Depuis le 3 juin 2024, l'ASSE est passée sous pavillon canadien. Larry Tanenbaum, par l'intermédiaire de son groupe Kilmer Sports Ventures, a racheté le club aux 10 titres de Champion de France. Le milliardaire tant attendu a immédiatement donné les clefs à un homme qui a toute sa confiance, Ivan Gazidis. Le néo-président stéphanois a lancé les premiers jalons du développement sportif et économique en menant un mercato très commenté. Profitons de cette trêve internationale pour revenir sur les premiers mois de la nouvelle ère des Verts.
Des années compliquées
Pendant des années, l'ASSE a dû composer avec une situation économique particulièrement compliquée. Celle-ci était connue de tous. Chaque saison, les dirigeants stéphanois devaient avant tout prévoir comment résorber le déficit structurel. La différence entre les recettes et les dépenses ne parvenaient pas à atteindre l'équilibre. Comme la majorité des clubs français, les transferts ont longtemps été la variable d'ajustement économique. Un modèle qui a contraint les Verts à vendre ses meilleurs éléments. Parfois, avant même l'éclosion totale de certains jeunes joueurs. On pense naturellement à William Saliba, Wesley Fofana ou encore Lucas Gourna. Le destin de Mathis Amougou aurait probablement suivi celui de ses prédécesseurs sans une vente de l'ASSE. Difficile de développer le niveau de l'équipe dans ce contexte économique. Mais comment faire autrement lorsque les actionnaires ne peuvent/veulent remettre au pot ? Rééquilibrer les comptes ? La tentative a bien été menée sous Claude Puel. Un changement drastique et violent qui a conduit l'ASSE en Ligue 2.
Kilmer Sports débarque à l'ASSE
Après deux saisons dans l'antichambre de l'Élite du football français, les dirigeants stéphanois ont fait le pari de miser sur des joueurs expérimentés. Quitte à proposer des salaires conséquents pour la L2. Le retour en Ligue 1 a été considéré comme une priorité absolue. Il fallait convaincre. Force est de constater que le pari s'est avéré payant. S'il a fallu passer par les barrages, l'ASSE a bien retrouvé la Ligue 1, deux années après l'avoir tristement quitté.
Le 3 juin 2024, Ivan Gazidis débarque dans le Forez en compagnie de ses plus fidèles lieutenants, Huss Fahmy et Jaeson Rosenfeld. L'état des lieux est évidemment réalisé avant même d'avoir posé un pied dans la Loire. Plusieurs constats sont rapidement établis. L'ASSE dispose d'un effectif à faible valeur marchande. Peu d'actifs joueurs. L'ASSE compte une masse salariale conséquente pour un club promu. La priorité des nouveaux dirigeants s'oriente donc autour du mercato. Trois mois pour commencer à gommer les défaillances identifiées.
Si Larry Tanenbaum dispose de moyens conséquents, pas question d'alimenter une entreprise à perte. Il faut rééquilibrer les finances. Avoir des bases solides. À commencer par l'effectif professionnel. Si l'ASSE n'a pas hésité à dépenser plus de 20 millions d'euros cet été, elle a tenu à s'appliquer des limites économiques qu'elle a globalement tenues. À commencer par les salaires octroyés.
L'ASSE limite les salaires
Un constat que nous avons pu observer pour le recrutement de latéral gauche. L'ASSE a mené deux dossiers de front. Fodé Ballo-Touré était prêt à déposer ses valises dans le Forez. Le joueur du Milan AC consentait à faire des efforts salariaux importants. Pour autant, les dirigeants stéphanois ont tracé une ligne rouge. Ils ne dépasseraient pas 30.000 € par mois pour ce poste. Un écart jugé trop important par le milanais. Pierre Cornud, dans une situation compliquée en Israël, a finalement rejoint le Forez.
Outre redonner une valeur marchande à un effectif vieillissant, Huss Fahmy avait pour mission de renforcer l'équipe tout en veillant à un maintien d'une masse salariale déjà conséquente. La baisse des droits TV et la crise traversée par le football français n'ont que renforcé les nouveaux dirigeants dans leurs convictions. Les clubs vivent pour beaucoup au-dessus de leurs moyens. Huss Fahmy tente de sécuriser ses investissements en rédigeant des contrats où la part variable est très importante. Un salary-cap revisité.
Des idées qui comportent des risques et des inconvénients. L'ASSE devra batailler avec des jeunes joueurs inexpérimentés pour se maintenir en Ligue 1. Lors des prochains mercato, des solutions seront recherchées pour les joueurs qui disposent d'un salaire plus important (Monconduit, Briançon, Tardieu, ...). Les Verts pourront aussi se renforcer tout en gardant cette ligne directrice. Une ligne qui devra permettre aux Verts de grandir. Reste à voir si ce changement de braquet relativement brutal n'aura pas des conséquences sportives compliquées.