellement, l'ASSE compte de nombreuses dettes. Si CVC et l'aide à la relégation de la LFP permettent aujourd'hui de composer un budget accepté par la DNCG, nous pouvons être très inquiets quant à la situation financière de l'ASSE dès la saison prochaine. La vente des joueurs (Saliba, Fofana, etc) a permis de limiter la casse ces dernières saisons. Mais ces créances arrivent à terme. Le club a continué à cumuler ses dettes avec un modèle économique qui peine à se transformer faute de moyens.

Un sponsoring qui interroge

Si parmi ses missions, Jean-François Soucasse devait développer le sponsoring et autres partenariats financiers, le résultat interroge également aujourd'hui. Les revenus générés peinent à grimper de manière significative. La relégation ne devrait pas aider.

L'exemple de UP2IT reste marquant. Proche du dirigeant, Sébastien Frappoli, Jean-François Soucasse avait conclu un partenariat avec cette société. Les deux hommes se sont connus à l’époque du TFC. L'expérience n'a pas donné les effets escomptés puisque UP2IT a connu des difficultés pour régler la note. C’est pour cette raison que les Verts ont joué la fin de saison sans sponsor sur le dos du maillot (au-dessus du numéro du joueur). Un manque à gagner qui avoisinerait les 200 000 euros.

Autre exemple, l'ASSE a renforcé son partenariat avec Serge Bueno et l'entreprise Smart Good Things. Un temps intéressé par la rachat du club, ce groupe devient le sponsor principal du maillot des Verts. Si financièrement, l'opération semble relativement bonne, la présence de Tony Parker dans l'actionnariat de cette entreprise interroge également. Très proche d'un certain Jean-Michel Aulas, l'ex-basketteur se voit aujourd'hui en business avec l'ASSE.

 

Une communication verrouillée ?

Fort de ses nouvelles fonctions, Jean-François Soucasse se voit renforcer à son poste dès juillet 2021. Deux mois plus tard, l'ASSE officialise le départ de Philippe Lyonnet. Les relations entre le Président Exécutif et l'ex-Responsable de la Communication du club ont rapidement été très tendues. Elles se sont dégradées pour aboutir à une rupture en septembre 2021. Après de longues années, Philippe Lyonnet quitte l'ASSE. Il ne sera jamais remplacé.

Si Joel Gomez et Thomas Granger se voient confier la gestion du service communication, Jean-François Soucasse pilote et veille de prés à la communication du club. Dans le cadre de la vente, la communication est rapidement sous-traitée à la société JPMA. Une société gérée par Patrick Chêne (exc France Télévision).

Jean-François Soucasse n'hésite pas à prendre lui-même la plume lorsqu'il l'estime nécessaire. Comme ce fût le cas pour la lettre ouverte diffusée le 14 avril 2021 sous la forme d'un communiqué officiel.

Le président de l'exécutif reste donc très vigilant sur la communication de l'ASSE ...

 

Attentif à la relation avec les supporters

La communication est très importante. Notamment pour interagir avec le public stéphanois. Son aventure s'est mal terminé du côté de Toulouse. Les tensions étaient devenues très fortes avec les supporters du TFC. Il le sait, la ferveur est tout autre dans le forez. Le sujet peut rapidement s'embraser.

Les derniers incidents (ASSE - AJA) l'ont placé dans une situation très inconfortable. Une situation pour laquelle il a dû se montrer responsable auprès de la LFP sans froisser le Peuple Vert et ses Ultras. Le sujet est glissant. Il le sait et déclare il y a une semaine :

"On doit surement faire mieux. Il faut faire preuve de pédagogie. Je pense qu'on a un sujet qui est loin d'être neutre, ce sont les sanctions collectives. Aujourd'hui ça heurte le bon sens de tout le monde, 50 fumigènes 8000 personnes qui n'ont pas le droit de stade. Est-ce que c'est juste ? Non.  Est-ce que pédagogique ? La preuve, ça continue. Nous défendons les sanctions individuelles qui existent a peu près sur tous les autres faits et délits dans la société.

Ce dossier est en instruction au vu de la gravité des faits, on n'écarte aucune hypothèse dont le retrait de points. Il y a des plaintes déposées, des analyses mises en place pour définir les identités des personnes qui se sont rendues coupables d'actes graves."

Jean-François Soucasse devra continuer à marcher sur un fil cette saison où les tensions devraient rester tout aussi palpables.

 

Une responsabilité assumée ?

Le 1er juin, le président de l'exécutif assumait l'échec de la descente sur les ondes de France Bleu, partenaire de l'ASSE : "Aujourd'hui, ce que je peux dire, c'est que je porte la charge de l'échec. Ce n'est pas parce qu'on est dans le silence qu'on est dans l'inaction. Je porte aussi la responsabilité de permettre au club de se relever. Une relégation en L2 c'est un budget divisé par 2, une incidence financière, économique, juridique, commerciale..."

Il reste sur la même longueur d'onde mercredi dernier où il se veut enthousiaste pour l'avenir de l'ASSE : "Vous savez on sort d'une saison éprouvante. Je n'avais jamais autant attendu une nouvelle saison. On a connu une véritable déflagration ces dernières semaines. On a hâte de passer à cette nouvelle saison. On n'a pas été inactif depuis un mois. Il faut en quelques jours remettre à plat un projet global."

L'arrivée de Laurent Batlles est un signe fort envoyé par les dirigeants. Au même titre que les signatures des trois nouveaux joueurs des Verts. De quoi esquisser un nouvel espoir pour les supporters des Verts ? Personne n'est dupe aujourd'hui. Loïc Perrin l'a confié, l'ASSE ne vise pour l'heure que joueurs libres ou capables de se libérer de leurs contrats. Le manque de liquidités reste bien présent et ne devrait pas se régler sans l'arrivée d'un nouvel actionnaire.

Si Jean-François Soucasse ne doit porter seul la responsabilité du naufrage de l'ASSE, la place qu'il occupe implique forcément une part des échecs à mettre à son actif.