S’il est encore tôt pour établir un bilan éclairé du mercato stéphanois, nous pouvons poser un simple constat. Celui-ci n’est pas nouveau mais ô combien d’actualité. Sans investissement sur le marché des transferts, une saison galère attend les Verts.
Le 6 janvier 2022, Roland Romeyer, actionnaire principal de l’AS Saint-Etienne, déclarait dans les colonnes du Progrès :
Pourquoi ne pas avoir recruté cet été (2021) ?
« On en avait parlé avec mon associé en juin. On avait les moyens de recruter. Des joueurs voulaient rester, d’autres étaient disponibles. C’était un choix du manager général (de ne pas recruter, NDLR). Il a pensé qu’avec l’effectif qu’il avait à disposition, ça allait le faire. Ce que l’on n’a pas dépensé l’été dernier, on va le dépenser maintenant. L’argent était prévu au budget. »
8 mois plus tard, quasi jour pour jour, qu’en est-il ?
Un recrutement certes massif en janvier mais aucun achat de joueur. Le board stéphanois a dû composer avec des moyens limités et s’est contenté de prêts ou de joueurs libres. Assez logiquement, ces recrues ont débarqué en manque de rythme et/ou de confiance.
Malgré une série de bons résultats, l’état physique des troupes aura eu raison de Pascal Dupraz. Les Verts sont relégués après un passage par les barrages. Nous y avons cru mais les limites de l’effectif étaient trop importantes pour que ça passe. On ne pourra nous empêcher de penser qu’avec un peu plus de moyens, le groupe aurait pu être renforcé de manière plus qualitative…
Aujourd’hui relégué en Ligue 2, le budget de l’AS Saint-Etienne est passé de 70 à 30 millions d’euros. La masse salariale, plus gros pôle de dépense des club de football, doit fondre. C’est impératif pour respecter un équilibre économique qui voit les recettes chuter en Ligue 2 (droits tv, billetterie, …).
De ce point de vue là, les 14 joueurs en fin de contrat tombent parfaitement bien. On n’ose imaginer la situation s’il fallait trouver preneur pour Timothée Kolodziejczak ou Ryad Boudebouz qui sortaient d’un exercice très compliqué avec des salaires conséquents.
Mais Loïc Perrin, en charge du sportif, à fort à faire. S’il a rapidement trouvé un nouveau coach, l’effectif doit être reconstruit en totalité (ou presque).
Dans un premier temps, le duo Perrin-Batlles s’est jeté sur les bonnes occaz’ du marché : les joueurs libres.
Dylan Chambost et Anthony Briancon ont ainsi pu rapidement rejoindre l’ASSE. Idem pour Jimmy Giraudon, libéré par Troyes. Quelques semaines plus tard, là encore, les Verts flairent et tentent l’opportunité Victor Lobry. En quelques jours, le joueur est contacté puis s’engage avec Sainté. Le board stéphanois réitérera encore avec Lenny Pintor. Affaibli offensivement, le joueur veut venir, il connaît Laurent Batlles. Lyon accepte de le libérer. Un nouveau pari pour l’AS Saint-Etienne.
Dans une situation compliquée en Belgique, Mathieu Cafaro est lui prêté avec option d’achat. Si le joueur ne cache pas son envie de s’installer durablement dans le forez, il s’agit ici d’un prêt. Une modalité plutôt cohérente puisqu’elle permettra aux dirigeants de lever ou non leur priorité d’achat au terme de la saison. D’autant plus que l’option négociée reste relativement accessible : 500.000€.
Pour autant, la recrue la plus attendue par les supporters restent celle d’un buteur. Orphelin d’un attaquant capable de tirer l’équipe vers le haut, les Verts doivent se renforcer impérativement à cette position.
Si on observe les équipes qui jouent les premiers rôles ces dernières années en Ligue 2, chacunes disposaient d’un joueur ayant inscrit plus de 10 buts. Seul Jean-Philippe Krasso en semble capable. Potentiellement car il ne l’a jamais réalisé à ce jour. Malgré de belles promesses avec Ajaccio où il avait inscrit 4 buts en 5 mois, l’ancien attaquant d’Épinal ne dispose de peu de références. Après deux matchs, nous avons la confirmation que JPK n’est pas un pur attaquant capable de jouer seul en pointe.
Alors, bien que la situation économique de l’AS Saint-Etienne soit complexe, il est indispensable de ne pas se tromper pour le poste de buteur. Il faudra limiter le pari et trouver une véritable plus value pour Laurent Batlles. L’option Touzghar semble peu convaincante. S’il dispose d’une solide expérience (36 ans en novembre) il ne devra pas débarquer seul.
Il est bien connu que les avant centre sont les joueurs les plus onéreux du marché. Mais l’investissement est réellement indispensable. Les Verts ont enregistré les ventes de Denis Bouanga, Zaydou Youssouf et Lucas Gourna. Plus de 20 millions de créances déjà validées. Sans compter le joli jackpot que les Verts pourraient récupérer en cas de vente de Wesley Fofana ( environ 10 millions d’euros ?).
Bref, vous l’aurez compris s’il peut être compréhensible voire louable de saisir les bonnes opportunités avec l’acquisition de plusieurs joueurs libres, il sera indispensable de réellement investir pour renforcer l’attaque des Verts. Il faut remonter à 2019 pour voir les dirigeants acheter un joueur à plus d’un million d’euros (option d’achat de Timothée Kolodziejczak levée pour 4M€….).
Les conséquences sur le domaine sportif ont déjà été majeures. Attention à ne pas encore s’enfoncer dans une énième saison galère.