David Wantier s'est exprimé dans les colonnes du Progrès paru ce mardi. Une interview dans laquelle il donne son avis et distribue les bons et les mauvais points s'agissant du dernier mercato mené par l'ASSE. Une sortie qui surprend, tant par son timing, sa forme et son fond...
David Wantier est arrivé à l'ASSE en mai 2015 pour y accomplir une mission "dans la volonté de conforter" le projet sportif de l'ASSE. Ainsi, via un communiqué, le club précisait à l'époque que "David Wantier assistera et conseillera l’actuelle cellule de recrutement tout en conservant ses fonctions d’agent sportif dans le respect de la loi et des règlements de la FFF."
C'est donc en conservant son portefeuille de joueurs que David Wantier arrive à l'ASSE pour prodiguer ses conseils en termes de recrutement. Étrange et inédit. David Wantier, agent de Romain Hamouma, débute ainsi sa collaboration avec les Verts en cumulant deux activités intimement liées mais inéluctablement sources de conflits d'intérêts. Une situation clarifiée par la suite puisque officiellement et comme le règlement le lui impose, le chef du recrutement stéphanois abandonnera son activité d'agent pour devenir salarié de l'ASSE, propulsé à la tête de la cellule de recrutement, poste actuellement occupé par Loïc Perrin.
David Wantier soigne son bilan à l'ASSE...
Ce jour, David Wantier dont la rumeur rapporte qu'il aurait donné "un coup de main" cet été pour trouver des solutions de sortie à certains indésirables au club, témoigne et donne son avis sur le mercato stéphanois ainsi que le fonctionnement d'une cellule de recrutement. Entre lapalissades comme affirmer que "la finalité du recrutement, c’est que si vous avez bien identifié un joueur en amont, vous pouvez attendre le moment propice" et mise en avant de ses réussites au moment d'expliquer que "pour Wesley Fofana, l’année avant son départ pour Leicester, tout le monde voulait le vendre pour 5 millions d’euros au RB Salzbourg", expliquant qu'il avait "dû persuader le président Romeyer de le garder un an de plus. C’est la seule personne qui m’a écouté. Heureusement", la forme interroge... David Wantier n'a pas toujours été habile et bon conseil au moment de bien vendre. D'après nos informations, l'ASSE aurait pu s'asseoir sur 12 millions d'euros lors de la vente de William Saliba (vendu finalement 25 M€ + 5 M€ de bonus quasi automatiques). De son côté, David Wantier avait décidé de donner son accord aux anglais d'Arsenal pour une vente à 18 M€... Il aura fallu un veto du président Romeyer pour éviter de brader l'un des joyaux du centre de formation !
Si David Wantier a tenu un rôle très important au moment de dégraisser l'effectif stéphanois lorsque Jean-Louis Gasset a pris les rênes de l'équipe, il n'a pourtant pas toujours été très inspiré dans son recrutement. Lorsqu'il lui est demandé d'expliquer le flop Loïs Diony, il rétorque : "Il n’y a pas de syndrome de l’attaquant mais Saint-Etienne n’a pas les moyens financiers pour recruter un crack. Les dirigeants stéphanois sont traumatisés par Gonzalo Bergessio. Quand est-ce qu’à la formation, ils vont se mettre dans l’idée qu’il faut recruter quelqu’un qui forme spécifiquement les attaquants ? À Saint-Etienne il y a eu Robert Beric, et concernant un élément formé à l’ASSE, Jonathan Bamba. C’est tout et c’est trop peu. Le grand attaquant, on en parle depuis vingt ans."
David Wantier : un nombre incalculable de flops recrutés !
Depuis 20 ans, peut-être pas... Entre 2011 et 2013 un certain Emerick Aubameyang faisait les beaux jours de l'ASSE sous les ordres de Christophe Galtier... Evoquer un manque de moyens pour recruter un "crack" en attaque c'est oublier que lorsque l'ASSE recrutait Loïs Diony, l'olympique de Marseille attirait pour le même montant un certain Valère Germain. Pas le même profil, certes, mais en 2017 avec 8 millions d'euros il y avait matière à développer quelques idées plus originales pour attirer un véritable buteur. Pour cela, il fallait installer une politique de scoutisme digne de ce nom et efficace, ce qui au vu du recrutement de l'époque ne fut pas le cas. Ainsi David Wantier à qui il était reproché de ne pas suffisamment explorer la Ligue 2 et de ne pas assez voyager afin d'observer de potentielles futures recrues explique aujourd'hui dans le Progrès que "le service recrutement aujourd’hui, c’est prévenir et anticiper les besoins éventuels. Il faut s’appuyer sur des bases de données réactualisées et fournies. On dispose de très peu de temps pour voir des matches, or, c’est la base. Si l’on s’appuie uniquement sur la vidéo, c’est assez aléatoire et si on se livre au fameux « panic buy », on fait de la merde (sic)."
il est utile de rappeler qu'en son temps, David Wantier n'a jamais brillé par son flair. Oussama Tannane (5 M€), Alexandros Katranis (0,6 M€), Assane Diousse (5 M€), Jorginho (1 M€), Bryan Dabo (4,5 M€), Cheikh M'Bengué (plafonné au salary cap), Léo Lacroix (3 M€) sont les flops les plus retentissants de l'ère Wantier. Approximativement 20 millions d'euros jetés par la fenêtre !
David Wantier conclut son entretien en reconnaissant que la paire Batlles-Perrin a beaucoup joué dans le profil des joueurs recrutés : "Je pense que les avis de Laurent Batlles et Loïc Perrin ont beaucoup compté. Il faut définir le recrutement par rapport à l’objectif, le budget et le nombre de joueurs que vous souhaitez avoir dans l’effectif. Cela ne sert à rien d’empiler des noms. Il doit y avoir un lien entre la cellule de recrutement et le coach. Pour connaître les profils qu’il recherche, on doit travailler en symbiose. Cela semble avoir été le cas cet été."
Un lien qui s'était distendu à l'arrivée avec l'arrivée de Gasset au club, ce dernier cantonnant David Wantier à un rôle de dégraisseur d'effectif et négociateur pour les arrivées. David Wantier possède certainement de grandes qualités lorsqu'il s'agit de négocier, toutefois, l'ASSE n'aura jamais réellement déniché de joueurs sous la direction de celui qui est redevenu agent de joueurs. Un peu problématique lorsqu'on travaille dans un club qui à défaut d'argent se devait d'avoir des idées...