31 mai 1970 - La Manita de l’ASSE en finale de la coupe de France
Entre Saint-Etienne et Nantes, les deux équipes phares des années 1960, la rencontre promettait d’être intense, indécise. Il n’en a rien été, les Stéphanois ont infligé aux Nantais la pire défaite de l’histoire des finales de la coupe de France (5-0).
LA FETE DU FOOTBALL FRANCAIS
La finale de la coupe de France entre l’ASSE et le FC Nantes, (les deux seules équipes à avoir remporté le championnat de France depuis 1964) représente le sommet tant attendu du football français programmé à Colombes, au stade Yves du Manoir. En effet, Marseille et Bordeaux, les finalistes de l’édition précédente ayant quitté assez vite la compétition, les Nantais et les Stéphanois, les rescapés, sont devenus les favoris logiques à partir des demi-finales.
Cependant, les deux équipes ont tout de même à se faire pardonner leurs piètres prestations au tour précédent. Les Nantais ont éliminés Valenciennes, lanterne rouge du championnat, certes en gagnant le match aller dans le Nord mais en concédant le nul à Marcel Saupin sous les huées de son public en colère. Saint-Etienne se débarrasse de la même manière de Rennes (1-0, en Bretagne but de Salif Keita et 1-1 à Geoffroy-Guichard, but de Jean-Michel Larqué) et doit supporter les quolibets de son propre stade qui n’hésite pas à entonner des… Allez Rennes en toute fin de partie.
Néanmoins, l’ASSE qui vient de conquérir son 4e titre consécutif à trois journées de la fin du championnat grâce à une victoire à Valenciennes (3-0) a l’occasion de remporter son deuxième doublé en trois ans. On ne donne donc guère de chances au Canaris qui viennent de s’incliner à Nîmes (4-2) même si beaucoup d’entre eux avaient déjà les esprits tournés vers Paris.
Les quarante mille spectateurs assistent à des débats équilibrés en ce début de rencontre où aucune équipe ne tient à prendre des risques jusqu’à cette 26e minute. Patrick Parizon, esseulé au second poteau, converti un centre de Georges Bereta qui a transpercé toute la défense. A la 39e minute, les Nantais gâchent une balle d’égalisation et sur la contre-attaque, Bereta double la mise en reprenant son premier tir sur le poteau consécutif à une belle ouverture de Keita. C’est un sérieux coup au moral pour les hommes de José Arribas qui aurait pu revenir à 1-1 et qui se retrouvent menés 2-0.
La seconde période devient un véritable calvaire pour les adversaires des Stéphanois qui ont rapidement abdiqué toute ambition. A la 51e minute, Robert Herbin trompe le pauvre gardien Fouché d’une tête lobé qui va se figer dans la lucarne opposée à la suite d’un centre de Bereta dans tous les bons coups avec son pied gauche magique. Et ce n’est pas fini, à la 74e et à la 87e minute, profitant de deux nouvelles passes décisives de Keita, Hervé Revelli augmente l’addition qui a pris des allures de déroutes pour devenir avec ce 5-0 la plus grosses raclée de l’histoire de la finale de la Coupe de France. Accessoirement, l’ASSE remporte son deuxième doublé, performance jamais réalisée jusqu’alors et si on peut rétorquer qu’elle n’avait pas de rivaux à sa hauteur, le mot de fin revient au capitaine Herbin qui indique fort justement « Ce qui est bien fait apparaît toujours facile à faire ».
LA MEILLEURE EQUIPE DE L’AS SAINT-ETIENNE DE TOUS LES TEMPS ?
Il est difficile de ressortir un joueur stéphanois dans une rencontre qu’ils ont outrageusement dominé. Tout au plus peut-on souligner l’excellente performance de Jean-Michel Larqué qui n’a perdu que deux ballons dans tout le match. Il a ainsi pu prendre sa revanche sur ces même Nantais contre lesquels il avait subi une sévère correction (0-5) pour sa première apparition chez les professionnels en 1966. La petite histoire révélera qu’il avait eu le trac avant cette finale tout comme Bernard Bosquier avec lequel il a pris son petit-déjeuner aux aurores le jour du match et qu’il ne s’est véritablement décontracté qu’à partir du troisième but.
En plus des buteurs qui ont été à la conclusion des actions foréziennes, comment ne pas mettre en avant Salif Keita, le diamant noir qui avec ses trois passes décisives a contribué à alourdir le score.
N’oublions pas également Aimé Jacquet, qui dans son rôle de milieu défensif, s’est évertué à stopper toute velléité offensive dans l’entre jeu adverse. D’ailleurs, on peut considérer ce match comme son apothéose en tant que joueur.
Victime, d’une rupture du tendon d’Achille peu de temps après, il ne retrouvera jamais son niveau d’antan et son absence se fera cruellement sentir lors des deux saisons suivantes. Une des curiosités de ce match est l’affrontement entre Jacquet et un certain Roger Lemerre même s’ils n’occupaient pas le même poste sur le terrain quand on sait que le second a succédé au premier à la tête de l’équipe de France.
La seule fausse note de cette partie est toutefois la mise à l’écart de Roland Mitoraj qu’Albert Batteux aurait pu faire rentrer pour qu’il participe à la fête. Le défenseur central, victime également d’une grave blessure qui l’a tenu éloigné des terrains plus de seize mois, avait perdu sa place de titulaire au profit de la paire Bosquier-Herbin en cours de saison et il avait semblé accepter dignement cette décision.
Une dernière anecdote pour terminer. Outre le fait qu’à la suite de cette démonstration, les Stéphanois ont été invités par le Président de la République, Georges Pompidou, à assister à une réception à l’Elysée le 24 juin (les premiers footballeurs à connaître cet honneur), il convient de relater l’altercation suivante :
Pendant que les Verts récupèrent leur car pour rejoindre leurs lieux de festivités en cette fin de journée du 31 mai 1970 (en l’occurrence le Lido à Paris), Rocher Roger est apostrophé par le Président de l’Olympique de Marseille, Marcel Leclerc, qui ose affirmer qu’il n’a pas assisté à une très belle finale et qu’il lui donne rendez-vous à l’année prochaine. Rocher a alors une répartie qui deviendra célèbre « Cela fait trois ans que vous me donnez rendez-vous et à chaque fois, je ne vous vois que dans mon rétroviseur… »
L’équipe de la finale mythique de 1970 : Carnus – Durkovic, Herbin Bosquier, Polny – Jacquet, Parizon, Larqué- Bereta, Keita, H. Revelli
Entraîneur : Albert Batteux
Revivez cette fameuse finale de la coupe de France 1970 avec notre partenaire ASSEMemories et les commentaires d’un certain… Michel Drucker :
Albert Pilia