Pur produit du centre de formation, Aimen Moueffek peine à enchaîner les bonnes performances. Récemment réintégré dans le groupe professionnel après des blessures récurrentes, il a même commencé deux matchs ( Annecy, Caen), ce qui n’était plus arrivé depuis quasiment deux ans (janvier 2021). Il a même terminé la rencontre en tant que latéral droit, où ses qualités de percussion ont été mises en valeur. Cela peut même contribuer à se poser la question : à quel poste s’inscrit son avenir sous la tunique verte ?
Un diamant brut à peaufiner
Il avait été lancé par Claude Puel en professionnel un 17 septembre 2020, soir de victoire 2-0 au Vélodrome où il avait suppléé Mathieu Debuchy, blessé. Sa titularisation était une récompense pour tout le personnel du centre de formation. Parmi eux, Razik Nedder et Julien Sablé le voyaient comme un joueur aux « qualités uniques », un profil rare mais qui malheureusement n’a pas eu une progression linéaire.
En effet, les blessures récurrentes l’ont empêché de continuer sur sa lancée. Déjà l’année dernière, le coach de la réserve R. Nedder espérait « que les blessures seront derrière lui pour qu'il puisse enfin jouer tranquillement ». Un an après seulement il vient d’enchaîner deux titularisations.
Au-delà des blessures, ses performances n’ont pas toujours été régulières. Obligé de performer pour sauver une situation sportive préoccupante, alors qu’il n’était pas prêt physiquement, il a déçu la saison dernière. Cette année, Laurent Batlles a été patient avec son protégé, en l’intégrant petit à petit dans le onze.
Il a en effet besoin d’être en pleine possession de ses moyens physiques pour atteindre un niveau de performance auquel ses qualités doivent le conduire. Son jeu est porté sur la prise de risque et il s'avère être un joueur relativement peu expérimenté au niveau professionnel, avec seulement 1700 minutes passées sur le pré, ce qui représente presque 19 matchs. Malgré tout, sur des actions, on observe des fulgurances, où il semble être le seul profil de l’effectif à pouvoir casser des lignes balle au pied, avec des allures de « Dragster » inarrêtable.
Un « couteau suisse » solutionnant les maux de l’ASSE ?
Au regard de ses deux derniers matchs, et de sa progression au sein de ceux-ci, Aimen Moueffek va pouvoir postuler à une place de titulaire régulier pour la suite de la saison. Au-delà de ses qualités indéniables, il a l’avantage de pouvoir occuper plusieurs postes. En témoigne ses cinq premiers matchs avec les pros, où il avait été positionné défenseur droit, puis la suite où il s’est installé en tant que milieu de terrain.
La polyvalence peut aussi troubler la progression de jeunes joueurs, jamais installés au même poste, devant colmater les brèches d’une équipe en perdition. Cela peut faire penser au cas de Moueffek. Tantôt installé en tant que défenseur droit, il avait ensuite joué milieu, puis il avait occupé le poste de piston sous les ordres de Claude Puel.
La meilleure solution n’est pas connue, mais il est vrai que dans un milieu à trois, ses fulgurances pourraient faire de lui, le pendant à droite de V. Lobry. En effet l’ancien Palois fait montre d’une grande abnégation lors de ses matchs en amenant le danger par ses prises de risque et sa conduite de balle chaloupée.
Toutefois, lors du dernier match contre Caen il a remplacé un A. Bakayoko en difficulté, et à l’avenir Batlles pourrait compter sur lui dans un système avec une défense à 3 ou à 4.
Potentiellement Moueffek peut jouer dans un poste hybride, dans un système changeant selon si l’équipe possède ou non le ballon. Plutôt rapide, disposant d’une bonne qualité de percussion, il semble que ses qualités soient adéquates avec celles d’un latéral moderne, c’est-à-dire un latéral porté sur le jeu offensif. Seul hic, l’arrivée de Dennis Appiah pourrait le barrer sur le flanc droit.
En revanche, L. Batlles n’a pas clairement affirmé cela en conférence de presse car il a appuyé sur la polyvalence de l’ex-Nantais. En effet, ce dernier peut aussi jouer dans une défense à 3 en tant que défenseur central droit.
Un piston box-to-box ?
Dans l’éventualité où Appiah pourrait jouer défenseur central droit dans une défense à 3, on pourrait imaginer un rôle hybride attribué à Moueffek. En possession du ballon, il aurait la place d’un piston droit dans un 3-5-2. Tandis que quand l’équipe perdra la balle, il passerait milieu droit dans un 4-4-2, quand Appiah prendrait le couloir en tant que latéral.
Les qualités défensives de Moueffek permettront peut-être d’amener un peu de pérennité défensive à l’ASSE, à l’heure où les Verts siègent à la dernière place des défenses de Ligue 2 avec 31 buts encaissés.
Cette polyvalence peut être la solution dans une animation défensive bien pâle où ni Palencia, ni Maçon, ni Namri ont su saisir leurs chances. A Moueffek de démontrer que ses qualités peuvent être mises au service du collectif, non plus par des séquences mais par une dynamique vertueuse qui doit être enclenchée dès la prochaine journée à Geoffroy Guichard face à Laval pour la 18ème journée de Ligue 2.
Article rédigé par Lino Viale