Aujourd'hui, ce sont onze supporters de l'ASSE qui comparaîtront devant la justice afin de répondre de divers actes ayant eu lieu lors de la rencontre du 29 mai dernier entre l'ASSE et l'AJ Auxerre. Les graves incidents ayant émaillé la rencontre ont conduit à une opération de police appelée "Ultras 42" en septembre. Sur 26 supporters arrêtés, onze se retrouvent donc aujourd'hui sur le banc des accusés. L'ASSE, dont les relations avec ses supporters reste ambiguë, s'est portée partie civile.
Jean-Guy Riou, président de l'Union des Supporters Stéphanois (USS), répondait il y a quelques semaines aux questions du Progrès :
"On considère que l’on ne peut pas punir un stade entier. Il faut une individualisation de la sanction. Pour nous Stéphanois, la dernière saison a été catastrophique. Le nombre de huis clos totaux ou partiels à cause de l’usage exagéré ou pas de fumigènes a été énorme. Le papi qui amène son petit-fils à Geoffroy-Guichard et qui est privé de match, il n’y est pour rien. Cela me met hors de moi. Il y en a pourtant encore qui préconisent des sanctions collectives. Mais cela n’a jamais réglé le problème. Le résultat est plus que moyen, il est mauvais.
[...] J’ai répété que j’étais contre les sanctions collectives. En fait, tout le monde est contre. On a réussi à faire passer le message que ce n’était pas une solution. Mais pour autant, elles sont encore appliquées par la Ligue. Nous, après les incidents contre Auxerre, on a pris des points de pénalité (6 dont 3 avec sursis) et des huis clos (4 fermes et 2 avec sursis). À côté de ça, il y a eu 27 interpellations. Les sanctions individuelles n’ont pas encore été prononcées. Qu’est-ce qu’on fait ? Vous nous rendez les points. C’est sur ce sujet des sanctions qu’il faut agir."
Aujourd'hui, le procès qui va amener onze supporters stéphanois, âgés de 21 à 34 ans, devant la barre du tribunal correctionnel de Saint-Étienne, ne va pas prononcer de sanction collective. Toutefois, il devra déterminer si les évènements qui ont émaillé la rencontre ASSE-AJA du 29 mai dernier ont été prémédité.
La position ambiguë de l'ASSE vis-à-vis de ses supporters
Ce matin, Me Laurent Verilhac, avocat de plusieurs supporters, s'inscrit en faux contre cette idée dans les colonnes du Progrès. Un acte planifié par ses clients ? "Évidemment que non !", réagit-il. "D’ailleurs le parquet n’a engagé aucune poursuite pour des faits commis en réunion ou en bande organisée."
Pourtant, il sera question de déterminer ce point central et de dénouer la responsabilité des uns et des autres. Parmis les onze supporters, plusieurs appartiennent aux magie fans 91, un autre est un leader un portant des Green Angels 92, mais tous ne sont pas des "Ultras" adhérent à l'un de ces deux groupes.
Tous ne sont également pas poursuivi pour des faits équivalents en termes de gravité. Ainsi, Me Verilhac précise qu'un de ses clients est poursuivi pour intrusion sur la pelouse, un autre pour avoir jeté une bouteille d'eau sur les CRS ou encore un troisième pour détention de fumigènes. Il tient également à dédiaboliser ses clients dont il tient à préciser que "ce n'est pas une horde sauvage qui a planifié son coup". D'ailleurs, selon l'avocat, les faits les plus graves ont eu lieu à l'extérieur du stade, là où aucune personne n'a été arrêté selon lui...
Dans cette affaire, si la métropole de St-Etienne, la LFP et l'ASSE se sont constituées parties civiles, il se pourrait toutefois que le président du tribunal cherche à comprendre les relations qu'entretient le club stéphanois avec ses groupes de supporters. Pour rappel, les Green Angels 92, dont certains membres auraient participé à l'envahissement de la pelouse, avaient été replacé par le club en tribune Henri Point afin de contourner la fermeture du kop Sud qui les accueille habituellement. De là à engager la responsabilité de l'ASSE dans ces incidents... ?
Difficile de répondre à une telle question. Ce qui est certain, c'est que la position ambiguë du club vis-à-vis de ses supporters interpelle depuis de nombreuses saisons. Le Progrès revient sur ces rapports avec les supporters en épinglant une ASSE "tantôt leur reprochant leurs excès, tantôt cédant à leurs caprices pour s’éviter leur courroux."
Pour rappel, ces débordements avaient fait 41 blessés légers et causé environ 500.000 euros de dégâts. Suffisant pour que les débats durent toutes la journée. Une chose est certaine, la justice semble bien décidée à faire de cette affaire un exemple afin d'envoyer un signal fort.